Histoire
Ma mère a eu le mauvais goût d'être belle, donc elle a vécu dans des souffrances abominables avant de mourir a dix neuf ans - moi j'en avais six - en mettant au monde un de mes petits frères, dans l'indifférence générale. Une biographie extrêmement répandu pour une femme du désert. Donc j'ai passé les quatre premières années de ma vie dans la tribu qui asservissait ma maman, j'ai eu les tatouages sur le bras et tout ça, puis des pillards sont arrivés et ont emmenés ceux qu'ils ont pas tué jusqu'à la ville du volcan. J'ai failli crever pendant le trajet, mais j'étais petit encore.
Ensuite bah... j'ai passé mon enfance. C'était chiant. Disons que j'avais pas la situation sociale qui permet une intégration rapide et sans douleur. Des difficultés à trouver à manger, aussi, et c'est pas ma mère qui allait m'aider vu qu'elle était à peine capable de parler. Au moins ça m'a appris à me démerder tout seul très tôt, vu que les autres gamins me lançaient des trucs quand ils me voyaient approcher. Et ça me faisait pleurer. Mais j'ai tué mon premier Koït à coup de caillasse tout seul ! Bon après j'ai mal fait cuire la viande et ça m'a rendu malade comme un chien, mais il faut un début à tout. Peu importe, ce savoir dûrement acquis m'a permis de vivre jusqu'à mon adolescence.

Y avait un type qui venait me voir. Vraiment gentil avec moi. Trop, apparemment. Ils ont dit après que ça allait pas du tout, que c'était malsain, puis ils l'ont tué et balancé son cadavre dans le désert. Mais moi je l'aimais bien. Ils m'a appris à chasser comme il faut, m'a filé des fringues et mes premières armes. C'est grâce à lui que j'ai pas explosé en vol à l'âge adulte. Les autres me respectent parce que je sais me battre. Grâce à lui. Mais j'ai dû me marier vers mes quinze ans avec une conne qui pond un chiard par an, histoire d'être respectable. Ah, quand j'étais le fils de personne y en avait pas un pour me filer à bouffer, mais maintenant que je sais buter ces cons de korruliens et que je rapporte des peaux d'Ezealle j'ai le droit à l'intégration. Les gens marchent comme ça, parce que c'est des connards.
Mais bref, à un moment je me suis enfui de mon mariage arrangé et de mon clan, un peu avant mes vingt ans, pour aller à la Ville. Quelle ville ? J'en sais rien, j'ai dû quitter le désert deux fois dans ma vie tu sais. Donc, une fois là dedans bah... j'ai fait grave de la merde pendant quelques mois, mauvaises mœurs, mauvaises fréquentations, puis je suis rentré chasser mes bestioles, en ramenant un sérieux problème avec les substances psychoactives et quelques maladies vénériennes, que j'ai refilé à l'autre connasse. On peut pas chasser en ville, alors on vit comme de la merde. Enfin... j'étais content de rentrer pour les gosses. Ils sont rigolos. Ils font plein de bruit et j'ai souvent aucune putain d'idée de ce qu'ils racontent, et quand il y en a un qui meurt ça me rend triste, un peu, même si je devrais pas.