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La colère qui aveugle l'un est l'espoir qui anime l'autre

Owney Lowfloor
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Posté dans La colère qui aveugle l'un est l'espoir qui anime l'autre   - Sam 13 Juin 2015 - 7:28

Les abords du lac de Vama grouillaient de monde. Au milieu de cette foule compacte de commerçants, de petites gens et de plus grandes, il passait presque pour quelqu'un de propre et de respectable. Bien que considérablement fatigué par le voyage depuis Vuulte, il avait trouvé le temps de soigner sa tenue - des bottines au cuir passé, un pantalon de soie rouge, une chemise de lin et un manteau rouge sur lequel étaient brodées quelques fleurs bleues. Jamais le chef de la famille O'Faolain ne recevrait un vulgaire mendiant en sa demeure, il en avait conscience.

Il ne savait pas exactement ce qui avait animé ces pas depuis Vuulte, et ce qui les animait encore. Un temps, il avait pensé à renoncer, à faire demi tour et à retourner profiter d'une vie de bourgeois des pauvres auprès des siens. Mais il ne pouvait pas décemment laisser une jeune femme mourir sans avoir la décence d'en avertir sa famille. Sans jamais ne s'être senti directement coupable de sa disparition - il avait plus la sensation d'avoir été au mauvais endroit au mauvais moment - il savait qu'il avait contribué à un acte horrible. L'appât du gain fait bien souvent perdre leurs têtes aux hommes de petites moeurs. Avertir la famille O'Faolain du complot en place à Vuulte était selon lui le seul moyen de renouer avec sa paix intérieure, aussi fragile soit-elle.

Après quelques mots échangés avec de jeunes femmes aux épaules dénudées, il obtint l'adresse de la demeure qu'il cherchait, quelques sourires, et la promesse - qui sait ? - d'une belle nuit à Sant Poseïnos s'il revenait vivant de sa confrontation avec monsieur O'Faolain. Quelques rues plus loin, il tomba nez à nez avec le but de son escapade. C'était un immeuble de taille modeste - bien qu'il lui parut ridiculement petit comparé aux tours vertigineuses de Vuulte - et les rayons du soleil, à son zénith, faisaient briller ses pâles parois. Alors qu'il s'apprêtait à pousser la porte, il pensa qu'il n'avait justement pensé à rien. Des jours et des jours qu'il marchait sans jamais ne s'être posé la question essentielle de savoir comment il allait présenter la chose au bourgeois qu'il allait rencontrer. Tant pis, il aviserait. Comme toujours.

A la domestique, il se présenta comme le fils d'une riche famille bourgeoise de Vuulte. Convaincant, il obtint rapidement une entrevue et, après avoir monté quelques marches, se retrouva dans un salon de grande taille, où dorures et moulages inondaient les parois. Bien que moins chargée, la décoration lui faisait penser à celle d'un bordel. Il s'en amusa jusqu'à ce que Blaine O'Faolain fit son entrée. Les politesses échangées, les deux hommes purent entamer leur conversation.

- "Quelle nouvelle de Vuulte m'amenez vous, mon cher monsieur ?", demanda Blaine en défigurant son interlocuteur.

- "J'ai bien peur qu'elle ne soit pas bonne, très cher monsieur O'Faolain", répondit Owney, qui se savait sondé de la tête aux pieds.

- "Et j'ai bien peur que vous n'ayez pas le temps de les énoncer, charlatan", balança le bourgeois en s'approchant de lui. "Me pensiez-vous vraiment si bête pour croire à votre mascarade ?! Des bottes crottées, un pantalon souillé et un manteau de mauvaise facture ne suffisent pas à créer un bourgeois ! Qui que vous soyez, quoi que vous me vouliez, tenter d'être un peu plus imaginatif la prochaine fois que vous essaierez de me berner", conclut-il sèchement avant d'appeler ses domestiques, qui se saisirent sans attendre d'Owney.

Se sentant traîné en dehors de la salle, et refusant d'avoir parcouru tout ce chemin pour échouer ici, Owney tenta de se défaire de l'emprise des domestiques et haussa le ton.

- "Je n'essaye pas de vous berner, mon bon monsieur. Mais de vous apporter des nouvelles de votre fille, Eireen. Sachez qu'elle est montée à bord d'une vivenef direction Korrul. Une vie de serf l'y attend, et ce que j'annonce, je le tiens de source sûre."

Il ignorait quelles seraient les conséquences d'un tel aveu et il venait sans doute de mettre sa vie en danger, mais, gagné par un sentiment étrange de satisfaction, il pensa qu'au moins, il mourrait en honnête homme.
Eanna O'Faolain
Bourgeois

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Posté dans Re: La colère qui aveugle l'un est l'espoir qui anime l'autre   - Sam 13 Juin 2015 - 8:31

Les échos des voix provenant du salon se faisaient entendre jusque dans la chambre d’Eanna. Qui avait bien pu mettre son père ainsi en colère ? La jeune femme savait qu’il ne lui en fallait pas beaucoup pour se sentir offensé, aussi décida-t-elle de descendre voir qui subissait l’ire de son père, et si les raisons en étaient réellement valables. Bien souvent, l’interlocuteur de Blaine n’avait rien à se reprocher, la faute revenant à l’orgueil des O’Faolain. Parfois, Eanna se demandait si elle avait elle aussi un tel orgueil – cela ne l’aurait pas étonné.
Elle se tenait en haut des escaliers, une main sur la rampe, lorsqu’elle vit l’homme qui, semblait-il, n’était pas assez bien habillé pour son père. Retenant un soupir à l’encontre de ce goût intempestif pour les apparences, Eanna se mit à descendre les marches rapidement. Elle fut cependant stoppée net, avec l’impression d’avoir reçu un coup en plein ventre. S’accrochant presque désespérément à la rampe, son autre main refermée contre sa poitrine, Eanna avait du mal à récupérer son souffle.

Si Eanna n’arrivait pas à réagir, son père lui, habitué à l’imprévu, cacha les sentiments qui traversaient et son esprit et son cœur. Un masque de dédain, voilà ce qu’était son visage. La colère lui fit serrer les poings. Comment réagir, les domestiques ne pouvaient pas ne pas avoir entendu. Était-ce seulement vrai ? Il n’arrivait pas à y croire. Sa fille, aller à Korrul ? Comment pouvait-elle. Comment osait-elle jeter ainsi une telle honte sur sa famille ? Et comment avait-elle fait, par quels moyens, grâce à quel argent ? En quelques instants, Blaine imagina différents scénarii, mais aucun ne lui convenait.
« Ma fille est à Gernie, auprès de membres de notre famille. » Puis, s’adressant à ses domestiques : « Mettez moi ça dehors. »
Puis, sans un regard vers lui, il alla s’enfermer dans son bureau. La porte fermée, le masque pu enfin tomber. L’homme tremblait tant sa rage était violente. Avait-il eu raison ? Par mesure de précaution, il allait devoir faire filer cet homme, en envoyer à Vuulte, avec la plus grande discrétion, afin de savoir si ce charlatan disait vrai. Si tel était le cas… Et bien, sa  fille serait belle et bien morte, et il devrait s’assurer que personne n’en entendrait jamais parler.

Eanna de son côté regardait les domestiques emmener sans précaution l’homme. Elle tendit la main vers lui, bouleversée, la bouche ouverte sur un cri qu’elle ne poussa qu’intérieurement. Un instant, elle crut avoir croisé le regard de l’homme mais déjà il était jeté comme un mal-propre. Que faire ? Eanna ne pouvait pas se précipiter à la porte, les domestiques préviendraient immédiatement son père. En panique, le cœur douloureux dans sa poitrine, elle attrapa le bas de sa robe et remonta en courant à l’étage supérieur. Allait-il déjà être parti ? Jamais Eanna n’avait osé se comporter ainsi, mais en cet instant précis, la jeune femme se moquait de ce que les gens pouvaient penser d’elle. Tout ce qui comptait c’est que cet homme savait peut-être où était sa sœur. Elle ouvrit une fenêtre donnant sur la rue et se pencha pour regarder. Comment lui faire comprendre de lever la tête ?
Eanna n’avait rien à porter de main. Pourtant, il fallait qu’il lève les yeux. Il le fallait… Alors, elle détacha l’un de ses bracelets et, sans plus réfléchir, le jeta sur l’homme. « Levez les yeux… Je vous en prie, levez les yeux… »

Vama devait être toute proche car l’homme leva les yeux vers elle. Pour une fois, Eanna ne scruta pas un visage, ne chercha pas à lire ce qu’il pouvait exprimer. Elle se contenta de plonger son regard dans celui de l’homme, de lui faire signe de la main de l’attendre, là-bas, un peu plus loin, à l’angle de la rue sur leur gauche. Avait-il compris ? Elle l’espérait de tout son cœur.
Sans attendre de voir sa réaction, chamboulée et le cœur plein d’espoir, elle alla dans le jardin de leur maison sans croiser son père, encore enfermé dans son bureau. Le cœur battant à tout va à cause de ce qu’elle allait oser faire, Eanna marchait vers le fond du jardin. Elle avait envie de courir, mais s’efforçait de rester le plus calme possible. Arrivée là, la main posée sur la poignée de la porte qu’empruntaient les domestiques, Eanna s’arrêta. Elle posa son front sur la porte, inspira profondément, tant elle était partagée.
Cependant, l’espoir avait pris trop de place en elle pour que les convenances l’empêchent d’ouvrir cette porte. Avec l’impression d’être une voleuse, elle se faufila dans la ruelle vers le point de rendez-vous qu’elle avait donné à un inconnu. Elle ne réfléchissait pas, n’analysait rien. Tout son être était tendu vers un seul objectif, avoir des nouvelles de sa sœur. Le reste n’importait pas, était relégué au fond de son esprit.

Arrivée près de croisement qu’elle avait indiquée, elle s’arrêta. Les mains crispées sur le devant de sa robe et ses yeux fixés sur le coin de rue, elle attendait. Il fallait qu’il soit là. Il le fallait…
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Posté dans Re: La colère qui aveugle l'un est l'espoir qui anime l'autre   - Dim 14 Juin 2015 - 3:33

Il était là, adossé contre le mur froid alors que les derniers rayons du soleil s'évanouissaient doucement. Il ne savait pas vraiment ce qui le poussait à attendre ici. Il avait reçu un bracelet en plein visage et avait cru comprendre les signes de celle qui avait lancé le dit bracelet. Il y avait vu la chance de pouvoir conter son histoire à quelqu'un de raisonnable. Il pensa alors que la volonté de repentance menait à bien des imprudences tant il était probable que cette rencontre programmée ne soit qu'une mise en scène de la famille pour lui couper la langue. Mais Owney était un optimiste. Doublé d'un curieux.

Alors, quand il la vit apparaître au coin de la rue, il se dit que le jeu en valait la chandelle. Il ne put retenir un rire quand il pensa que jamais de fille aussi jolie ne lui avait donné rendez-vous si près de chez elle. Il la fixa un moment, alors qu'elle tournait la tête, paniquée, semblant le chercher mais ne l'ayant pas encore trouvé. C'était une magnifique figure de porcelaine animée, empaquetée dans une robe dont le bleu semblait bien fade à côté de celui qui animait ses yeux. L'anxiété qu'il pouvait deviner sur son visage empiétait sur la douceur qui en émanait, aussi décida-t-il d'abréger ses recherches et de se présenter à elle.

"Ma jeune dame, je pense que vous chercher ceci", lui dit il en lui présentant son bracelet. "Je ne put croire un seul instant qu'un objet si raffiné me soit tombé dessus par hasard, aussi ai-je attendu votre venue pour vous le restituer. Je vous l'aurais volontiers rapporté à votre demeure, mais on m'a fait comprendre que je n'étais pas le bienvenue", dit il dans un sourire.

Elle attrapa le bracelet et se présenta à lui. En apprenant qu'elle était la soeur d'Eireen, il eut deux réactions. En premier lieu, il se dit qu'il était tout simplement inexplicable que l'homme qu'il avait rencontré quelques minutes auparavant soit le père d'une jeune fille si délicate. Puis, il comprit que l'anxiété qu'il semblait deviner plus tôt sur le visage de son interlocutrice s'apparentait désormais plus à une vive émotion. Rattrapé par ses vieilles habitudes, il voulut inventer un mensonge le faisant passer pour ce qu'il n'était pas, mais décida finalement de jouer la carte de l'honnêteté. Qu'avait-il à perdre après tout ? Sa langue ?

"Je pense deviner aisément, ma dame, que si vous êtes ici, c'est pour que je vous conte mon histoire", débuta-t-il, scrutant les alentours à la recherche d'un coin moins exposé que le carrefour sur lequel ils se trouvaient. "Je vais vous la conter, soyez en sûre, mais peut être pas aussi près d'une maison remplie de domestiques qui pourraient me tuer en me voyant ici avec vous."

Il saisit sa main et la traîna quelques rues plus loin. Il pouvait sentir de la peur dans le regard de celle qu'il traînait mais il avait prévu de la rassurer une fois arrêté. Il trouva une petite cour ouverte et décida que le lieu était tout désigné pour une rencontre furtive. Sauf qu'ici, il ne s'agissait de voler de baiser à personne.

"N'ayez crainte, ma dame, je ne vous veux aucun mal", lui murmura-t-il en refermant ses mains sur la sienne. "J'espère qu'à la fin de cette conversation, l'inverse sera également vrai", dit-il avant de commencer son monologue. "Voilà maintenant quelques temps que j'ai surpris une conversation entre un marchand de Vuulte et un sombre personnage. Le premier partait à Korrul, ma dame, et je sais de source sûre que votre soeur partait avec lui", expliqua-t-il.

Il hésita un instant à dissimuler sous des paroles vaines la partie la plus dure à réciter - celle pendant laquelle il était coupable. Mais cette histoire était trop sérieuse pour être déformée par le mensonge. Il ne s'agissait ni de séduire ni de voler, mais de sauver.

"Il se trouve que cet homme m'a demandé de livrer la liste des passagers de sa vivenef aux Miliciens, et de leur expliquer qu'il s'agissait d'un nouvel équipage. Ce que j'ai fait. Avant de comprendre que cet équipage avait en fait payer pour passer la ceinture de feu... Ma dame, je ne sais pas ce qui a pu pousser votre soeur à fuir Matroos, et à dire vrai, je m'en contrefiche. Mais le danger qui l'attend est tout autre", continua-t-il d'une voix posée. "Une fois là bas, ce baronnet la livrera à une famille de cultivateurs. Et vous n'êtes pas sans savoir, ma jeune dame, que Korrul apprécie les esclaves."

Elle allait partir en courant vers le bureau de la Milice. Il le savait. N'importe quelle personne sensée réagirait de la sorte. Qu'importe, il était satisfait d'avoir pu mener à bien sa mission. Et puis, si Eireen était ne serait-ce que moitié moins jolie que sa soeur, elle méritait bien la route de Vuulte à la capitale.

Elle allait partir en courant vers le bureau de la Milice. L'affaire serait résolue et Owney Lowfloor serait emprisonné pour un crime dont il avait saisi l'ampleur après avoir aidé à le réaliser.

Elle allait partir en courant vers le bureau de la Milice et il le méritait.
Eanna O'Faolain
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Posté dans Re: La colère qui aveugle l'un est l'espoir qui anime l'autre   - Lun 15 Juin 2015 - 11:20

Eanna ne se mit pas à courir ; elle ne libéra pas sa main – elle n’avait même pas conscience qu’il la tenait – et ne se détourna pas de lui. Elle se contenta – si l’on peut dire cela ainsi – de rester là, la poitrine oppressée, douloureuse, qui se soulevait sous les battements de son cœur. Pourtant, n’allait-il pas éclater ? Tant d’espoir se mêlait à l’idée de perte irrémédiable que ces nouvelles apportaient. Comment était-il possible de passer de l’un à l’autre en quelques phrases, en quelques secondes ? Eanna avait l’impression d’avoir fait une chute vertigineuse depuis le départ d’Eireen. Jusque-là, tout allait trop vite pour elle, tout était flou ; elle ne pouvait s’accrocher à rien, voyait les autres suivre leur vie comme si de rien était. Mais elle, elle ne pouvait pas, n’y arrivait pas.
Et là, dans cette petite cour, sa chute venait de prendre fin, d’une manière si brutale qu’elle ne put plus tenir debout. Elle avait fait semblant que tout allait bien, elle avait souri pendant des mois à s’en faire mal aux pommettes. Elle était allée et venue comme elle le faisait naguère et tout le monde n’y avait vu que du feu. Elle avait toujours su jouer la comédie, mimer des attitudes, des sentiments qui n’étaient pas les siens, mais là… Là, c’était bien plus dur. Telle-ment qu’elle n’en pouvait plus.

Elle se laissa donc tomber au sol, à genoux devant cet homme qui venait d’arrêter sa chute. Le masque se fendillait. Plus possible de sourire, de lever haut le menton comme si de rien était. Plus possible de parler de tout et de rien. Plus possible de mimer une vie qui n’existait plus. Elle sentait à présent les mains de l’homme, elle s’y accrochait même. Un roc impro-bable dans la marrée de larmes qui l’assaillait. Elle pleurait sans se soucier d’avoir l’air conve-nable, sans se soucier des apparences, sans se soucier de ce qu’il était un inconnu.
Peut-être mentait-il, mais là n’était pas l’important. Ce qui importait pour Eanna c’était qu’enfin, enfin elle acceptait, quand bien même cela soit douloureux, elle acceptait que sa sœur l’avait abandonnée, que sa sœur était partie et qu’elle se retrouvait seule devant les exi-gences de leur père. Elle se rendait compte à présent combien il est plus facile d’être deux que seule. Tout cela lui venait d’un coup, l’envahissait et, tout en même temps, la libérait.

Elle pleura ainsi pendant quelques minutes avant que ne se tarissent ses larmes et ses san-glots. Elle était toujours à terre et n’avait plus la force de se relever. De toute façon, pour quoi faire ? Jouer de nouveau la comédie, faire semblant que tout allait bien, ignorer ces larmes salvatrices ? Elle aurait tôt fait de remettre son masque de faux semblant auquel son père tenait tant mais là, pour le moment, elle ne pouvait et ne voulait. À quoi bon ? Pour que l’homme ne se sente pas gêné, pour l’aider à réagir face à une femme qui venait de s’effondrer à cause des nouvelles qu’il apportait ?
Elle en avait assez de penser d’abord aux autres, d’abord à leurs sentiments, à leur bien-être. Qu’il l’ignore, la console ou fasse une mauvaise blague, ce qu’il voulait, elle s’en moquait bien à cet instant. Elle était bien trop lasse de jouer un rôle de potiche souriante ne servant qu’à valoriser son partenaire. Elle sourirait demain.

Elle tenait pourtant toujours les mains de l’homme. Ou était-ce lui qui tenait ses mains ? Un mélange des deux sans doute. Ressentait-il le désespoir qu’il y avait dans sa poigne à elle ? Comme la peur de ne plus pouvoir se lever si elle le lâchait. La peur aussi, tout au fond d’elle, de laisser à jamais sa sœur disparaître s’il partait maintenant.
Il fallut un courage immense à Eanna pour parler. Sans doute ne s’en rendrait-il jamais compte, il ne la connaissait après tout pas. Cependant, pour Eanna, se fut une lutte intérieure des plus âpres et des plus difficiles. Il lui fallait faire face à ce qu’elle avait appris depuis sa naissance, faire face au carcan dans lequel les femmes de son rang étaient figées, aller au-delà. Au-delà d’elle-même, ou de ce qu’elle pensait être elle, au-delà de sa peur de faire du tort à son père, à sa famille, au-delà des principes qu’on lui avait inculqués au fer rouge. Oui, il lui fallut aller bien loin en elle, un endroit qu’elle ignorait, où elle était forte, pour oser parler, oser dire quelques petits mots qui paraissaient si simples.

Elle leva son visage vers l’homme, si différent de celui qu’elle offrait habituellement. Un vi-sage aux yeux rougis par les pleurs, aux traits tirés par la fatigue, la peur et l’anxiété. Mais un visage plus vrai que jamais, tel que personne n’avait jusqu’ici pu le voir. « Aidez-moi… Aidez-moi à la retrouver s’il vous plait. »
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Posté dans Re: La colère qui aveugle l'un est l'espoir qui anime l'autre   - Lun 15 Juin 2015 - 12:42

Le gros problème des gens qui ne réfléchissent jamais, c'est qu'ils ne peuvent s'adapter à aucune autre situation qu'à celle que leur impose leur logique. Tout le long de son long voyage de Vuulte à Sant Poseïnos, Owney s'était préparé à affronter une seule issue. Il savait parfaitement qu'il irait dire la vérité à la famille O'Faolain qui irait chercher l'aide des Miliciens. Ceux ci retrouveraient Eireen et la ramèneraient à la capitale en évitant le conflit diplomatique avec Korrul. Et lui, il payerait pour sa bêtise et son manque de jugement en prison. Il n'avait pas peur de la peine qui l'attendait. Il la méritait.

Et voilà qu'il se retrouvait, là, au milieu d'une cour, main dans la main avec une jeune femme à genoux - peut être qu'ici à la capitale, la tâche de la demande en mariage revenait aux femmes ? - dont la réaction n'avait absolument rien de logique. Au lieu d'aller trouver des militaires parfaitement capables de l'aider, elle préférait demander à un inconnu de voler à son secours ?! Qu'est ce qui n'allait pas bien chez cette poupée de chiffon bleu ?!

Il n'avait pas l'étoffe d'un héros et ne voulait surtout pas risquer de le devenir. Il appréciait sa vie d'escamoteurs, de beau parleur en bas étages et de menteur en altitude. Il était prêt à aller en prison pour répondre de son acte, car il ne supportait pas l'idée d'avoir participer à un troc de vies humaines, mais surement pas de se jeter ouvertement dans la gueule d'une mort certaine. Retrouver la fille ? Qu'est que ça impliquait, au fond, hein ? De retourner à Vuulte, d'affronter l'obèse et le passeur, de trouver un moyen quelconque de passer la ceinture de feu sans se faire repérer, de débarquer à Korul, de retrouver une esclave dans un pays qui en compte des centaines et de la ramener sans déclencher une guerre. Un jeu d'enfants.

Alors que cette jolie petite créature sanglotait, effondrée sur le sol, il la releva sans pouvoir s'empêcher de rire.

"Ma jeune dame, j'ai le regret de vous annoncer que votre entreprise est vouée à l'échec", lui souffla-t-il alors que son rire devenait sourire. "Vous trouverez bien plus d'aide auprès des militaires qu'auprès d'Owney le bon bec. Je ne voudrais pas offenser un si joli minois, ma dame, mais soyez sûre que ni vous ni moi n'avons les compétences nécessaires pour aller chercher votre soeur...", dit-il en lâchant enfin sa main. "Les pleurs ne la sauveront pas, hélas, et tout ce que vous gagnerez à partir à sa rencontre c'est une mort certaine. Je vais vous raccompagner à votre demeure. La nuit vous aidera à reprendre votre calme."

Il fit un pas, puis deux, et sentit naître en lui un étrange sentiment qui se mua vite en arrière pensée gênante. Etait-il un lâche ? Oui, il ne s'en n'était jamais vraiment caché, après tout. Pouvait-il vraiment laisser cette jeune femme ici ? N'avait il donc pas de compassion ? Oui, il le pouvait et non, il n'en n'avait pas. La compassion, il la réservait aux prostituées de Vuulte, aux mendiants de tout Matroos et à ceux qui souffraient de la faim, pas à la fille d'un bourgeois débile qui pleurnichait le caprice de sa soeur pourrie gâtée. Il saisit à nouveau sa main et la supplia de se lever, avant de l'emmener hors de la cour qui les abritaient.

Puis, une autre pensée lui traversa l'esprit. S'il retrouvait cette Eireen, s'il la ramenait à son père saine et sauve, peut être aurait il une chance de s'élever en société... Peut être même que le père de famille le marierait à sa fille, et qu'il deviendrait riche et puissant... Alléchant, d'autant plus que les filles O'Faolain semblaient posséder de bons gênes. A mesure qu'ils se rapprochaient de la demeure de la famille, cette idée s'estompa. Il ne pouvait risquer sa vie pour une récompense qu'il n'était même pas certain d'obtenir. Mais quand il se retournait pour plonger son regard dans ses globes bleus qui transpiraient la détresse et la peur, il ne pouvait s'empêcher de ressentir un pincement au coeur.

Etait-il bon ? Etait-il mauvais ? Etait-ce normal de pouvoir ressentir de la peine un instant, puis de réfléchir à un plan servant ses propres intérêts dans la seconde suivante ? N'avait-il même pas un gêne de héros ? Peut être pouvait-il au moins l'accompagner à Vuulte..?

Trop de questions. Dans un geste d'agacement, il lâcha la main de la blonde, fourra la sienne dans une poche intérieure de son manteau et en sortit une grosse pièce d'argent.

"Que diriez-vous, ma dame, de jouer à pile ou face notre destin?", lui proposa-t-il très sérieusement. Il avait l'habitude de prendre la plupart de ces décisions de la sorte. "Choisissez un côté et ce qui l'implique, lancez la pièce, et je m'y plierai, d'accord?"

Le gros problème des gens qui ne réflechissent jamais, c'est qu'ils ne peuvent s'adapter à aucune autre situation qu'à celle que leur impose leur logique. Alors bien souvent, ils laissent le hasard les guider.
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Posté dans Re: La colère qui aveugle l'un est l'espoir qui anime l'autre   - Mar 16 Juin 2015 - 9:27

Il la traitait comme une enfant. Était-il donc si semblable à tous les autres ? Ou elle trop sotte peut-être. Elle ne pleurait plus, sa réaction, son rire, ses mots, tout avait concouru à ce qu’elle se sente remise à sa place. Pour autant, elle n’arrivait pas à remettre son masque, à se glisser dans ce rôle qu’elle endossait depuis toujours avec tant de facilité. Ses pensées tournoyaient en elle. Honte de s’être ainsi laissée aller. Désespoir. Peine. Peur aussi, à l’idée de ce qu’il pouvait arriver à Eireen. Et, tout au fond, bien loin, ce courage infime qu’elle s’était découvert, qui menaçait de vaciller et de s’éteindre, peut-être pour toujours.
Elle ne prit pas la peine de répondre à l’homme. Que dire de toute façon, que dire qu’il veuille entendre ? Que dire que quiconque veuille entendre ? Ne voyait-il pas qu’elle n’était qu’une femme ? Si lui se moquait d’elle parce qu’apprendre que sa sœur courait un tel danger la mettait dans cet état, comment croire que la milice l’écouterait mieux ? L’aiderait même ? Elle avait côtoyé bien assez d’hommes avec son père pour savoir qu’on ne l’écoutait pas.
Oh, sans doute ne seraient-ils pas désagréables, peut-être y aurait-il à la milice quelque homme aimable pour l’écouter, la rassurer, lui dire que, oh, non, voyons, cette histoire est bien abracadabrante, il faut bien être une femme pour y croire. Et de la ramener ensuite chez son père, avec en partant un reproche à l’égard de celui-ci. On ne laisse pas une jeune femme ainsi avec un inconnu, ni se promener seule, ni aller ennuyer la milice. Surtout pour une histoire telle que celle-ci. Non, quand on était une femme, on n’allait pas à la milice. Seul son père aurait pu y aller et être pris au sérieux, mais comme il avait renvoyé ce Owney bon bec…

Eanna préféra le silence, comme toujours. Elle suivit l’homme sans lui jeter un seul regard. Voilà, elle commençait à retrouver son rôle, à se rappeler quelle était sa place. Encore quelques instants et tout serait fini, un simple écart, oublié en quelques jours. Tandis qu’elle s’en rendait compte, la jeune femme senti comme un regret la traverser. Elle en fut surprise, mais ne put se questionner là-dessus, plus surprise encore de ne plus sentir la main d’Owney dans la sienne. Elle en était venue à apprécier cette main, cette main qui l’avait empêché de sombrer dans cette cour.
Avant que des pensées négatives ne l’assaillent, une lueur d’espoir apparut devant elle sous la forme d’une pièce en argent. Si elle n’avait pas été si habituée à retenir toute émotion, sans doute aurait-elle éclatée d’un rire joyeux. Que cet homme était étrange et changeant.

Elle fixa intensément son visage, chercha dans son regard, mais il ne semblait pas y avoir la moindre trace de rire ou de moquerie en lui à cet instant. Tout allait donc se jouer là ? Juste avec une pièce d’argent ? Un éclair d’incrédulité traversa les yeux d’Eanna. De nouveau, sa respiration s’emballa. Allait-elle oser ? Pouvait-elle ? Une simple pièce… Tout miser sur une simple pièce. Les questions la menaçaient, risquaient de l’empêcher d’agir, elle le sentait bien. Tant de questions, de comment, de et si. En quelques secondes, elle imagina diverses situations, floues, incomplètes, mais qui pouvaient mettre à bat toute volonté en elle.
Une idée cependant prit plus de place dans son esprit. Il y avait quelque chose d’étrange de laisser une pièce décider pour soi. Qu’une si petite chose puisse l’entraîner dans elle ne savait au fond quoi ou la faire retrouver à sa petite vie avait quelque chose de terrible. Sa main tremblante s’avança et se saisit de la pièce. Elle la fit tourner entre ses doigts, ses yeux fixés sur elle.

Elle se rendit alors compte que, pour une fois, un homme la laissait choisir. Un choix bien étrange. Jeter ou non une pièce. Mais un choix tout de même. « Si c’est face… » Silence. Puis Eanna leva les yeux, les plonga dans ceux d’Owney. « Nous partons. » Elle jetta alors la pièce, de manière un peu maladroite, mais cela ne comptait pas. Son cœur battait toujours trop vite par rapport à d’habitude, mais elle ne s’en rendait pas compte, tout son corps tendu vers cette pièce. Elle ne savait même pas si elle préférait voir le côté face ou le côté pile.
Tandis que les secondes s’égrainaient, elle se rendit compte qu’il avait choisi la seule façon possible pour elle d’agir. S’il l’avait laissé réfléchir avant de prendre une décision, ils n’auraient pas bougé, seraient restés dans l’attente des jours et des jours, le temps pour Eanna d’envisager toutes les pistes, d’imaginer toutes les réactions, toutes les probabilités. La jeune femme ne savait pas choisir, ne savait pas décider par elle-même ni pour elle-même. Alors laisser le hasard décider à sa place au travers de cette pièce était tout ce qu’elle pouvait faire.

« Face. »

Incrédulité. Surprise. L’information remonta avec une lenteur étonnante à son esprit. Un petit rire s’échappa de ses lèvres mais ne dura que quelques secondes, le temps d’exprimer tout l’étonnement qui la saisissait. « Face. » Elle retrouva les yeux d’Owney. « Face. » Elle se baissa pour ramasser la pièce et se saisit ensuite de son propre chef la main d’Owney. « Nous partons. » Restait simplement à savoir comment, quand, où…Et sans que son père ne s’en rende compte…
La pensée de son père fit vaciller les pensées d’Eanna. « Je ne sais pas comment faire, ce qu’il faut emporter, par où nous pouvons partir, mais une chose est sûre, mon père ne doit se douter de rien, sinon il nous enfermera. » Elle serra plus fort la main d’Owney. Il fallait qu’elle ne pense qu’au but de tout cela, qu’elle n’ait en tête qu’une chose, sauver sa sœur. Si elle s’égarait ne serait-ce qu’un instant à penser à autre chose – à son père, à la honte qu’il ressentirait, à sa rage, aux risques qu’elle prenait… – alors, elle se retrouverait bloquée, à ne plus pouvoir réagir.
Alors oui, elle serrait la main d’Owney ; même s’il avait ri quand elle avait pleuré, même s’il rirait encore très sûrement d’elle, de sa naïveté, sa main elle resterait un roc. Elle en avait décidé ainsi, elle avait besoin qu’il en soit ainsi.
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Posté dans Re: La colère qui aveugle l'un est l'espoir qui anime l'autre   - Mar 16 Juin 2015 - 11:13

C'est qu'elle avait de la poigne, sa chère petite dame ! En ne disposant plus que d'une main - la deuxième étant laissée au service de la poupée de chiffon bleu - il se baissa et ramassa sa pièce sur le sol. Elle gisait là, côté face, et il crut un moment qu'elle se moquait de lui. Elle venait sans doute de le condamner à mort. Si la petite O'Faolain avait laissé s'échapper un petit rire doux en voyant le résultat du lancé, lui avait d'abord pensé à son funèbre destin. Pourquoi avait-il fallu qu'il propose un jeu si débile à une fille qu'il ne connaissait pas ?! Et puis, il avait bien lu dans son regard qu'elle même ne savait pas ce qu'elle voulait que la pièce lui dise de faire... Peut être qu'en ce point, au moins, était-il semblable...

En serrant à son tour la main qui le tenait, il soupira longuement et prononça ces quelques mots :

"Très bien, ma petite dame, nous partons. Et le meilleur moyen pour échapper à la vigilance de votre délicat paternel, c'est de partir immédiatement. Des vêtements, vous en volerez. De la nourriture, nous en trouverons. Le reste... Et bien pour le reste, vous n'avez qu'à prier Vama pour que tout se passe pour le mieux."

Si ces propos se faisaient plus sérieux, son ton, lui, restait rieur et charmeur. Une vieille habitude quand il s'adressait aux femmes, rien de plus. Seulement, s'il devait perdre la vie dans cette vaine entreprise, autant la perdre le plus tard possible. Alors il ajouta promptement :

"Et à partir de maintenant, et ce jusqu'à nouvel ordre, vous ne remettrez en question aucun de mes ordres. Ne vous méprenez pas, ma jeune dame. Je ne vous demanderai pas de cuisiner pour moi ou de vous occuper de mon linge, j'essaye seulement de poser les bases d'une coopération viable."

Il savait pertinemment que lui seul pourrait les faire arriver jusqu'à Vuulte sains et saufs. Elle n'avait dû quitter sa demeure que quelques fois ces dernières semaines, et il était presque persuadé qu'elle n'avait jamais quitter la ville. Il allait lui falloir bien du courage, à cette belle poupée, pour affronter le chemin qui les attendait. Sans vraiment lui laisser le temps de réfléchir, il prit son bras et le passa sous le sien. Tant qu'ils étaient dans la capitale, ils étaient remarquables - et pas dans le bon sens du terme. Il fallait absolument qu'ils paraissent le plus naturels possible. D'ailleurs, Owney espérait qu'aucun oeil indiscret n'avait observé leur petite scène. Les rumeurs, qui vont d'ordinaire bien vite, sont inarrêtables dans les grandes villes.

La nuit était tombée désormais. La rumeur montant du Lac n'atteignait presque plus leurs oreilles quand ils atteignirent la porte principale de la capitale. Des gardes s'y trouvaient, trois de chaque côté. Normalement, pensa Owney, ils vont chercher à savoir ce qu'un jeune homme et une jeune femme peuvent bien avoir à faire à cette heure là hors de la ville. Il va falloir ruser. Il pencha sa tête dans le creux des épaules de sa jolie partenaire et lui murmura quelques mots.

"Maintenant, ma jeune dame, vous allez devoir faire à ces messieurs que vous voyez là bas un grand sourire. Je leur expliquerai que le bourgeois que je suis n'a pas besoin de justifier sa sortie de la ville. Et à ce moment là, il ne faudra pas que vous ayez l'air étonné, au contraire. Vous me regarderez, le plus amoureusement possible pour une jeune dame qui vient de rencontrer un bâtard, et ne parlerez que si on vous le demande."

Sur ce, il releva la tête dans un rire dont lui seul savait qu'il était forcé. Il parlait fort désormais, déclamant des poèmes d'amour à une fille qu'il ne connaissait pas, chantant la beauté de son minois sous le pâle reflet de la lune naissante. Comme prévu, les gardes les interrompirent. Et Owney commença son mensonge, en espérant que la petite O'Faolain qu'il avait à son bras ne ferait pas déjà tout capoter.
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Posté dans Re: La colère qui aveugle l'un est l'espoir qui anime l'autre   - Mar 23 Juin 2015 - 5:27

Eanna ne disait mot. Elle se laissait emporter, l’esprit un peu ailleurs. Avait-elle seulement conscience de la portée de son acte ? Pour le moment, non, absolument pas. Elle se contentait de suivre Owney, se sentant étrangement calme. Un peu loin d’elle-même peut-être. Elle n’arrivait pas vraiment à comprendre en fait. Parfois, il lui fallait des heures et des heures, voire même des jours entiers pour se décider, mais une fois sa décision prise, elle ne revenait pas dessus. Alors pourquoi aurait-ce été différent sur un coup de tête ? Non, vraiment, elle n’allait pas revenir sur sa décision par peur de l’inconnu. Et comme l’inconnu lui apparaissait grand !
Mais pas question de revenir en arrière. Aurait-elle seulement su comment faire ? Non. Eanna secoua la tête de droite à gauche pour elle-même. Non. Pas de retour en arrière. Il fallait assumer sa décision. Si elle avait été plus forte, elle aurait préparé depuis des semaines un tel départ. Mais voilà, il avait fallu attendre que cet homme vienne lui apprendre une telle nouvelle pour qu’elle se décide enfin. Alors tant pis. Pas d’argent, pas de vivres. Au moins avait-elle ses bijoux, qu’elle pourrait bien vendre quelque part.

La tête ailleurs, elle fut prise par surprise lorsqu’Owney se mit à lui reparler. En quelques secondes elle prit conscience de tout ce qu’il y avait autour d’eux, de sa présence à lui, si proche, de son bras sous le sien, des gardes, de la ville derrière. Il lui demandait de faire semblant, et comme lui semblait bien faire ! Quel couple ils faisaient. Qui était le plus faux des deux ?
Eanna se glissa dans ce nouveau rôle avec facilité. Elle s’était glissée dans tant de rôle jusqu’à présent, alors pourquoi celui-ci aurait-il été plus difficile que les autres ? D’autant plus que son partenaire savait y faire, lui aussi. Elle lui souriait donc tendrement, se rapprochait plus encore de lui, comme pour chercher la chaleur de son corps. Elle rigolait doucement à ses blagues, rougissait à ses mots et poèmes d’amour. Elle agissait comme si elle ne voyait que lui, comme s’il n’y avait que cet homme au bras duquel elle était suspendue qui avait de l’importance. Le temps qu’il échange avec les gardes, elle alla même jusqu’à poser sa joue contre l’épaule d’Owney, fermant les yeux et respirant doucement son odeur.

Son père ne s’était peut-être pas laissé prendre au jeu, mais les gardes eux semblèrent n’y voir que du feu. Ils les laissèrent passer, l’un envieux, l’autre gêné, sans poser plus de questions. Quelques pas plus loin, une fois hors de portée de voix, Eanna approcha ses lèvres de l’oreille d’Owney. « Vous parlez bien monsieur, mais comment allons-nous aller jusqu’à Vuulte ? Il y a entre notre but et nous tant de kilomètres. D’ailleurs, comment êtes-vous venu jusqu’ici ? Nous pourrions peut-être emprunter le même trajet ? »
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Posté dans Re: La colère qui aveugle l'un est l'espoir qui anime l'autre   - Mer 24 Juin 2015 - 12:38

A mesure qu'ils s'éloignaient des gardes, Owney ne put retenir un petit rire étouffé. Contre toute attente, sa petite dame avait parfaitement tenu son rôle. Si bien qu'il se serait volontiers laissé prendre au jeu de leur petite amourette si des soucis d'un autre ordre n'habitaient pas son esprit. L'heure n'était pas aux mièvreries, mais à la réflexion. Ce constat amer ôta l'air amusé du visage du beau parleur. Owney n'aimait pas réfléchir, mais il y était désormais contraint. Sa petite poupée de porcelaine disait vrai : les kilomètres entre la capitale et Vuulte nécessiteraient un voyage en vaisseau. Et si à l'aller, Owney avait réussi à embarquer assez facilement, ils étaient aujourd'hui deux fois plus, et l'un d'entre eux étaient une jeune femme dont la condition bourgeoise ne faisait aucun doute. Monter à bord sans le sous et sans éveiller le moindre soupçon promettait d'être un sacré challenge. Heureusement qu'Owney aimait ça.

La porte de la cité était désormais bien loin, et il aurait très bien pu arrêter leur petite fugue ici, mais il n'était pas si mal, une belle dame pendue au bras, la tête lovée dans le creux de son épaule et sa crinière blonde volant sous ses yeux. Décidant de ne plus vouloir abuser de la naïveté de son accompagnatrice, Owney s'arrêta et lui adressa un franc sourire. Il ne s'agissait pas de séduire, mais de rassurer.

"Le récit de mon voyage aller ne ferait qu'embêter ma petite dame. Celui du voyage retour sera bien plus intéressant, espérons le", lui dit-il d'abord en chassant d'un geste de la main une mèche venue lui déranger les yeux. "Je doute que vos petits pieds acceptent de marcher jusqu'à Vuulte. Les miens n'en seraient pas ravis non plus, bien que cela nous donnerait le temps de converser", continua-t-il en rigolant. "Non, ma petite dame, pour rejoindre Vuulte nous n'avons pas le choix. Il nous faut retourner au sein de la ville, peut être via une autre porte, pour ne pas risquer de croiser les hommes de votre famille, et nous acheter deux petites places à bord d'un vaisseau de commerce."

Il parlait trop, comme souvent, et ne savait pas vraiment s'il se faisait comprendre. Aussi il ajouta rapidement :

"Menez moi près des vaisseaux, ma petite dame, et je m'occuperai du reste."

Il glissa sa main droite dans sa poche et en retira une petite bourse qu'il ouvrit délicatement. Il ne put s'empêcher de grimacer en constatant qu'il avait dépensé bien plus de ressources lors de son voyage aller qu'il ne se l'était imaginé. Peut être que cette nuit avec une belle brune lors d'une escale à Errande lui avait coûté un peu trop d'argent, au final. En relevant les yeux, il tomba nez à nez avec le beau collier de la jeune O'Faolain et y vit immédiatement une source de revenus importants. S'approchant d'elle comme pour l'embrasser, il tourna la tête au dernier moment en rigolant et glissa ses mains derrière la nuque de la petite poupée de porcelaine pour lui prendre son bijou.

"Vous m'excuserez, ma jeune dame, mais à partir de maintenant, vous devrez apprendre à ne plus être une bourgeoise. Vous comprendrez aisément qu'à Matroos, une fille de bonne famille voyageant seule éveille tous les soupçons, et s'expose à tous les risques."

Owney marqua une pause, la fixa un instant, puis reprit :

"Il faudra également que nous dissimulions cette belle robe sous des vêtements moins excentriques, si vous le voulez bien."

Il porta sur elle un regard bienveillant puis sourit à nouveau, toujours soucieux de ne pas déjà faire paniquer une jeune fille qui devait déjà avoir du mal à bien saisir la situation dans laquelle elle se trouvait.

"A vous de jouer maintenant, ma belle dame."
Eanna O'Faolain
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Posté dans Re: La colère qui aveugle l'un est l'espoir qui anime l'autre   - Sam 27 Juin 2015 - 11:17

Un éclair de colère traversa Eanna lorsqu’Owney se saisit de son collier. Ne pouvait-il pas simplement lui demander qu’elle le lui donne, au lieu de venir ainsi s’en saisir ! Jamais elle n’avait eu à côtoyer d’hommes de la sorte, qui se permettaient de la toucher de cette manière. Pensait-il que, parce qu’elle avait joué le jeu un peu plus tôt avec les gardes, il pouvait par la suite tout se permettre ? La jeune femme était également énervée à l’idée qu’il puisse penser qu’elle ne lui aurait pas donné d’elle-même son collier s’il le lui avait simplement demandé.
Et puis, au fond, elle était également confuse. Il avait une telle façon d’agir, d’être. Si simple en fait. Et si différente de ce qu’elle connaissait. Pas de prise de tête, pas d’air endimanché, pas de suffisance. Juste une attitude amusée, presque comique pour qui aurait su en rire. Si éloigné en quelque sorte de sa propre façon de faire. Aussi ne savait-elle pas vraiment sur quel pied danser. Et voilà qu’il lui demandait de ne plus agir comme une bourgeoise.

« Quel rôle souhaitez-vous que je joue ? »

Quel rôle allait-elle savoir jouer d’ailleurs ? Après s’être coulé dans celui de la bourgeoise tel que son père le souhaitait, saurait-elle seulement faire quoi que ce soit d’autre ? Eanna poussa un long soupir tandis qu’elle prenait conscience de ce qu’elle faisait. Tout ça pour Eireen. Et par fierté, elle le sentait bien et était assez honnête avec elle-même, une fois qu’elle avait pris conscience des choses, pour ne pas se mentir à ce niveau-là.
Oui, c’était par fierté qu’elle était encore là. Elle voulait montrer qu’elle en était capable. Sa sœur avait toujours été exaspérée par son comportement, sa servitude et sa docilité. Alors comment réagirait-elle en la voyant faire soudainement ? Si elle la retrouvait seulement. Et puis, il y avait comme une espèce de défi, elle ne savait pas vraiment comment l’exprimer autrement. Comme si elle se sentait obligée vis-à-vis d’Owney à présent. Qu’elle ne pouvait pas revenir en arrière à cause de lui, de ce regard si particulier qu’il posait sur elle – un regard comme jamais elle n’en avait vu encore. A mesure que le temps passait, à mesure qu’il parlait, qu’il agissait – qu’il vivait en fait – la jeune femme se sentait tirée. Vers elle ne savait trop quoi. Ou elle ne voulait savoir quoi.
Elle y réfléchirait plus tard, comme toujours. Restait qu’elle avait l’impression de devoir relever perpétuellement un défi, que le regard d’Owney lui rappelait sans cesse. Continuer. Faire de son mieux. Montrer – se montrer ? – qu’elle en était capable, qu’elle n’était pas simplement ce que son père avait voulu faire d’elle. Se découvrir en fait.

« En attendant de changer de vêtements, donnez-moi donc votre manteau, il devrait cacher un minimum ces habits que vous ne sauriez voir. »

Sans attendre son consentement, elle attrapa les bords de son manteau et entreprit de le lui enlever, sans se rendre compte qu’elle mimait ici le geste d’Owney quant à son collier. Si elle s’en était aperçue, elle n’en aurait pas été étonnée. Elle avait toujours calqué son attitude sur celle des autres et, à présent, Owney était devenu son point de repère. Quelles autres mimiques allait-elle lui prendre ?

« Nous devrions trouver dans les ruelles non loin du port de quoi vendre ces bijoux. Quant à embarquer… Hum… J’ai rencontré il y a quelques mois un jeune milicien passionné de plantes, Pyotr Datsiouk. Nous pourrions dire que nous devons nous rendre à Midel-Heim car nous avons besoin d’un botaniste.
Et… Il faudrait préciser quels seraient nos liens. Que je sois de bonne famille ou non, je reste une femme et je doute de pouvoir me balader, même à vos côtés, sans risque.
»
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Posté dans Re: La colère qui aveugle l'un est l'espoir qui anime l'autre   - Sam 27 Juin 2015 - 14:46

La nuit était déjà bien entamée quand les deux compagnons montèrent à bord de la navette fluviale sensée les transporter jusqu'à Midel-Heim. Tout était allé assez vite depuis leur conversation hors des murs de la ville, et le mensonge qu'ils avaient mis en place s'était pour l'heure révélé convaincant. De retour dans les rues marchandes, Owney avait du longuement marchander avec un marchand de babioles pour tirer un prix convenable du collier de la petite dame. L'acheteur n'était manifestement pas un expert en pierres précieuses, et le bon bec eut vite fait de lui narrer les caractéristiques – pour la plupart inventées – de chacun des joyaux qui courraient le long de la chaîne en or. Avec ce butin, Owney espérait pouvoir acheter deux places à bord d'un vaisseau et quelques vivres pour le voyage. Avant d'arriver au port, la fugitive et son compagnon s'étaient mis d'accord sur la marche à suivre. Leur écart en âge étant trop peu élevé pour qu'Owney prétende être le père de la petite dame, et leur ressemblance physique ne pouvant duper personne, ils n'eurent plus qu'un choix crédible : continuer à feindre une relation amoureuse. Rassuré par les talents d'actrice de son accompagnatrice un peu plus tôt, c'est sans crainte qu'Owney aborda le premier marchand en partance pour la ville cachée dans la forêt.

Très succinctement questionnés sur leurs motivations à rejoindre Midel-Heim, les faux amants échafaudèrent un mensonge dont ils doutèrent d'abord de la crédibilité. Owney se présenta comme le membre d'une famille bourgeoise mineure. Eanna, sa femme depuis maintenant plusieurs années, ne lui avait toujours pas donné d'enfant et pour remédier à ce problème de fertilité, le couple avait décidé de se rendre à Midel-Heim pour y retrouver un botaniste et milicien, ami de longue date, Pyotr Datsiouk. Owney ne sut jamais s'ils mentaient particulièrement bien ce soir là, ou si le marchand avait perdu de l'intérêt pour leur histoire après avoir encaissé le paiement très généreux de deux places à bord, mais tout se passa comme prévu. C'était bien la première fois que le bon bec allait prendre place à bord d'un vaisseau fluvial.

Sans qu'il ne fasse partie des plus grands vaisseaux du port, le Sant Express l'était suffisamment pour accueillir à son bord une vingtaine de membres d'équipage et près de cinquante voyageurs. La grande majorité d'entre eux étaient massée sur le pont, mais Owney n'avait pas souhaité s'y attarder. Le risque que quelqu'un reconnaisse la poupée de porcelaine, même sans son collier, était bien trop important. Pour un tarif plus élevé, il avait réussi à obtenir une cabine privée qui éviterait à sa dame les désagréments d'un dortoir. Ce n'était ni la plus grande ni la plus belle chambre du vaisseau, mais elle avait l'avantage d'être munie d'un assez grand lit, d'un hublot, d'un bureau et de d'un cosy dont Owney allait devoir se contenter pour les prochaines nuits. C'était un bâtard et un menteur, mais il n'oubliait jamais de faire preuve de galanterie, aussi avait-il laissé le lit et quelques minutes d'intimité à sa dame pour qu'elle puisse se remettre de sa folle journée.

Seul, il déambula dans les couloirs trop étroits du Sant Express. Guidé par son odorat, il finit par trouver les cuisines, d'où n'émanaient plus beaucoup de senteurs. Il était tard, le service du soir était sans doute terminé depuis longtemps, et les deux cuisiniers présents s'activaient plus à ranger les ustensiles qu'à préparer quoi que ce soit. Alors qu'il s'apprêtaient à jeter une bonne casserole de bouillon, Owney les interrompit. Après quelques tours de « magie » dont il avait le secret, il avait réussi à obtenir deux grands bols de bouillon et un généreux quignon de pain dans lequel il mordit vigoureusement. Après avoir partagé un verre d'une liqueur drôlement forte avec ses compagnons d'un soir, le bon bec se mit en route pour retrouver ses quartiers. Un peu éreinté par la fatigue, il mit du temps à retrouver le bon chemin. Soudain, il sentit une légère secousse qui manqua de lui faire perdre l'équilibre et de lui faire renverser le bol qu'il ramenait à sa compagnonne. Le vaisseau quittait le port.

Owney fit alors pris d'une migraine causée par un torrent de questions qu'il n'arrivait pas à maintenir. Qu'est ce qu'il faisait là, lui, bâtard de Vuulte, en compagnie d'une bourgeoise de la capitale ? Pour qui, et au nom de quoi, allait-il risquer sa vie dans un voyage qui ne le mènerait nul part si ce n'est en prison ou devant Vama ? Il poussa la porte de sa cabine, bien décidé à se coucher et à laisser une nuit de sommeil agir comme barrage à ces questionnements incessants.

Sa petite poupée de porcelaine s'était endormie sans même avoir pris la peine de se glisser sous les couvertures. Sans sa respiration fluette, qui soulevait régulièrement son corps, Owney l'aurait cru morte. Elle avait dû tomber comme une masse immédiatement après son départ. Il faut dire que pour un être d'apparence si délicate, la journée avait dû être une épreuve que bien peu aurait supporté. Alors qu'il déposait le bol encore fumant sur le bureau, Owney posa son regard sur cette fleur endormie. Même si son entreprise était vouée à l'échec, et même s'il risquait bien plus qu'un peu de temps et d'argent à aider cette jeune fille, n'en valait-elle pas la peine ? Et puis quels étaient ses autres choix ? Retourner à Vuulte minauder avec des idiotes et vivre de larcins et de petits tours ? Oui l'aventure était dangereuse, mais ne valait-elle pas mieux qu'une vie pathétique de bâtard de bordel ? Il finit par se convaincre qu'il emmènerait cette jeune dame au bout de sa quête, et qu'il se prouverait qu'il valait mieux que ce qu'il était. Cette mission, c'était son moyen de s'élever.

Il saisit son manteau que la jeune fille avait laissé poser sur une chaise puis alla le poser doucement sur la créature endormie. Elle remua légèrement sans toutefois se réveiller. Quelle beauté, pensa-t-il brièvement avant de rejoindre sa propre couche et de s'endormir à son tour.
Résumé:

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