HistoireIl y a 20 ans.Sang et cendres dans la neige. Peur. Si l'épisode n'est aujourd'hui qu'un souvenir réprimé pour elle, Alenoä était ce jour-là consciente des évènements, bien trop consciente pour une enfant de sept ans, à vrai dire. Elle était cachée, recroquevillée dans un coin derrière un tas de bois, pendant que les fragiles structures de Pleyrion brûlaient, lèchées par les flammes nées de l'ithylium des déserteurs. Un beau gâchis.
La fillette était d'une inutilité presque douloureuse, surtout lorsqu'elle regardait ses frères qui avaient pu attraper chacun le premier objet contondant à portée pour défendre le village. Ce n'était pas tant qu'elle était une fille, c'était plutôt qu'elle ne servait pas à grand chose : incapable de courir, Noä avait une jambe malformée de naissance. D'ordinaire, son travail était plutôt de tenir la maison, et elle était destinée à succéder à son père, le guérisseur du village. C'était un savoir qui avait commencé à faire la renommée non seulement de leur lignée mais aussi de leur lieu de résidence. Il se transmettait normalement de père en fils dans la famille, bien que cette génération-ci fasse exception : la petite fille était bien plus douée que ses frères, qui rêvaient de toutes façons de rejoindre un clan de guerriers.
Seulement voilà, tout partait en fumée dans le ciel, et Alenoä était à présent tout seule dans sa cachette, avec pour mission de défendre les livres. C'est qu'on en trouvait pas tant que ça, des livres, aux Erfeydes, et dans le grand sac à côté d'elle, il y avait des dizaines de carnets, tout le savoir des guérisseurs de Pleyrion, la raison pour laquelle chacun pouvait rassembler les connaissances des précédents avant d'y ajouter les siennes. Et cela ne devait à aucun prix être perdu.
Elle resta là des heures, à observer le massacre sans pouvoir rien y faire si ce n'était étouffer ses larmes quand elle voyait tomber au sol quelqu'un de cher à son coeur, ou même une simple connaissance : c'était ses racines que l'on brûlait, et elle ne servait à rien, à rien d'autre qu'à serrer les poings sur le tissus de son grand sac, et à supplier à voix basse. Le Gardien avait abandonné Pleyrion, mais peut-être que si sa petite voix pouvait se faire assez forte, tout s'arrêterait. Peut-être qu'il attendait qu'on l'appelle ?
Dans les cendres et la poussière qui souillaient la blancheur habituelle du sol, Alenoä priait de toutes ses forces. En vain.
~~~
Il y a dix ans environ.Du travail, encore du travail. Alenoä était en nage malgré le froid, les cheveux collés dans la nuque, sa jambe pulsait douloureusement, mais elle se refusait à s'asseoir. Si les autres étaient capables d'aider, elle aussi : elle pouvait faire bien plus que de soigner les bobos de chantier, et elle allait le prouver.
Elle avait alors dix-sept ans, et Pleyrion se reconstruisait.
Extraire des pierres, les tailler, les transporter. Tendre les cordages pour les soulever. Creuser, et puis creuser encore. Doucement, le décor prenait forme. Une muraille d'abord, pour dormir en sécurité. Les survivants avaient fui le site après l'attaque, pour errer dans les plaines et se réfugier ailleurs. Ses grands frères avaient attrapé Alenoä et ils étaient partis tous les trois alors que le village brûlait toujours, l'un portant sa soeur, l'autre le sac de carnets.
Ils avaient vécu tous les trois dans un petit hameau de l'autre bout du pays, chez l'un de leurs oncles, après un voyage long et périlleux dans les steppes. Cependant... Ils ne s'étaient jamais sentis chez eux dans la maison trop petite, malgré que la jeune fille avait commencé très tôt à se faire une réputation de guérisseuse dans les alentours et qu'ils reçoivent pour ce fait largement de quoi vivre.
Et puis un jour, un murmure avait traversé les Erfeydes. Un projet audacieux naîtrait de génie d'un autre survivant, qui appelait les enfants de Pleyrion à lui. Ils étaient venus, par curiosité d'abord, et puis ils avaient vu la muraille atteindre une hauteur jamais vue. De la sécurité. L'envie d'avoir de nouveau le foyer qu'on leur avait arraché était revenue en force, et ils s'étaient mis au travail.
Elle planta sa bêche dans le sol, et s'appuya dessus un instant, dégageant ses cheveux poisseux de son front d'un revers de la main. Les canaux commençaient à prendre forme. Bientôt, deux rivières artificielles desserviraient tout le village, fournissant l'eau pour tout le monde, du jamais vu.
Les villageois étaient en quelques mois devenus sa famille, bien plus que les gens chez qui elle avait vécu jusque là ; ils partageaient, s'aidaient. Et la jeune fille avait la certitude qu'un jour, la première page de son premier carnet de guérisseuse prendrait forme quelque part dans l'enceinte. C'était un plan pour un dispensaire, au dessus duquel elle pourrait vivre tout en veillant sur les malades, qu'elle devait pour l'instant accueillir dans sa maison provisoire exiguë. Pour réaliser son rêve, pas d'autre solution que de travailler, jour et nuit, car d'autres choses passaient bien avant, comme fournir une maison plus solide à ceux qui n'avaient pas autant de résistance au froid que la jeune génération, ou créer une ferme qui nourrirait tout le monde. Mais son tour viendrait. Sur les décombres de la demeure familiale des Osfrid, elle était bien décidée à ce que son projet se réalise.
Un sourire sur les lèvres, Noä se remit à creuser. L'espoir régnait dans les murailles de Pleyrion, l'espoir d'une vie meilleure, d'un abri solide. Elle était fière d'y contribuer, malgré les courbatures et les nuits froides dans les huttes de bois un peu bancales. L'avenir s'annonçait bien.
~~~
Il y a six ans.C'était déjà le cinquième. Alenoä ne comprenait pas. Des guerriers accueillis en héros parce qu'ils s'étaient présentés à l'entrée de Pleyrion. Ils étaient blessés, des marques que des animaux n'auraient pas pu faire. Qu'est-ce qui se tramait chez les Bois de Koun ?
Cela faisait déjà un an depuis le premier, et même si elle avait trouvé ça curieux, elle ne s'en était au début pas formalisée : ils avaient probablement été envoyés à la rencontre de déserteurs pour prouver leur valeur. Mais depuis, il lui semblait que tout le village complotait derrière son dos, elle pouvait presque entendre les gardes du village siffloter innocemment sur son passage.
Noä regarda le gamin recroquevillé sur la couchette devant elle. Il avait fait le fier pendant le banquet en son honneur, mais dés qu'il était entré dans le dispensaire de fortune, il s'était mis à geindre, suant et tremblottant. Il était déjà passé une fois après sa sortie du labyrinthe, et le voilà de retour trois semaines plus tard, et la guérisseuse devait bien admettre qu'elle ne savait pas si elle parviendrait à redresser complètement les os brisés de sa jambe ; plusieurs jours à courir sur une fracture ouverte... Les esquilles n'étaient pas bon signe. Elle soupira et s'assit à côté de lui, attrapant au passage une préparation anesthésiante sur l'étagère.
"On va faire un échange de bons procédés, Hadrian. Tu me dis pourquoi tu es dans cet état, et je t'endors. Tu ne me dis rien, et je te soigne à vif. Qu'est-ce que tu choisis ?"Le jeune homme posa sur elle des yeux effrayés.
"On m'a dit de pas te dire, j'peux pas... S'il te plaît..."Alenoä se pinça l'arrête du nez, sentant poindre la migraine. Ainsi, son instinct ne la trompait pas, il y avait bien quelque chose. Elle déposa la fiole hors de portée d'Hadrian, et saisit une lanière de cuir sur le plateau de ses instruments pour la lui coincer dans la bouche. Autant qu'il ne se coupe pas la langue dans un accès de douleur. Un scalpel tranchant dans la main, elle se décalait déjà pour se mettre au travail, lorsque son chantage fonctionna brusquement. Les hommes avaient beau se battre avec vaillance et honneur, la perspective d'endurer stoïquement une douleur pareille sans pouvoir se défendre les faisait verdir de peur.
"Arrête, Arrête ! J'vais expliquer, j'vais tout dire !"Elle suspendit son geste. Allez petit, crache le morceau que tout Pleyrion m'a soigneusement caché jusqu'ici !
"C'est parc'que... Pour entrer dans le Clan. L'Chef nous a dit qu'y fallait prouver notre foi dans le Gardien.""Continue..." Noä l'encouragea, les yeux ronds. Ils ne faisaient tout de même pas ce à quoi elle pensait ? Elle les savait cinglés, mais il y avait des limites à la folie !
Il finit par tout déballer : il revenait de trois jours dans la nature sans vivres, blessé par ses propres camarades avant le départ. Les autres n'étaient pas encore revenus. Miséricorde. Une chasse à l'homme au sein même du clan, alors qu'il y avait tant de déserteurs à éliminer, et que les défenseurs du village manquaient de bras, mais à quoi songeaient-ils ?
La guérisseuse finit par administrer l'anesthésiant au malheureux, en récompense de ses confidences. Elle dut cependant renoncer à opérer dans l'immédiat tant ses mains tremblaient. Nivilk Markin avait-il complètement perdu l'esprit ? Certes, dire que l'homme n'était pas tendre relevait de l'euphémisme, mais jamais elle n'aurait imaginé un plan pareil. Ou peut-être que si, en fait...
Elle respira un grand coup, et reprit ses instruments. Tout en dégageant la plaie mal cicatrisée, elle cherchait ce qu'elle pourrait bien faire pour arrêter cette folie, mais tout Pleyrion semblait s'être ligué pour le lui cacher. Elle allait probablement coller une gifle dans la prochaine tête faussement innocente qu'elle croiserait, et hurler de toute la force de ses poumons sur ses inconscients de frères qui semblaient cautionner ces petites fêtes morbides, mais à part ça... Si Hadrian remarchait un jour sans séquelles, ce serait un miracle.
Alenoä allait attendre patiemment qu'un jour Markin se blesse assez gravement que pour avoir besoin d'elle. Et ce jour-là, le produit qu'elle venait d'utiliser serait en rupture de stock jusqu'à ce qu'il reprenne ses esprits.
Comble du malheur, elle attend toujours.
~~~
Il y a deux ans.L'enfant arrivait demain. Enfin, vu l'heure avancée de la nuit, elle pouvait déjà se dire que c'était aujourd'hui. Alenoä avait finalement un apprenti, pour sa plus grande joie et son plus grand malheur, puisqu'il n'était pas de son sang. Dans les contrariétés de la vie, il semblait qu'elle ait reçu le don de préserver la vie à la place de celui de la donner. Enfin... Peut-être cela changerait-il un jour, et peut-être que d'ici là le petit Hagen se serait révêlé suffisamment doué pour qu'elle puisse fonder une vraie famille plutôt que de courir en tous sens pour soigner un nombre incroyable de gens et faire naître ce qui lui semblait être la totalité des bébés du monde. Le rez-de-chaussée ne désemplissait presque jamais, et une aide serait bienvenue, aussi petites que soient les mains secourables. En attendant, elle s'affairait à arranger le petit espace de vie derrière l'hôpital pour accueillir le gamin, qui allait vivre chez elle pendant que ses parents partaient défendre les alentours.
Voilà. Une deuxième couche près de l'âtre, des couvertures, il n'avait pas besoin de beaucoup plus. Elle avait déposé dans le coffre qui servirait à ranger ses affaires un carnet, une plume et de l'encre, un cadeau de bienvenue utile et rare. La jeune femme eut un sourire triste à l'idée qu'un enfant presque inconnu d'elle occupe ce petit coin, qu'elle aurait tant aimé aménager pour le fruit de sa chair malgré l'absence d'un partenaire stable dans sa vie. Mais il aurait été dommage de passer à côté d'un apprenti à cause d'un orgueil blessé, et surtout de refuser d'accueillir un enfant apparemment délaissé juste parce qu'il était celui d'une autre. S'il lui faudrait du temps pour ouvrir son coeur, sa maison était prête.
Car le rêve de l'erfeydienne était devenu réalité : presque au coeur du village se dressait son chez-elle, plus large que la plupart malgré que la surface d'habitation soit somme toute réduite. Le dispensaire de Pleyrion avait fini par être érigé, exactement comme elle l'avait espéré, et c'était là qu'elle vivait et travaillait depuis des années, gagnant peu à peu le respect de la communauté par les "miracles" qu'elle accomplissait. En vérité, pas tant de magie là-dessous que de la science. Noä avait étudié avidement tous les carnets de son précieux héritage, et elle en avait déjà trois elle-même.
Avec un soupir, elle descendit les escaliers sans bruits malgré sa jambe tordue, pour arriver devant une porte un peu particulière. C'était à la fois l'entrée de la seule cave du village -une prouesse architecturale, même pour Pleyrion- et probablement la seule porte fermée à clef de tout le village. Tirant sur la chaîne qui pendait à son cou, elle sortit la clef de sous ses vêtements, ouvrit la porte et entreprit de clopiner dans les marches inégales vers le sous-sol, sans omettre de refermer derrière elle. La jeune femme frissonna. Le froid était presque plus mordant qu'au dehors : les murs étaient recouverts d'une glace posée là par un ami au lien de glace, qui passait régulièrement la renouveller.
C'était la réserve de médicaments de la guérisseuse, et les produits qui s'y trouvaient n'étaient pas tous bons à laisser à portée de ceux qui fréquentaient la maison. Cependant, les innombrables bouteilles n'attiraient pas l'oeil en priorité, il y avait quelque chose dont elle devait absolument disposer avant l'arrivée du garçonnet. Non pas qu'il aurait accès à cette pièce avant plusieurs années, mais on n'était jamais trop prudent : elle ne savait pas si la charge de l'enfant lui laisserait le temps nécessaire pour cette tâche.
S'approchant de la table du fond, Noä regarda le déserteur qui y reposait avec un air presque désolé. Pour lui, nul besoin des couvertures qui enveloppaient les patients endormis au rez-de-chaussée, sa chair était froide depuis longtemps. Plus que la peau, ses entrailles étaient exposées. A côté de lui, le carnet du moment était ouvert sur un dessin à moitié terminé.
On lui avait amené l'homme blessé pour qu'elle le soigne en vue d'un interrogatoire ou qu'elle s'en débarasse s'il ne survivait pas ; les Bois de Koun n'étaient pas regardants, il ne voulaient pas s'encombrer d'un prisonnier inutile et pas assez vigoureux que pour offrir un bon sacrifice. Alors, Alenoä avait sauté sur l'occasion, profité de quelqu'un qui ne manquerait à personne pour agrandir encore ses connaissances. Il n'y avait pas d'autre mot dans la langue erfeydienne que "profanation" pour désigner ce qu'elle faisait, mais elle aurait aimé en inventer un. Certes, ce n'était pas engageant, mais c'était la vie dans toute sa splendeur qui lui était offerte à étudier dans la mort. Elle se disait que, si elle n'avait pas pu sauver cet hérétique, autant que son existence profite à la communauté par son décès, afin d'éviter aux protégés du Gardien de subir le même sort.
Elle avait compris tellement de choses dans son examen minutieux que ç'en était un gâchis d'arrêter avant d'avoir pu finir, mais il le fallait bien. Avec un soupir, elle entreprit de lui rendre une apparence normale, malgré ses doigts engourdis par le froid qui glissaient sur l'aiguille qu'elle maniait. Un long moment plus tard, lorsqu'il fut présentable, elle l'habilla et l'emballa dans un drap avant de le remonter péniblement dans l'escalier étroit. Enfin, elle le posa sur la civière à roulettes qu'elle utilisait pour déplacer les gens inconscients, sorte de grosse brouette, et sortit appeler un garde du village. Bientôt, l'homme serait enterré, et le supposé crime de Noä resterait complètement incognito. Une fois de plus. Chaque déserteur qui passait entre ses mains contribuait à son apprentissage, dans le plus grand des secrets, une vengeance pacifiste pour les malheurs de son enfance. Puisque leur utilité de leur vivant était de nuire à la société, elle leur en donnait une autre sans leur demander leur avis, voilà tout.
Épuisée, la jeune femme vérifia néanmoins que tous ses malades dormaient bien et que tout était en ordre en bas avant de remonter se coucher. Il lui faudrait faire preuve de plus de prudence à l'avenir, mais ce n'était pas grave ; ses jeunes années avaient été suffisantes pour faire d'elle la plus grande guérisseuse des Erfeydes.
~~~
Il y a trois semaines.Tard dans la nuit, Alenoä finissait seulement de ranger le dispensaire. Tout était propre, prêt pour la journée du lendemain, il n'y avait plus qu'à enflammer les pansements usagés dans le vieux chaudron qui servait comme d'habitude à les faire brûler. Les manches remontées, les mains dans une bassine d'eau savonneuse, la guérisseuse finissait de laver les récipients qui avaient servi ce jour-là.
"Grim, tu peux venir t'occuper des pansements ?..."Pas de réponse.
"Grim...?"Intriguée par le silence, la jeune femme alla passer la tête dans l'encadrement de la porte qui donnait sur la pièce principale du dispensaire tout en s'essuyant les mains. Devant la scène qui s'offrait à elle, Noä ne put retenir un sourire tendre qui ne lui aurait jamais échappé pendant la journée. Le petit garçon s'était endormi sur un tabouret au chevet d'un malade, et il penchait dangereusement vers l'avant. La journée avait été rude pour tout le monde, avec ces quatre patients atteints d'intérite frigaire ; ce n'était pas très grave, mais il fallait bien surveiller les plaies pour vérifier que l'infection ne reprenait pas malgré l'application de la pommade adéquate. Grim avait fait de son mieux, mais il n'était qu'un enfant. Son enfant, comme Noä se surprenait à le penser. Il avait beau ne pas être le sien, il avait beau avoir une maman qui combattait quelque part dans les plaines, c'était elle qui s'en occupait, plus que n'importe qui d'autre.
Elle déposa le linge qu'elle tenait sur le dossier d'une chaise, et vint doucement cueillir le petit. Il nicha son minois dans le cou de la jeune femme sans se réveiller. Un automatisme, une certaine reconnaissance qui faisait chaud au coeur d'Alenoä ; il avait fallu des mois pour qu'ils s'apprivoisent mutuellement, du temps pour qu'il soit en confiance, du temps pour qu'elle accepte sa présence autrement que comme un compromis avec la vie qui ne lui donnait toujours pas de descendance. A présent... Elle ressentait le temps qui passe comme toutes les mères, malgré qu'elle n'en soit pas une : son garçon grandissait un peu plus à chaque fois qu'elle le prenait dans ses bras, et elle aurait voulu le faire rétrécir, le garder niché contre elle à jamais, ou au moins, encore un peu. Oh, ce n'était pas un sentiment ouvertement exprimé, elle était la plupart du temps d'une juste sévérité, du moins elle se plaisait à le croire. Mais il y avait ces moments volés, où elle pouvait se laisser aller à bercer un petit être, sentir son souffle chaud contre son épaule, et savoir qu'il avait confiance en elle. Trésor inestimable pour Noä. Elle vieillissait, et elle commençait à se dire que Grim serait peut-être la seule famille qu'elle aurait. Elle protégerait sa famille, coûte que coûte. Alenoä avait déjà perdu les siens une fois, et les bruits qui couraient sur l'île blanche lui faisaient craindre une nouvelle période sombre. Mais cette fois, elle ne se cacherait pas derrière le tas de bois, elle ne serait pas inutile. Elle espérait que la hache appuyée contre le mur près de la porte d'entrée ne servirait jamais, mais si elle le devait, elle saurait comment faire.
La jeune femme clopina lentement dans les escaliers, portant l'enfant malgré que sa jambe la fasse souffrir d'avoir été trop longtemps debout ce jour-là. Elle avait beau être invalide, elle avait une certaine habitude de ce genre de fins de soirée. C'était une scène qui se reproduisait souvent, car Grim avait beaucoup de mal à ne pas aller au bout de sa tâche. Qualité et défaut, tout à la fois, qui lui faisait espérer de grandes choses pour l'avenir. Elle chantonnait doucement des notes sans queue ni tête, la voix basse.
Enfin, elle arriva en haut, et pu déposer son précieux fardeau dans le petit lit. Remonter les couvertures, les fourrures pour qu'il ait chaud, le border, écarter les mèches de cheveux vagabondes de son visage. Gestes d'une tendresse infinie de la mère pour sa progéniture. Grim se retourna dans son sommeil, et elle sourit. Il était encore trop léger, il faudrait qu'il mange un peu plus, qu'il se repose, mais il mettait tout son coeur à l'aider.
En rejoignant sa propre couchette, Alenoä se dit que finalement, elle n'avait peut-être besoin de rien de plus.
par Isidro l'Mécano Mar 17 Oct 2023 - 18:25
» Communication externe
par Loth de la Vision Mar 21 Juin 2016 - 15:06
» Réversa [ TOP ]
par Invité Ven 27 Mai 2016 - 8:21
» Le monde de Dùralas
par Invité Jeu 26 Mai 2016 - 7:00
» Anthalia
par Invité Dim 22 Mai 2016 - 15:17
» Marbrume, La Cité des Damnés
par Invité Lun 16 Mai 2016 - 15:07
» Questionnaire pour soutenir infinite RPG !
par Invité Sam 14 Mai 2016 - 17:33
» Escalus
par Invité Jeu 12 Mai 2016 - 9:02
» Mass Effect : Reborn
par Invité Mar 10 Mai 2016 - 15:00