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Sur les sentiers du monde

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Posté dans Sur les sentiers du monde   - Lun 14 Oct 2013 - 14:11

Domaine des Gotruscos – Bureau d’études – Elior à douze ans – 17 heures.

« Non, tu ne comprends donc rien ! Recommence, on restera ici toute la nuit si il le faut ! »

Tonna Hector Gotruscos frappant du poing sur l’immense bureau qui trônait au centre de la pièce jetant un regard noir de colère à son fils. Assit le dos droit les coudes nonchalamment posés sur le bureau, Elior soupira de dépit, les yeux gonflés de fatigue, la main douloureuse à force d’écrire. Si être le seul hériter mâle d’une respectable famille de marchands avait beaucoup d’avantages et offrait un nombre incalculable de passe-droits et autres privilèges, le revers de la médaille lui était salé. On passait parfois des heures à travailler avec pour seul compagnie un patriarche visiblement de fumeuse humeur sur un sujet à mille lieues des préoccupations d’un enfant de onze ans.

Et le cours de droit commercial était une épreuve aussi périlleuse qu’une ballade au-delà de l’océan sans fin pour le jeune garçon qui avait mal aux fesses à force de rester assit depuis toutes ces interminables heures. Il espérait une intervention miracle de sa mère ou une obligation de son père pour enfin quitter cet office et aller jouer dehors ou rejoindra sa sœur dont il se languissait.

Il faisait très, trop chaud dans la pièce capiteuse enfumé par les relents d’une matière grise chauffée à blanc et le pauvre Elior reprit son exercice grattant maladroitement sur la feuille en silence tandis que son père debout derrière lui scrutait ce qu’il écrivait.

Perdu dans ses pensées, ses grands yeux fixés sur un insecte rampants le long d’une poutre, il n’entendait même plus les conseils prodigués par Hector qui faisait les cents pas derrière lui son attention entièrement captivée par les mouvements de l’insecte dans la pénombre d’un coin de la pièce.

« Elior, tu es avec moi ? »

Tiré de ses pensées, il reposa son attention sur la feuille presque blanche, symbole d’une torture qui allait encore duré un sacré bout de temps.

« Oui père, excusez-moi »

Conclut-t ‘il un peu découragé. Reprenant le crayon en main. Il posa la mine de Carbonne sur une nouvelle ligne.  Le silence glacial de la pièce se brisa à mesure que de belles lettres rondes se dessinaient sur la feuille. Une question lui traversa l’esprit et il ne put s’empêcher de l’énoncer à haute voix.

« Père, pourquoi, est-ce nous ne voyons jamais mon oncle Viktor ? »

La question souffla comme un vent glacial et une ride de malaise se peignit sur le visage du chef des Gotruscos. Elior se posait souvent la question et pourtant il connaissait une partie de la réponse. Le déchirement de sa famille, le don de cousin comme réparation. Toutes ces histoires ils les connaissaient à travers son prisme d’enfant.

« Occupe-toi de tes leçons, tu es trop petit pour comprendre. »

«  Mais… »

« Tais-toi ! Bon à rien ! »


Il lui posa les deux mains sur les épaules et serra pour accentuer le poids de ses paroles. Elior prit peur et ne répondit pas sentant qu’il ne pourrait rien y gagner.

La leçon continua jusque tard sous les sarcasmes d’Hector décidément de bien mauvaise humeur. Le blondinet passa une soirée détestable et quand il fut envoyé au lit sans dîner il était révolté. Blessé dans sa petite estime d’enfant. Elior était vraiment frustré et ne parvint pas à trouver le sommeil. Il eut alors une pulsion, une de celles à la quelle on ne peut résister.

Si on ne voulait pas de lui alors il n’avait aucune raison de rester ! Et ça serait bien fait pour tout le monde.

Trois heures après.

Baluchon sur le dos une ombre blonde avait esquivé les valets et autres domestiques du domaine et avait fui la fief des Gotruscos. Le cœur lourd,  bien décidé à partir et à ne jamais revenir. Son cœur aspirait à des aventures inoubliables que même les affres du temps ne pourraient altérer et ça serait bien fait pour son père ! Du courage à revendre il crapahuta trois heures dans Vuulte à la recherche d’un but, d’une finalité à sa fuite, puisqu’il fallait bien l’avouer il ne savait pas du tout où il se rendait. Dans cet accès de fougue il s’était un peu emballé. Très remonté il n'avait pas mesuré la portée de son geste.

Ses pas l’avait conduit dans le quartier des plaisirs. A douze ans n’est ont pas attiré par l’interdit ? Interdit car les Gotruscos avait fermement défendu à quiconque assimilé à la famille de fréquenter ces lieux de déchéance. Sous les regards curieux et les propositions des filles de joies, déambulant aux  travers des déshérités sous les rayons blafards des néons crépitant arrivant à peine à dissimuler la crasse le petit blond richement vêtu sonnait comme une fausse note sur un piano trop bien accordé.  

Il était à présent tard. Le vent se levait rafraîchissant grandement l'air Résolument fatigué et commençant à regretter sa fuite,  le blondinet poussa la porte du premier tripot qu’il trouva et sans aucune gêne ou honte, il alla s’asseoir au bar attendant qu’on veuille bien prendre sa commande. Perché sur le haut tabouret de bois pourri, ses pieds ne touchaient même pas le sol. Il posa son baluchon sur le bar et se réchauffa les mains en soufflant dessus pensant à sa sotte de soeur qui n'était jamais là quand il avait besoin d'elle.
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Posté dans Re: Sur les sentiers du monde   - Mar 15 Oct 2013 - 14:47

C'était il y a un an.

L’ÉTENDUE LIBRE. Un nom qui faisait davantage rêver que la chose qu'il qualifiait. Plutôt l’Épave Rouillée, songeait Lorren Striker en découvrant le module de transport clandestin dans lequel il allait monter. Il ne savait pas de quelle année il datait, sûrement une époque où les mots "étendue" et "libre" faisaient penser à un voyage épique comme dans les livres d'aventures. Ce n'était plus le cas aujourd'hui. Lorren coinça son sac de toile sous son "siège" en se demandant pourquoi il avait accepté ce boulot.
« Pourquoi moi ? » avait-il grimacé alors que Renant lui avait glissé la somme d'argent nécessaire pour se payer discrètement un vol sur L'Étendue Libre.
Le rouquin qu'il avait toujours envie de baffer jeta un regard entendu aux hommes autour de lui. Vrem et sa tête de tueur échappé d'un asile, Joe la Frime et ses dents jaunes en moins, Berthy Qu’un-Œil et son... œil en moins. Striker et son air innocent.
« J'ai jamais pris de module. » Il n'était même jamais sorti de Sant Poseïnos avant cela, mais il n'osait pas le dire devant les autres. « J'connais pas la ville et j'connais pas ces gars. Ça m'plaît pas. »
« Si t'as peur d'être malade dis-le tout de suite. On enverra Rose », se moqua Renant.
Lorren se retint de lui dire que Rose connaissait sûrement plus de choses du monde extérieur que lui, avec tous les clients exotiques qu'elle ramenait dans son lit. Mais Rose était assise dans un coin de la pièce et il ne voulait pas se montrer impoli devant elle (même si elle s'en fichait probablement). Il tira la tronche jusqu'à ce que Renant lui fasse miroiter la récompense.

L'argent. Évidemment. Rien d'autre n'aurait pu pousser Lorren Striker à monter dans un coucou pareil, où des dizaines de Vrem étaient collés les uns aux autres, où on partageait son repas comme sa sueur et où les jours sonnaient comme un sinistre compte à rebours. Lorren, lui, avait cessé de compter les heures. Elles passaient toutes de la même manière. Ils ne parlaient pas. Mangeaient peu. Dormaient... s'ils le pouvaient. Autant vous dire qu'il se payait des cernes qui auraient pu rivaliser avec la tronche de déterré de Vrem. L'Étendue Libre était une horrible bombe à retardement. Rien à voir avec un voilier solaire. Mais vraiment rien. Lorren s'accrochait à son semblant de siège en comptant les soubresauts du module, battements de cœur essoufflés d'un vieux truc sur le point de clamser. Pense pas à ça. Son autre souci était la partie "clandestine" de l'affaire, évidemment. À chaque arrêt, il s'attendait à voir débarquer une douzaine de gardes armés hurlant « Milice, on ne bouge plus ! Vos papiers, et que ça saute ! » et son estomac, déjà bien mal en point, se recroquevillait davantage sur lui-même. Et si on lui demandait les raisons de son voyage ? Pense pas à ça ! Il ravala un juron en même temps que la boule qui remontait dans sa gorge et menaçait de l'étrangler de peur... ou de rendre son maigre repas. C'était plus une bouillie qu'autre chose, sûrement qu'elle avait la même consistance à l'aller qu'au retour. Je vais me sentir mal. Erreur. Il l'était déjà depuis longtemps, et cette seule pensée ne suffit qu'à lui faire réaliser toute l'ampleur de la situation. Il se força à lâcher une main, décrispant des phalanges blanchies par l'effort, pour s'accrocher sur le côté, se retourner à demi, poser sa tête contre la carlingue de métal vibrant mais rafraîchissant, et fermer les yeux dans l'espoir de faire passer le mal de crâne. Deuxième erreur ; ses autres sens s'en retrouvaient décuplés, et l'odeur d'eralium de mauvaise qualité, de sueur et de peur mêlées lui fut bientôt insupportable.

Heureusement, le calvaire touchait à sa fin.

« Vama merci ! » éructa Lorren en s'extirpant du module pour aspirer une grande goulée d'air... pas très frais. Mais toujours plus revigorant que les effluves de la carcasse rouillée.

Il fit quelques pas tremblants à l'extérieur et retrouva progressivement son assurance alors qu'il s'éloignait du lieu d'atterrissage. Un coin glauque aux abords de la ville. Il leva les yeux sur la cité qui s'illuminait avec la tombée de la nuit. Vuulte, hein ? L'odeur d'eralium ne semblait pas vouloir s'enfuir. Le sol s'enfonça sous sa botte jusqu'à ce qu'il atteigne un passage plus élevé et taillé pour la marche à pied ; il constata bien vite que les modules de transport aériens étaient plus répandus ici qu'à Sant Poseïnos. La ville était grande, moderne, différente. Il avait du mal à se repérer entre tous ces ponts et ses passerelles, et il se perdait volontiers dans la contemplation des hautes bâtisses aux fenêtres colorées. Ce faisant, il sortit un petit billet de sa poche pour chercher l'endroit où devait se tenir son rendez-vous. Il avait plusieurs heures devant lui, mais rien n'empêchait qu'il repère les lieux avant tout. Ne pas connaître les environs d'un rendez-vous louche avec des types peu fréquentables avait tendance à exacerber la méfiance de Striker. On n'était jamais trop prudents… Il arrêta une ou deux personnes pour trouver sa route et s'enfonça dans un quartier mal famé de a ville, le pas lent, prudent, et le nez en l'air pour identifier les noms des rues et des bâtiments.

« T'es perdu mon grand ? »

Il faillit rentrer dans une fille... ou un garçon. Difficile à dire. Bref, une personne qui allait probablement lui faire une proposition douteuse, dont Lorren se servit pour demander plus de renseignements :

« Ouais, dis-moi : le Rieur Borzinet, c'par où ? »
« Oh, tu f'rais mieux d'éviter ce coin-là. Je s'rai toi, je... »
« J'sais très bien où j'devrais aller »
, sourit Lorren, amusé « mais merci quand même. »

Il n'avait pas envie de perdre du temps et il préférait trouver une auberge. Il avait assez d'argent sur lui et ce voyage l'avait vidé. Il avait vraiment besoin de se reposer et de se changer les idées avant de rencontrer les contacts de Renant, un bon lit ne serait pas de ref... oh, un bordel.
Ahem.
Lorren tâta sa veste pour trouver la poche où il avait mis l'argent (le sien et celui dont il avait besoin pour le voyage du retour), celle qu'il aurait besoin de surveiller de près. Parce que les méthodes des voleurs à la tire, il les connaissait. C'était un pro. Et le coin avait l'air tout à fait charmant pour se faire dérober son argent entre deux distractions... Il y aurait sûrement des mains baladeuses partout, sans mauvais jeux de mots. Lorren sourit, ravi. C'est qu'il aimait vivre dangereusement, le petit.

Il se dirigea vers le bar en entrant, parce qu'avant toute chose, il avait bien besoin de se remettre de ses émotions. Il allait héler le tavernier, quand il remarqua un tout jeune client perché sur un tabouret, là dans le coin. Mais vraiment jeune. Du genre, ça aurait été son frère, il aurait pris la rouste de sa vie. Lorren changea de direction et prit le tabouret voisin, intrigué. Sa maman travaillait dans le coin ? Non, pas vu les vêtements qu'il portait. Il voulait se faire égorger, le p'tit ? Un sourire amusé passa sur les traits du jeune homme, mais intérieurement, il s'inquiéta un peu. Il fallait vraiment être naïf pour faire une chose pareille.

« T'es perdu mon grand ? »

Inconsciemment peut-être, il répéta les mots qu'il avait entendu plus tôt. Pas dans une bête tentative d'approche, mais parce que c'était la seule explication possible.
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Posté dans Re: Sur les sentiers du monde   - Mer 16 Oct 2013 - 15:42

Le tavernier rougeaud  aux cheveux gras était occupé à philosopher sur le Gouverneur de Maatros en des termes d’ailleurs bien peu élogieux  et ne daigna pas s’intéresser au jeune Elior tapotant de l’index sur le comptoir collant. Il échappait au moins à l’haleine aviné de l’homme.

L’héritier soupira trouvait le temps long. Il était affamé et assoiffé. A la maison, il n’avait qu’à claquer  des doigts pour qu’un domestique accourt plus vite que l’éclair pour s’enquérir de ses besoins. Privé de dîner par son illustre père le blondinet n’avait rien mangé depuis le goûter réglementaire de 16 heures 30 et  mourrait de faim. Son ventre ne se privait pas de le faire bruyamment savoir d’ailleurs  

Il n’avait pas noté l’arrivée d’un grand brun sur le tabouret voisin du sien et il ne tourna sa bouille angélique pleine de tâches de rousseurs que lorsque celui l’apostropha. Son interlocuteur avait une bonne tête, une tête qui inspirait confiance de prime abord. En règle générale Elior n’adressait pas la parole aux inconnus. Ses précepteurs, gardiens et autres nourrices voyaient ça du plus mauvais œil. Ici il n’y avait personne pour le surveiller et dans son état de rébellion actuel, il ne fut que trop heureux de pouvoir désobéir.

«  Je ne suis pas votre grand, Monsieur. »

Minauda il en le regardant avec une moue adorable, mi-souriante mi- embêtée pas cette familiarité. Il n’était le « grand » de personne ! Il avait fui de chez lui, était devenu indépendant, avait mûri.  En route pour une nouvelle vie, il ne voulait plus répondre de personne.

«  Non, je ne suis pas perdu ! Je suis  un fugitif. »

Dit-il fièrement face à cet inconnu à priori bien intentionné. Il fallait toujours une donner une bonne impression de soi la première fois, c’était Venycia qui lui avait dit – alors c’était forcément vrai -  Elior le détailla, l’homme semblait fatigué.

«  Et vous, vous êtes perdu ? »

Regard rapide vers le tavernier toujours affairé avec deux gros balourds de l’autre côté du bar.

« Vous êtes un pirate ? »  

Raccourci facile, après tout vu les vêtements de l’homme et ses manières il ne pouvait de toute évidence pas être un bourgeois et à hanter ces lieux il était fort probable qu’il fusse un pirate. Si c’était le cas il parviendrait peut être à la convaincre de l’engager à bord de son vaisseau. Il n’aspirait qu’à cela.

Le danger ? L’héritier n’en avait tout simplement pas conscience. Oiseau sans ailes, évadé de sa cage, ses grands yeux bleus n’avaient jamais connu le danger ni même cette odeur acide si particulière de peur qui parfois vous étreint.  La notion même de danger était claustrée. De quoi peut-on avoir peur dans le couffin réconfortant de l’or et du marbre ? Non Elior ne se sentait pas en danger. Il sortit d’ailleurs machinalement une montre à gousset argentée de la poche intérieure de sa belle veste couleur émeraude pour regarder l’heure.
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Posté dans Re: Sur les sentiers du monde   - Jeu 17 Oct 2013 - 13:45

Si ce garçon avait été son frère, Lorren l'aurait traîné hors de ce tripot en le tirant par l'oreille et en couvrant ses jérémiades par une bonne vieille engueulade. Mais ce n'était pas le cas, et le culot du gamin réveillait plutôt son instinct d'aîné irresponsable et amusé. Lorren Striker aurait adoré avoir un cadet à rabrouer et à emmener dans toutes sortes de bêtises à la fois. Chose qu'il n'avait jamais osé faire avec ses sœurs, bien sûr.
Voir un garçon aussi jeune et aussi bien habillé l'intriguait, et sa réponse confirma ses doutes :

« Je ne suis pas votre grand, Monsieur. »

Trop poli. Pourtant, il y avait plus d'amusement que d'inquiétude dans le regard de Striker. Surtout quand il affirma être un fugitif. La remarque lui arracha un rire, non pas moqueur, juste amusé. Il semblait tellement décidé, et tellement fier aussi ! Inutile de dire qu'il n'était absolument pas crédible, même si Striker était bien placé pour savoir qu'il ne fallait pas juger un livre à sa couverture.
Il n'empêchait que la réplique sonnait comme un jeu. Il s'y prit volontiers :

« Un fugitif, hein ? Qu'est-ce que tu fuis ? »

Elior avait raison, il fallait toujours faire bonne impression. Se montrer courageux quand on ne l'était pas, voilà qui pouvait impressionner un interlocuteur ou déstabiliser un ennemi ! Mais Lorren ignorait qu'il ne s'agissait pas vraiment d'une façade. Il le scruta quelques instants, détaillant machinalement ses vêtements, sa tenue, son allure propre et bien mise, comme il l'aurait fait pour évaluer une cible potentielle. Enfant ou pas, il ne pouvait pas ignorer qu'il scintillait plus que les lanternes de l'Adieu aux Marins dans cette taverne, pas vrai ? Le jeune homme était d'ailleurs étonné que personne d'autre que lui ne l'ait abordé. À chaque fois qu'il regardait derrière lui, il imaginait des petits regards vicieux plantés sur eux. Dans une ville où il était étranger, cela le mettait rudement mal à l'aise. Il n'avait pas envie de se laisser embarquer dans une embrouille parce qu'il était assis au mauvais endroit, au mauvais moment.
Il médita un instant la question de son jeune interlocuteur, avant de se décider pour une réponse plutôt honnête :

« Disons que je viens d'arriver dans le coin. »

Il avait parlé à voix basse, peu désireux de se faire entendre du reste de la maison. Une serveuse passa avec un plateau bourré de petits verres vides, sous les rires de clients qui jouaient aux cartes pour de l'argent, mais Lorren ne fit pas un geste pour l'arrêter. De son côté, le tavernier semblait occupé à bavasser avec d'autres, et le jeune homme songea que ce n'était peut-être pas plus mal que l'on ne s'intéresse pas de trop près à eux. Combien de temps cela durerait-il ?

« Vous êtes un pirate ? » questionna le gamin, coupant court à ses pensées.

La question était posée avec une telle simplicité, une telle innocence, que Lorren ne put retenir un sourire espiègle. Il abandonna l'observation qu'il menait sur les clients pour se pencher vers son interlocuteur avec un air complice :

« Je vois qu'on ne peut rien te cacher m... p'tit gars ! »

Quelque chose lui disait que l'appeler "petit" ne l'enchanterait guère, mais c'était toujours mieux que "mon gars" ou "mon pote". En un sens, il lui rappelait le gosse qu'il était. Trop impatient de grandir. La comparaison le fit davantage sourire, et il décida de reproduire ce qu'il aurait rêvé vivre à dix ou douze ans.

« Mais garde ta langue s'tu veux pas la perdre, je suis ici incognito. Tu peux garder un secret ? »

Il mit la main dans la poche intérieure de sa veste, là où se trouvait le petit billet avec l'adresse de son rendez-vous. Rien ne l'empêchait de baratiner le gamin et de lui en mettre plein les yeux avec une prétendue mission secrète que lui aurait confiée son capitaine ! Cela lui permettrait peut-être d'obtenir quelques informations sur la ville. Si ce gosse de riche détonnait complètement dans un endroit pareil, rien ne disait qu'il n'ait pas connaissance de lieux plus intéressants et... L'éclat de l'argent coupa net toute pensée rationnelle.
À QUOI IL JOUAIT ? Lorren se jeta dessus comme il l'aurait fait dans la rue, lui arrachant presque la montre des mains :

« Ranges moi ça, tu veux te faire égorger ? »

Il regarda autour d'eux. Il ne pouvait pas être le seul à l'avoir vu. Impossible. Et pourtant... pourtant chacun des clients semblait occupé à ses petites affaires. Lorren frissonna. Ce n'était pas normal. Il hésita un instant, puis fourra la montre dans les mains du garçon :

« Descends ton baluchon et prends ma veste, idiot. »

Il descendit du tabouret en retenant sa précipitation, quoique ce fut difficile, et enleva sa veste pour appuyer ses propos. Ce n'était peut-être que les souvenirs du voyage et la nouveauté qui le stressaient, mais il avait un mauvais pressentiment, et il ne voulait pas rester ici.
Mais il ne pouvait pas laisser ce gamin seul.
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Posté dans Re: Sur les sentiers du monde   - Sam 19 Oct 2013 - 12:19

Que fuyait-il ? Un père tyrannique, une éducation rigoriste et ascétique mais aussi une vie facile et agréable et heureuse. La question lui vrilla le cerveau et il se demanda à un moment pourquoi il avait quitté le domaine aussi vite. Au vue de l’heure le dîner devrait bientôt être prêt ! Malheur il y avait de la Duchesse Carmine en dessert ce soir. Enfer et damnation !

L’inconnu même sympathique restait un inconnu et il n’allait pas se lancer dans une longue énumération de tous ses petits problèmes d’enfants pas vraiment à plaindre.

« Je fuis la tyrannie et l’infâme prison de l’existence. »


Cette belle phrase aux beaux mots, il l’avait lu dans un livre quelques jours plus tôt. Sans la comprendre elle lui avait plu.  Il offrit son plus beau sourire à l’inconnu dont il ignorait d’ailleurs le nom. C’était un pirate ! Il avait vu juste. Une lueur d’excitation perla dans ses prunelles céruléennes, Loren venait de gagner toute son attention. Il ne s’offusqua même pas du « ptit gars »  S’il pouvait garder un secret ! La question toute bête. Il couvrait les conneries de sa sœur depuis des années et n’avait jamais rien avoué même sous le supplice de la privation de dîner ou des coups de règles sur les doigts.

« Parole d’homme, vous sav… »

Il s’interrompit en un instant devant la réaction surprenante de l’homme qui emprisonna sa montre. Un flot d’émotions contradictoires défila en une seconde dans le cerveau du petit Gotruscos, il avait sursauté et poussé un petit cri aigu, s’était fabriqué un bouclier contre un hypothétique coup à l’aide de ses mains. Un éclair de terreur traversa le visage du blond alors qu’il cherchait du regard dans les yeux du pirate quelle avait été sa faute.  

Froncement de sourcils. La déception et l’inquiétude  l'envahissait au fur et à mesure que grandissait la distance le séparant désormais de Loren. Pour être honnête, il s'attendait à tout sauf à ce dénouement. Ce pirate qui l'avait surpris par son audace et son humanité voulait désormais prendre la fuite, tel un soldat se décourageant d'une guerre qu'il n'a même pas encore mené. Avait-il été blessé par quelques balles perdues, de ces vérités qu'on préfère éviter ?

"L’idiot" avait sonné comme un coup de fouet meurtrier et lui fit baisser la tête et ranger sa montre. Il n’avait à présent qu’une envie repartir en courant au Domaine et se jeter dans les bras de sa sœur. Il avait été bête en partant, vraiment très bête.

« Je, vous prie de m’excuser, Monsieur » Finit-il par articuler avec peine.

A peine le temps de se reprendre que voilà qu’il lui tendait sa veste et lui intimait l’ordre de partir. Il ne réfléchit pas et s’empara du vêtement non sans l’avoir attentivement examiné et il attrapa son baluchon, que pouvait-il faire d’autre. Le pirate était sûrement dangereux. Ou alors c’était un test ! Il y était.

Ce quidam était peut-être en train de tester sa force pour l’enrôlement sur son bâtiment, après tout pour être un pirate il fallait être fort, savoir faire parler les balles et danser l’épée dans toutes les situations.
Il sauta du tabouret et attendit, que voulait faire l’inconnu tout en passant la grande veste qui s’arrêta à ses genoux. Il ne se sentit pas à l’aise avec le vêtement trop lourd et trop grand, certainement élimé par une vie de cabosse.

-M’sieur, vous voulez allez où ?

Demanda t’il timidement. L'astre solaire avait fermé boutique depuis quelques heures déjà la nuit de Vuulte était dangereuse, sombre et polaire. Même si Elior voulait rentrer, il était en fin incapable de retrouver le chemin.

Une boule d'angoisse naquit dans sa gorge.
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Posté dans Re: Sur les sentiers du monde   - Lun 4 Nov 2013 - 7:32

Lorren aurait probablement du prendre ses affaires et changer d'établissement sans se soucier du jeune inconscient. Après tout, il n'avait pas signé pour du baby-sitting et il avait d'autres choses à faire, à peine arrivé ici, que de s'embarquer dans une nouvelle galère. Une autre l'attendait en bout de soirée, c'était déjà bien assez. Alors, pourquoi ?

« Je fuis la tyrannie et l’infâme prison de l’existence. »

C'était si joliment dit. Cela aurait fait forte impression dans la bouche d'un gosse mal nourri et vêtu de guenilles, tyrannisé par des adultes, forcé de travailler et de renoncer à son enfance trop tôt, maltraité, abusé... Pas dans celle-là. Lorren fronça les sourcils. Il lui semblait absurde, ridicule, qu'un garçon vraisemblablement bien loti prononce ces mots... et pourtant ils lui rappelaient quelqu'un. C'en étant gênant.
Il soupira.
Il se souvenait très bien du discours qu'il avait tenu à sa mère, quelques années plus tôt. Il lui semblait que des siècles s'étaient écoulés depuis, et pourtant sa situation n'avait pas changée depuis qu'il avait quitté la maison familiale. Il se débrouillait seul, certes, et il avait appris - contrairement au jeune homme ci-présent - à se fondre dans la masse. Mais sa vie n'avait rien à voir avec les aventures auxquelles il rêvait petit, auxquelles celui-là rêvait peut-être aussi.

S'il ignora ses excuses dans la précipitation, il prit tout de même le temps de se retourner pour lui expliquer ses intentions. Si ce gosse était bien comme il le pensait - comme lui - alors il devait être un peu perdu, et cela n'avait rien d'étonnant. Il méritait des explications.
Même si Lorren était toujours sidéré qu'il n'ait pas compris ce qui le mettait en danger ici.

« Tu t'es regardé ? »  dit-il en l'amenant un peu à l'écart des passants. Quel tact. Il ne savait pas comment le formuler et il se rendit compte qu'il n'avait pas envie de l'effrayer plus que nécessaire. Mais il devait comprendre. « Je ne sais pas si tu te rends bien compte du nombre de personnes dans cette taverne - ou cette rue - qui donneraient n'importe quoi pour te dépouiller de tout ce que tu as. Tu détonnes trop, tu comprends ? »

Il avait essayé d'adopter un ton patient, mais sa nervosité l'empêchait de rester parfaitement calme ; il ne pouvait s'empêcher de jeter des regards autour d'eux, craignant de se faire attaquer par le premier passant venu. Il regarda Elior. La veste de lui allait pas, elle était trop grande pour lui, mais au moins elle cachait ses vêtements. Il avait toujours l'air trop propre pour un garçon errant dans ce genre d'endroits, mais tant pis. Lui aussi, il avait un peu de mal à se fondre dans le paysage, parfois. Ce gamin avait une bouille trop adorable pour s'attirer des ennuis, même si dans les faits, cela n'avait rien à voir, Lorren pouvait témoigner... Il fallait qu'il sache qu'il pouvait se faire dépouiller à tout moment. D'ailleurs, le baratiner aurait été un bon moyen d'y arriver, mais l'idée le mettait mal à l'aise. Même après avoir commis l'irréparable, comme cela allait être le cas dans peu de temps, Lorren Striker ne s'était jamais attaqué à des enfants. Et en cet instant, celui-ci lui inspirait plus de compassion que de pensées malveillantes.

« Écoute, j'ai un truc... un truc à faire. Une mission d'mon cap'taine »  reprit-il avec un sourire complice. Peut-être réussirait-il à le faire sourire, assez pour qu'il ne panique pas complètement en réalisant la gravité de sa situation. « Vaudrait mieux que tu rentres chez toi. Tu es capable de retrouver ton chemin ? »

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Posté dans Re: Sur les sentiers du monde   -

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