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Alenoä Osfrid

Alenoä Osfrid
Peuplade

On m'appelle Alenoä Osfrid


Infos Personnage
RANG: Grim, Nivilk, Hermine, Fjölan, Dhungäard, Noröa, Astrid, Edvald, Chilali, Skye
VILLE & APPARTENANCE : Clan Hagen ~ Village de Pleyrion
MON AGE : 27 ans
Féminin
MESSAGES : 89
AGE : 32
INSCRIT LE : 12/08/2013
PSEUDO HABITUEL : Kathy
Joyaux : 202
http://www.ile-joyaux.com/t1828-carnet-d-une-guerisseuse http://www.ile-joyaux.com/t1822-alenoa-osfrid
Posté dans Alenoä Osfrid   - Lun 12 Aoû 2013 - 0:18


Je suis Alenoä Osfrid
« Une journée, une vie. »



SURNOM : Noä
AGE:27 ans
VILLE :Le village de Pleyrion
LANGUE(S) :Erfeydien oral et écrit

Ce n'est pas le travail qui fait qu'on est fier ou pas ; c'est la façon de le faire.


GROUPE : Peuplade
MÉTIER : Guérisseuse
NATURE DU LIEN : Feu
FAMILLE PROCHE : Deux frères, Heryk et Iwan, guerriers dans les Bois de Koun, et un apprenti, Grim Hagen.


Description du Lien
Le lien de feu d'Alenoä n'est pas très puissant, mais il est précis. Elle peut créer à partir de l'ithylium des flammèches microscopiques qui, mises en grande quantité l'une à côté de l'autre, peuvent entourer les gens ou des objets comme des cocons de chaleur. Cependant, la température ne peut pas dépasser 40°C, et encore, il faut qu'elle se concentre vraiment pour dépasser les 35°C. C'est très utile pour créer des couveuses pour les malades, et elle a sauvé plus d'un bébé comme cela, puisqu'elle peut maintenir un cocon plusieurs jours d'affilée malgré que ça la fatigue beaucoup. Fait intéressant, elle a remarqué en entraînant Grim à utiliser son lien que les cocons de flammèches créés comme ça peuvent contenir les flammes d'ithylium des autres erfeydiens si elle se concentre un peu ; c'est très pratique pour éviter que son apprenti ne mette le feu à la maison.



PhysiqueCaractère

TAILLE : 1m67
POIDS : Il n'y a pas de pèse-personne aux Erfeydes, mais je peux vous dire qu'elle est bâtie solidement sans être dépourvue de formes ; en effet, elle a une force surprenante malgré son infirmité.
COULEUR DES YEUX : Brun foncé, presque noir.
COULEUR & LONGUEUR DES CHEVEUX : Elle a une cascade de cheveux auburn qui lui tombe jusqu'au milieu du dos, mais elle les natte la plupart du temps, c'est plus pratique. La voir les cheveux lâchés est donc un spectacle assez rare.
PIGMENTATION DE LA PEAU : Pâle, elle rosit facilement au froid.
SIGNE PARTICULIER : Une jambe malformée de naissance, sa cheville est tordue, ce qui la fait boîter. Chez elle, elle se déplace de manière totalement autonome puisqu'elle connaît le terrain, mais elle a un bâton pour la soutenir lorsqu'elle se déplace dans le village, au bout duquel il y a un flacon d'ithylium, sa réserve personnelle. Oui, ceci est une pure excuse pour garder le bâton super classe sur l'avatar sans faire magicienne grosbill.
PILOSITÉ : Quand on a jamais l'occasion de se promener à poil (haha) et qu'on court partout comme une folle pour racommoder des gens, on en a un peu rien à cirer. Mais c'est très doux, je vous jure.
VESTIMENTAIRES : A l'intérieur du dispensaire, on trouve généralement Noä habillée de simples tuniques de grosse toile et d'un tablier rudimentaire, puisqu'elle est amenée régulièrement à se salir et elle évite tout accessoire superflu qui pourrait la gêner. Lorsqu'elle sort de chez elle, elle a une certaine élégance, puisqu'elle est tout de même un membre important du village : longues robes simples, mais agrémentées de châles colorés et de quelques bijoux.

DÉFAUTS : Au premier abord, Noä peut paraître froide et sévère, car elle est d'un naturel plutôt réservé malgré qu'elle se force à garder contact avec les gens qu'elle soigne pour assurer un certain suivi. Elle se plaît beaucoup mieux seule ou avec Grim à préparer les remèdes qu'à assister les gens, surtout psychologiquement. Elle en a assez des gens qui partent loin ou font des choses inacceptables, alors obtenir son amitié est de plus en plus difficile. Il faut également savoir qu'elle est extrêmement rancunière, capable de tenir des années durant sans pardonner à quelqu'un si la faute est grande. Elle est parfois trop silencieuse, ce qui fait peur aux malades. Évidemment, quand quelqu'un s'approche de vous le visage fermé et un scalpel à la main... Mais c'est parfois juste qu'elle est fatiguée et qu'elle n'a pas envie de parler, car il faut savoir que la jeune femme est en état de privation de sommeil quasiment tout le temps puisque le dispensaire désemplit rarement, aussi vaut mieux ne pas l'importuner avant son infusion du matin.
QUALITÉS : La plus grande qualité de Noä est une patience à toute épreuve, qui lui permet de ne pas devenir folle à force d'être en colère après les cinglés du village, et qui lui sert évidemment dans son métier. C'est une femme avec un grand sens pratique, parfois sévère mais juste la plupart du temps. Elle est honnête et ne se laisse pas marcher sur les pieds, sans doute une habitude prise à force de cotoyer tant de gens qui ne voulaient pas se laisser soigner. Elle a la tête sur les épaules, beaucoup de sang froid, et ne supporte pas de se sentir impuissante. Devant une situation où elle ne peut apparemment rien faire, elle va se démener pour trouver une solution quand même, ce qui porte parfois ses fruits. Alenoä est également d'une grande curiosité, une scientifique dans l'âme, ce qui lui a permis de faire avancer grandement la médecine erfeydienne, dans la mesure des moyens disponibles évidemment.
AMBITIONS : Que tout le monde meure de vieillesse aux Erfeydes, et c'est pas gagné. Sinon, avoir des enfants à elle. Ou, grand rêve secret, disséquer un étranger pour voir comment c'est fait dedans.

PRÉFÉRENCES :
ALIMENTAIRES : Pas grand chose. Elle avait l'habitude de grignoter ce qu'elle pouvait entre deux malades, mais depuis que Grim est avec elle, les deux s'asseyent pour manger trois repas par jour, un vrai exploit. Et comme elle doit montrer l'exemple, Alenoä se force à manger. Elle a une préférence pour les choses sucrées, mais c'est tellement rare aux Erfeydes qu'elle se rabat sur la viande bien cuite.
LOISIRS : On va dire que disséquer des déserteurs ne compte pas, alors, euuuh... Pas grand chose non plus, en vérité. La botanique ne compte pas vraiment non plus, puisque c'est dans le cadre de son métier, donc on va dire... Câliner Grim, voilà, c'est très bien.
RELATIONNELLES : Comme je l'ai dit, Alenoä est plutôt renfermée. Elle a viré ses frères de sa vie depuis qu'ils lui ont ri au nez quand elle leur a parlé du rituel stupide des Bois de Koun, ses parents sont morts et ses oncles et tantes sont bien loin de Pleyrion. Elle n'a pas d'enfant, pas de compagnon, on peut donc dire que sa famille se résume à son apprenti qui en fait pseudo-partie depuis qu'il habite avec elle presque tout le temps. Oh, elle a connaît tout le monde dans le village et a bien deux-trois amis, mais elle n'a pas tellement de temps à leur accorder... Elle s'entend cependant bien avec Kahlis, la petite forgeronne qui lui crée ses outils de travail, et les deux discutent souvent pour déterminer comment les améliorer.
D'un point de vue sentimental, Alenoä n'a pas tiré le bon caractère entre mes différents personnages. En effet, la guérisseuse voit des combattants à poil toute la sainte journée, et elle n'en profite même pas, ce qui rendrait verte son alter-ego matroscien. Elle a eu dans sa vie deux ou trois amants, mais cela fait des mois qu'elle est brouillée avec le dernier en date, Tyrion Filizine, qui a eu le malheur de rejoindre les Bois de Koun. On ne fricote pas avec les aspirants psychopathes, que voulez-vous. De toutes façons, jamais rien de sérieux n'a découlé de ses aventures, et elle commence à se demander si elle fondera un jour sa propre famille.

Comportement
...FACE A UN DANGER : Tout dépend du danger. Face à un danger naturel, animal par exemple, elle se cache. Face à un emmerdeur, elle sort sa hache. Heureusement, il n'y a pas beaucoup de dangers au sein des murs de Pleyrion. Quoique, les fous sont parfois dangereux. Mais bon, comme je l'ai dit, y a la hache.
..FACE A UNE PROVOCATION : Un haussement de sourcil, principalement. Alenoä n'est pas du genre à répondre à la provocation, sauf si c'est pour défendre quelqu'un d'autre. Là, ça hurle.
..FACE A UNE NOUVELLE RENCONTRE : Tout dépend. Si c'est un patient, on le soigne. Si c'est quelqu'un qui sait tenir debout tout seul, qu'elle n'est pas trop débordée pour lui parler et qu'ils ont des choses à se dire, elle sera avenante. Mais ça fait déjà beaucoup de conditions.
..FACE A DES SENTIMENTS NOUVEAUX : Perplexité, elle cherchera à les comprendre plutôt qu'à les ressentir.
..FACE A UNE PERTE / LA TRISTESSE : Un grand sentiment d'impuissance. Elle s'agitera dans tous les sens pour essayer de faire des choses utiles, avant de s'effondrer plusieurs heures plus tard seulement quand l'adrénaline retombe.



«L’Histoire n'est pas plus figée ni morte que l'avenir. Le passé est tout près ; il commence à la dernière respiration qu'on a prise. »



Histoire

Il y a 20 ans.

Sang et cendres dans la neige. Peur. Si l'épisode n'est aujourd'hui qu'un souvenir réprimé pour elle, Alenoä était ce jour-là consciente des évènements, bien trop consciente pour une enfant de sept ans, à vrai dire. Elle était cachée, recroquevillée dans un coin derrière un tas de bois, pendant que les fragiles structures de Pleyrion brûlaient, lèchées par les flammes nées de l'ithylium des déserteurs. Un beau gâchis.

La fillette était d'une inutilité presque douloureuse, surtout lorsqu'elle regardait ses frères qui avaient pu attraper chacun le premier objet contondant à portée pour défendre le village. Ce n'était pas tant qu'elle était une fille, c'était plutôt qu'elle ne servait pas à grand chose : incapable de courir, Noä avait une jambe malformée de naissance. D'ordinaire, son travail était plutôt de tenir la maison, et elle était destinée à succéder à son père, le guérisseur du village. C'était un savoir qui avait commencé à faire la renommée non seulement de leur lignée mais aussi de leur lieu de résidence. Il se transmettait normalement de père en fils dans la famille, bien que cette génération-ci fasse exception : la petite fille était bien plus douée que ses frères, qui rêvaient de toutes façons de rejoindre un clan de guerriers.

Seulement voilà, tout partait en fumée dans le ciel, et Alenoä était à présent tout seule dans sa cachette, avec pour mission de défendre les livres. C'est qu'on en trouvait pas tant que ça, des livres, aux Erfeydes, et dans le grand sac à côté d'elle, il y avait des dizaines de carnets, tout le savoir des guérisseurs de Pleyrion, la raison pour laquelle chacun pouvait rassembler les connaissances des précédents avant d'y ajouter les siennes. Et cela ne devait à aucun prix être perdu.

Elle resta là des heures, à observer le massacre sans pouvoir rien y faire si ce n'était étouffer ses larmes quand elle voyait tomber au sol quelqu'un de cher à son coeur, ou même une simple connaissance : c'était ses racines que l'on brûlait, et elle ne servait à rien, à rien d'autre qu'à serrer les poings sur le tissus de son grand sac, et à supplier à voix basse. Le Gardien avait abandonné Pleyrion, mais peut-être que si sa petite voix pouvait se faire assez forte, tout s'arrêterait. Peut-être qu'il attendait qu'on l'appelle ?

Dans les cendres et la poussière qui souillaient la blancheur habituelle du sol, Alenoä priait de toutes ses forces. En vain.

~~~

Il y a dix ans environ.

Du travail, encore du travail. Alenoä était en nage malgré le froid, les cheveux collés dans la nuque, sa jambe pulsait douloureusement, mais elle se refusait à s'asseoir. Si les autres étaient capables d'aider, elle aussi : elle pouvait faire bien plus que de soigner les bobos de chantier, et elle allait le prouver.
Elle avait alors dix-sept ans, et Pleyrion se reconstruisait.

Extraire des pierres, les tailler, les transporter. Tendre les cordages pour les soulever. Creuser, et puis creuser encore. Doucement, le décor prenait forme. Une muraille d'abord, pour dormir en sécurité. Les survivants avaient fui le site après l'attaque, pour errer dans les plaines et se réfugier ailleurs. Ses grands frères avaient attrapé Alenoä et ils étaient partis tous les trois alors que le village brûlait toujours, l'un portant sa soeur, l'autre le sac de carnets.

Ils avaient vécu tous les trois dans un petit hameau de l'autre bout du pays, chez l'un de leurs oncles, après un voyage long et périlleux dans les steppes. Cependant... Ils ne s'étaient jamais sentis chez eux dans la maison trop petite, malgré que la jeune fille avait commencé très tôt à se faire une réputation de guérisseuse dans les alentours et qu'ils reçoivent pour ce fait largement de quoi vivre.

Et puis un jour, un murmure avait traversé les Erfeydes. Un projet audacieux naîtrait de génie d'un autre survivant, qui appelait les enfants de Pleyrion à lui. Ils étaient venus, par curiosité d'abord, et puis ils avaient vu la muraille atteindre une hauteur jamais vue. De la sécurité. L'envie d'avoir de nouveau le foyer qu'on leur avait arraché était revenue en force, et ils s'étaient mis au travail.

Elle planta sa bêche dans le sol, et s'appuya dessus un instant, dégageant ses cheveux poisseux de son front d'un revers de la main. Les canaux commençaient à prendre forme. Bientôt, deux rivières artificielles desserviraient tout le village, fournissant l'eau pour tout le monde, du jamais vu.

Les villageois étaient en quelques mois devenus sa famille, bien plus que les gens chez qui elle avait vécu jusque là ; ils partageaient, s'aidaient. Et la jeune fille avait la certitude qu'un jour, la première page de son premier carnet de guérisseuse prendrait forme quelque part dans l'enceinte. C'était un plan pour un dispensaire, au dessus duquel elle pourrait vivre tout en veillant sur les malades, qu'elle devait pour l'instant accueillir dans sa maison provisoire exiguë. Pour réaliser son rêve, pas d'autre solution que de travailler, jour et nuit, car d'autres choses passaient bien avant, comme fournir une maison plus solide à ceux qui n'avaient pas autant de résistance au froid que la jeune génération, ou créer une ferme qui nourrirait tout le monde. Mais son tour viendrait. Sur les décombres de la demeure familiale des Osfrid, elle était bien décidée à ce que son projet se réalise.

Un sourire sur les lèvres, Noä se remit à creuser. L'espoir régnait dans les murailles de Pleyrion, l'espoir d'une vie meilleure, d'un abri solide. Elle était fière d'y contribuer, malgré les courbatures et les nuits froides dans les huttes de bois un peu bancales. L'avenir s'annonçait bien.

~~~

Il y a six ans.

C'était déjà le cinquième. Alenoä ne comprenait pas. Des guerriers accueillis en héros parce qu'ils s'étaient présentés à l'entrée de Pleyrion. Ils étaient blessés, des marques que des animaux n'auraient pas pu faire. Qu'est-ce qui se tramait chez les Bois de Koun ?

Cela faisait déjà un an depuis le premier, et même si elle avait trouvé ça curieux, elle ne s'en était au début pas formalisée : ils avaient probablement été envoyés à la rencontre de déserteurs pour prouver leur valeur. Mais depuis, il lui semblait que tout le village complotait derrière son dos, elle pouvait presque entendre les gardes du village siffloter innocemment sur son passage.

Noä regarda le gamin recroquevillé sur la couchette devant elle. Il avait fait le fier pendant le banquet en son honneur, mais dés qu'il était entré dans le dispensaire de fortune, il s'était mis à geindre, suant et tremblottant. Il était déjà passé une fois après sa sortie du labyrinthe, et le voilà de retour trois semaines plus tard, et la guérisseuse devait bien admettre qu'elle ne savait pas si elle parviendrait à redresser complètement les os brisés de sa jambe ; plusieurs jours à courir sur une fracture ouverte... Les esquilles n'étaient pas bon signe. Elle soupira et s'assit à côté de lui, attrapant au passage une préparation anesthésiante sur l'étagère.

"On va faire un échange de bons procédés, Hadrian. Tu me dis pourquoi tu es dans cet état, et je t'endors. Tu ne me dis rien, et je te soigne à vif. Qu'est-ce que tu choisis ?"

Le jeune homme posa sur elle des yeux effrayés.

"On m'a dit de pas te dire, j'peux pas... S'il te plaît..."

Alenoä se pinça l'arrête du nez, sentant poindre la migraine. Ainsi, son instinct ne la trompait pas, il y avait bien quelque chose. Elle déposa la fiole hors de portée d'Hadrian, et saisit une lanière de cuir sur le plateau de ses instruments pour la lui coincer dans la bouche. Autant qu'il ne se coupe pas la langue dans un accès de douleur. Un scalpel tranchant dans la main, elle se décalait déjà pour se mettre au travail, lorsque son chantage fonctionna brusquement. Les hommes avaient beau se battre avec vaillance et honneur, la perspective d'endurer stoïquement une douleur pareille sans pouvoir se défendre les faisait verdir de peur.

"Arrête, Arrête ! J'vais expliquer, j'vais tout dire !"

Elle suspendit son geste. Allez petit, crache le morceau que tout Pleyrion m'a soigneusement caché jusqu'ici !

"C'est parc'que... Pour entrer dans le Clan. L'Chef nous a dit qu'y fallait prouver notre foi dans le Gardien."

"Continue..." Noä l'encouragea, les yeux ronds. Ils ne faisaient tout de même pas ce à quoi elle pensait ? Elle les savait cinglés, mais il y avait des limites à la folie !

Il finit par tout déballer : il revenait de trois jours dans la nature sans vivres, blessé par ses propres camarades avant le départ. Les autres n'étaient pas encore revenus. Miséricorde. Une chasse à l'homme au sein même du clan, alors qu'il y avait tant de déserteurs à éliminer, et que les défenseurs du village manquaient de bras, mais à quoi songeaient-ils ?

La guérisseuse finit par administrer l'anesthésiant au malheureux, en récompense de ses confidences. Elle dut cependant renoncer à opérer dans l'immédiat tant ses mains tremblaient. Nivilk Markin avait-il complètement perdu l'esprit ? Certes, dire que l'homme n'était pas tendre relevait de l'euphémisme, mais jamais elle n'aurait imaginé un plan pareil. Ou peut-être que si, en fait...

Elle respira un grand coup, et reprit ses instruments. Tout en dégageant la plaie mal cicatrisée, elle cherchait ce qu'elle pourrait bien faire pour arrêter cette folie, mais tout Pleyrion semblait s'être ligué pour le lui cacher. Elle allait probablement coller une gifle dans la prochaine tête faussement innocente qu'elle croiserait, et hurler de toute la force de ses poumons sur ses inconscients de frères qui semblaient cautionner ces petites fêtes morbides, mais à part ça... Si Hadrian remarchait un jour sans séquelles, ce serait un miracle.

Alenoä allait attendre patiemment qu'un jour Markin se blesse assez gravement que pour avoir besoin d'elle. Et ce jour-là, le produit qu'elle venait d'utiliser serait en rupture de stock jusqu'à ce qu'il reprenne ses esprits.

Comble du malheur, elle attend toujours.

~~~

Il y a deux ans.

L'enfant arrivait demain. Enfin, vu l'heure avancée de la nuit, elle pouvait déjà se dire que c'était aujourd'hui. Alenoä avait finalement un apprenti, pour sa plus grande joie et son plus grand malheur, puisqu'il n'était pas de son sang. Dans les contrariétés de la vie, il semblait qu'elle ait reçu le don de préserver la vie à la place de celui de la donner. Enfin... Peut-être cela changerait-il un jour, et peut-être que d'ici là le petit Hagen se serait révêlé suffisamment doué pour qu'elle puisse fonder une vraie famille plutôt que de courir en tous sens pour soigner un nombre incroyable de gens et faire naître ce qui lui semblait être la totalité des bébés du monde. Le rez-de-chaussée ne désemplissait presque jamais, et une aide serait bienvenue, aussi petites que soient les mains secourables. En attendant, elle s'affairait à arranger le petit espace de vie derrière l'hôpital pour accueillir le gamin, qui allait vivre chez elle pendant que ses parents partaient défendre les alentours.

Voilà. Une deuxième couche près de l'âtre, des couvertures, il n'avait pas besoin de beaucoup plus. Elle avait déposé dans le coffre qui servirait à ranger ses affaires un carnet, une plume et de l'encre, un cadeau de bienvenue utile et rare. La jeune femme eut un sourire triste à l'idée qu'un enfant presque inconnu d'elle occupe ce petit coin, qu'elle aurait tant aimé aménager pour le fruit de sa chair malgré l'absence d'un partenaire stable dans sa vie. Mais il aurait été dommage de passer à côté d'un apprenti à cause d'un orgueil blessé, et surtout de refuser d'accueillir un enfant apparemment délaissé juste parce qu'il était celui d'une autre. S'il lui faudrait du temps pour ouvrir son coeur, sa maison était prête.
Car le rêve de l'erfeydienne était devenu réalité : presque au coeur du village se dressait son chez-elle, plus large que la plupart malgré que la surface d'habitation soit somme toute réduite. Le dispensaire de Pleyrion avait fini par être érigé, exactement comme elle l'avait espéré, et c'était là qu'elle vivait et travaillait depuis des années, gagnant peu à peu le respect de la communauté par les "miracles" qu'elle accomplissait. En vérité, pas tant de magie là-dessous que de la science. Noä avait étudié avidement tous les carnets de son précieux héritage, et elle en avait déjà trois elle-même.

Avec un soupir, elle descendit les escaliers sans bruits malgré sa jambe tordue, pour arriver devant une porte un peu particulière. C'était à la fois l'entrée de la seule cave du village -une prouesse architecturale, même pour Pleyrion- et probablement la seule porte fermée à clef de tout le village. Tirant sur la chaîne qui pendait à son cou, elle sortit la clef de sous ses vêtements, ouvrit la porte et entreprit de clopiner dans les marches inégales vers le sous-sol, sans omettre de refermer derrière elle. La jeune femme frissonna. Le froid était presque plus mordant qu'au dehors : les murs étaient recouverts d'une glace posée là par un ami au lien de glace, qui passait régulièrement la renouveller.

C'était la réserve de médicaments de la guérisseuse, et les produits qui s'y trouvaient n'étaient pas tous bons à laisser à portée de ceux qui fréquentaient la maison. Cependant, les innombrables bouteilles n'attiraient pas l'oeil en priorité, il y avait quelque chose dont elle devait absolument disposer avant l'arrivée du garçonnet. Non pas qu'il aurait accès à cette pièce avant plusieurs années, mais on n'était jamais trop prudent : elle ne savait pas si la charge de l'enfant lui laisserait le temps nécessaire pour cette tâche.

S'approchant de la table du fond, Noä regarda le déserteur qui y reposait avec un air presque désolé. Pour lui, nul besoin des couvertures qui enveloppaient les patients endormis au rez-de-chaussée, sa chair était froide depuis longtemps. Plus que la peau, ses entrailles étaient exposées. A côté de lui, le carnet du moment était ouvert sur un dessin à moitié terminé.

On lui avait amené l'homme blessé pour qu'elle le soigne en vue d'un interrogatoire ou qu'elle s'en débarasse s'il ne survivait pas ; les Bois de Koun n'étaient pas regardants, il ne voulaient pas s'encombrer d'un prisonnier inutile et pas assez vigoureux que pour offrir un bon sacrifice. Alors, Alenoä avait sauté sur l'occasion, profité de quelqu'un qui ne manquerait à personne pour agrandir encore ses connaissances. Il n'y avait pas d'autre mot dans la langue erfeydienne que "profanation" pour désigner ce qu'elle faisait, mais elle aurait aimé en inventer un. Certes, ce n'était pas engageant, mais c'était la vie dans toute sa splendeur qui lui était offerte à étudier dans la mort. Elle se disait que, si elle n'avait pas pu sauver cet hérétique, autant que son existence profite à la communauté par son décès, afin d'éviter aux protégés du Gardien de subir le même sort.

Elle avait compris tellement de choses dans son examen minutieux que ç'en était un gâchis d'arrêter avant d'avoir pu finir, mais il le fallait bien. Avec un soupir, elle entreprit de lui rendre une apparence normale, malgré ses doigts engourdis par le froid qui glissaient sur l'aiguille qu'elle maniait. Un long moment plus tard, lorsqu'il fut présentable, elle l'habilla et l'emballa dans un drap avant de le remonter péniblement dans l'escalier étroit. Enfin, elle le posa sur la civière à roulettes qu'elle utilisait pour déplacer les gens inconscients, sorte de grosse brouette, et sortit appeler un garde du village. Bientôt, l'homme serait enterré, et le supposé crime de Noä resterait complètement incognito. Une fois de plus. Chaque déserteur qui passait entre ses mains contribuait à son apprentissage, dans le plus grand des secrets, une vengeance pacifiste pour les malheurs de son enfance. Puisque leur utilité de leur vivant était de nuire à la société, elle leur en donnait une autre sans leur demander leur avis, voilà tout.

Épuisée, la jeune femme vérifia néanmoins que tous ses malades dormaient bien et que tout était en ordre en bas avant de remonter se coucher. Il lui faudrait faire preuve de plus de prudence à l'avenir, mais ce n'était pas grave ; ses jeunes années avaient été suffisantes pour faire d'elle la plus grande guérisseuse des Erfeydes.

~~~

Il y a trois semaines.

Tard dans la nuit, Alenoä finissait seulement de ranger le dispensaire. Tout était propre, prêt pour la journée du lendemain, il n'y avait plus qu'à enflammer les pansements usagés dans le vieux chaudron qui servait comme d'habitude à les faire brûler. Les manches remontées, les mains dans une bassine d'eau savonneuse, la guérisseuse finissait de laver les récipients qui avaient servi ce jour-là.

"Grim, tu peux venir t'occuper des pansements ?..."

Pas de réponse.

"Grim...?"

Intriguée par le silence, la jeune femme alla passer la tête dans l'encadrement de la porte qui donnait sur la pièce principale du dispensaire tout en s'essuyant les mains. Devant la scène qui s'offrait à elle, Noä ne put retenir un sourire tendre qui ne lui aurait jamais échappé pendant la journée. Le petit garçon s'était endormi sur un tabouret au chevet d'un malade, et il penchait dangereusement vers l'avant. La journée avait été rude pour tout le monde, avec ces quatre patients atteints d'intérite frigaire ; ce n'était pas très grave, mais il fallait bien surveiller les plaies pour vérifier que l'infection ne reprenait pas malgré l'application de la pommade adéquate. Grim avait fait de son mieux, mais il n'était qu'un enfant. Son enfant, comme Noä se surprenait à le penser. Il avait beau ne pas être le sien, il avait beau avoir une maman qui combattait quelque part dans les plaines, c'était elle qui s'en occupait, plus que n'importe qui d'autre.

Elle déposa le linge qu'elle tenait sur le dossier d'une chaise, et vint doucement cueillir le petit. Il nicha son minois dans le cou de la jeune femme sans se réveiller. Un automatisme, une certaine reconnaissance qui faisait chaud au coeur d'Alenoä ; il avait fallu des mois pour qu'ils s'apprivoisent mutuellement, du temps pour qu'il soit en confiance, du temps pour qu'elle accepte sa présence autrement que comme un compromis avec la vie qui ne lui donnait toujours pas de descendance. A présent... Elle ressentait le temps qui passe comme toutes les mères, malgré qu'elle n'en soit pas une : son garçon grandissait un peu plus à chaque fois qu'elle le prenait dans ses bras, et elle aurait voulu le faire rétrécir, le garder niché contre elle à jamais, ou au moins, encore un peu. Oh, ce n'était pas un sentiment ouvertement exprimé, elle était la plupart du temps d'une juste sévérité, du moins elle se plaisait à le croire. Mais il y avait ces moments volés, où elle pouvait se laisser aller à bercer un petit être, sentir son souffle chaud contre son épaule, et savoir qu'il avait confiance en elle.  Trésor inestimable pour Noä. Elle vieillissait, et elle commençait à se dire que Grim serait peut-être la seule famille qu'elle aurait. Elle protégerait sa famille, coûte que coûte. Alenoä avait déjà perdu les siens une fois, et les bruits qui couraient sur l'île blanche lui faisaient craindre une nouvelle période sombre. Mais cette fois, elle ne se cacherait pas derrière le tas de bois, elle ne serait pas inutile. Elle espérait que la hache appuyée contre le mur près de la porte d'entrée ne servirait jamais, mais si elle le devait, elle saurait comment faire.

La jeune femme clopina lentement dans les escaliers, portant l'enfant malgré que sa jambe la fasse souffrir d'avoir été trop longtemps debout ce jour-là. Elle avait beau être invalide, elle avait une certaine habitude de ce genre de fins de soirée. C'était une scène qui se reproduisait souvent, car Grim avait beaucoup de mal à ne pas aller au bout de sa tâche. Qualité et défaut, tout à la fois, qui lui faisait espérer de grandes choses pour l'avenir. Elle chantonnait doucement des notes sans queue ni tête, la voix basse.

Enfin, elle arriva en haut, et pu déposer son précieux fardeau dans le petit lit. Remonter les couvertures, les fourrures pour qu'il ait chaud, le border, écarter les mèches de cheveux vagabondes de son visage. Gestes d'une tendresse infinie de la mère pour sa progéniture. Grim se retourna dans son sommeil, et elle sourit. Il était encore trop léger, il faudrait qu'il mange un peu plus, qu'il se repose, mais il mettait tout son coeur à l'aider.

En rejoignant sa propre couchette, Alenoä se dit que finalement, elle n'avait peut-être besoin de rien de plus.




Où as-tu trouvé le forum ? Quelque part à Vuulte, je creusais pour trouver de l'ithylium et POUF ! un forum.
Première Troisième impression : Oh misère, j'ai fait une infidélité à Matroos ._. PARDONNE-MOI PAYS DE MON COEUR ;__;
Robin Hobb ça te parle ? Oh oui ♥__♥
Tes autres pseudos habituels : Kathy. Et sinon, Venycia la rousse et Varen le gris.

Agazhar Börl
Oracle

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Posté dans Re: Alenoä Osfrid   - Lun 12 Aoû 2013 - 6:03

Citation :
c'est très pratique pour éviter que son apprenti ne mette le feu à la maison.
Trop mignon ♥

Citation :
Oui, ceci est une pure excuse pour garder le bâton super classe sur l'avatar sans faire magicienne grosbill.
Ptdrrr ! ça pouvait aussi être une canne lanterne 8D

Citation :
AMBITIONS : Que tout le monde meure de vieillesse aux Erfeydes, et c'est pas gagné. Sinon, avoir des enfants à elle. Ou, grand rêve secret, disséquer un étranger pour voir comment c'est fait dedans.
AWESOME xDD

Citation :
En effet, la guérisseuse voit des combattants à poil toute la sainte journée, et elle n'en profite même pas, ce qui rendrait verte son alter-ego matroscien.
Mais... *pliée de rire*
Tu t'es éclatée sur cette fiche 8D

Eh ya du potin avec Tyrion aussi ! Affaire à suivre dans les feux de l'amour ijien /BIM/

Bon, j'ai du imprimer ton histoire pour la lire tranquillement à midi autrement j'aurai mis 10 ans et j'aurai toujours été interrompue mais... ça en valait la peine ** elle est trop belle cette histoire ! J'adore le personnage !

Il y a juste une chose à corriger et je pourrais valider : le vouvoiement n'existe pas aux Erfeydes :p

Alenoä Osfrid
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Posté dans Re: Alenoä Osfrid   - Lun 12 Aoû 2013 - 6:07

Eeeet c'est corrigé o/

Merci pour tous ces gentils mots (oui je me suis éclatée avec cette fiche) x)
Agazhar Börl
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Posté dans Re: Alenoä Osfrid   - Lun 12 Aoû 2013 - 6:12

Perfecto, merci o/

Bon RP sur le meilleur des trois pays *fui*
Fjölan Kallhjärta
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Posté dans Re: Alenoä Osfrid   - Lun 12 Aoû 2013 - 8:39

Okay je suis déjà fan de Noä. Fjö va vouloir la kidnapper.

GG pour cette très belle fiche, Veny. *-*
Delian Howk

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Posté dans Re: Alenoä Osfrid   - Mar 13 Aoû 2013 - 6:35

Mon doudou glacé est arrivé!! ht456h

Ahem...
Citation :
Ou, grand rêve secret, disséquer un étranger pour voir comment c'est fait dedans.
wait! wut? °____°

Citation :
Oui, ceci est une pure excuse pour garder le bâton super classe sur l'avatar sans faire magicienne grosbill.
Muaha xD

Citation :
Quand on a jamais l'occasion de se promener à poil (haha) et qu'on court partout comme une folle pour racommoder des gens, on en a un peu rien à cirer. Mais c'est très doux, je vous jure.
Non, mais non quoi. AHAHAHAAH xD

J'aurai pu en citer beaucoup des comme ça.
La meilleur fiche que j'ai jamais lu. J'adore ♥️

*encore morte de rire devant certaine citations*

PS: nice l'avatar :-D

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Posté dans Re: Alenoä Osfrid   -

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