Histoire

Assis sur un rocher qui trainait par là, non loin de la Muraille, Peottre attendait. La forêt autour de lui était aussi silencieuse qu'une taverne erfeydienne était bruyante. Il respira profondément, inspirant l'air fraiche et les multitudes d'odeurs de vie qui passaient par là. Fronçant les sourcil, il plissa des yeux pour tenter de voir à travers la brume ambiante. Quelque chose clochait et perturbait l'ordre naturel de la forêt. Les oiseaux s'était tus et les lupiens du coin avaient tous quittés le territoire dans la panique.

Et puis, Il arriva. Comme toujours, Il ne s'attarda pas à frapper à la porte de l'esprit de Peottre. Non, il engloba littéralement l'homme, ne faisant qu'un avec lui et lui infligeant sa conscience, écrasant la sienne. La personnalité de l'Oracle se retrouva soudainement engloutie par un esprit unique, au caractère bien trempé et à l'exigence rude. Il se leva alors, plus par obligation que par plaisir et ses pas le conduisirent là où la volonté du Gardien l'exigeait.

C'était lui qui avait été choisi pour mener les pourparlers avec le représentant des étrangers. Il avait attendu pendant de nombreuses heures et puis le Gardien était entré en lui sans crier garde pour lui remettre cette mission.

Semblant converser avec lui même, Peottre échangeait la vision du Gardien comme bien souvent. Tout cela, le Gardien lui laissait le voir, s'il l'avait voulu, Peottre aurait accompli sa mission sans jamais en comprendre le but. Mais depuis les longues années, il avait apprit à cohabiter avec cette entité légendaire, sans opposer de résistance au contraire de ses confrères.

Plus loin, ses pas le guidèrent vers la Muraille où l'agitation régnait. Des odeurs de sueurs, de sang et d'urine empestées les coins du campement. Du feu éteint depuis peu se mélangeait à l'odeur des pins environnant. Avec dégout, l'homme traversa le campement, sans un regard vers quiconque. Il ne prêta nullement attention aux hommes et femmes qui l'interpelait et se contenta de traverser jusqu'aux grandes échelles. Arrivé jusqu'à là, il ordonna qu'on le laisse monter sur la muraille pour voir l'inconnu car tel était la volonté du Gardien. Peu convaincu, les hommes le laissèrent passer tout en l'escortant prudemment.

Alors, Peottre s'était retrouvé face à l'étranger. Cet homme aux yeux d'un noir profond, emmitouflé dans un lourd manteau de laine blanche.

Il n'y avait eut aucune parole. A peine arrivé en face de lui, il avait senti le Gardien crispé et effrayé face à l'homme. Il avait senti le savoir qui émanait de lui et la reconnaissance aussi. L'homme à la peau mâte n'avait pas fait un geste, ni prononcé une parole. Il s'était contentait de fixer Peottre dans les yeux... non pas Peottre mais le Gardien. Comme s'il pouvait le voir à travers l'enveloppe corporelle de l'Oracle. Ce dernier, retranché dans un petit coin de son esprit ne pouvait rester que spectateur de la scène. Il ressentait les émotions du gardien et entendait ses pensées mais ne pouvait rien faire. Isolé, soudain très petit, il se sentait nu dans cet espace temps sombre et ténébreux. Il pouvait sentir le regard et le souffle du Gardien sur sa pauvre chair et agonisait de peur et d'incertitude. Et puis, il avait vue sa main se lever et arracher le coeur du pauvre homme. C'était son corps qui avait commis cet acte et non sa volonté propre.

L'homme était alors tombé du haut de la muraille pour s'écraser par terre. Et de multiples projectiles avaient assailli Peottre, manqua de le rater de peu. Instinctivement, son peuple avait dressé une muraille de glace autour de lui, le protégeant jusqu'à ce qu'à Ygran l'attrape du haut des épaules et le remette à terre, en bas de la Muraille.

Une fois descendu, des questions fusèrent de tous les cotés et il se refusa d'y répondre. Il demanda simplement où se trouvait sa soeur Kataleyah et son frère. Il devait les voir, leur parler et leur expliquer quel était le plan du Gardien....