Mira Strauss

Mira est née sous le nom d'Erza que sa mère lui a donné. De sa mère, elle n'en a aucun souvenir et tout ce qu'elle sait de son enfance elle le tient de La Mama, matrone de la Maison du Cadran, où elle est née. Iris était une prostituée travaillant pour le Cadran jusqu'à ce qu'elle tombe enceinte d'un Marchand, et plutôt que de faire appel à une faiseuse d'ange elle a tout simplement décidé de garder l'enfant pour faire chanter le riche client et se faire un paquet d'argent. Trop naïve, trop ambitieuse ou trop idiote ou encore les trois à la fois, elle est retrouvée assassinée alors que sa fille n'avait que cinq ans. N'ayant d'autre choix que d'accoucher au Cadran, La Mama semblait avoir gardé un œil sur Erza et quand cette-dernière s'est retrouvée seule, elle y a vu là l'occasion de faire naître un tout nouveau genre de prostituée : les filles supérieures.
Les années passent et Erza devient une prostituée éduquée, sachant lire, écrire, danser et chanter mais l'ambition gagne peu à peu le cœur de la jeune fille. La Mama le remarque et lui donne toutes les cartes pour se comporter comme une vraie Marchande, lui apprenant le raffiné, le subtil et le bon goût, y voyant-là une manière de s'enrichir en passant un accord quant au pourcentage sur les bénéfices d'Erza. Le reste, c'est Erza qui l'a appris ; elle s'est découverte un véritable talent pour jouer la comédie et, à l'instar d'une comédienne de théâtre, changer de personnalité du tout au tout.  Si un maris se lassait de sa femme coincée et haut perchée, alors une jeune femme audacieuse et allumeuse devrait lui convenir ; si une femme se sentait délaissée par un mari souvent en mer, alors les baisers d'une femme douce et tendre, lui insufflant des mots d'amour à l'oreille et lui offrant une oreille attentive devrait  la réconforter. Décidant de pousser le jeu jusqu'au bout, elle abandonne son nom, se teint les cheveux, modifie la couleur de ses yeux Rien n'est laissé au hasard, tout est question de minutie. Très vite, elle vise plus haut, plus grand et La Mama lui donne des contacts beaucoup plus influents et beaucoup plus riches; toujours plus d'argent, toujours plus de profit. Cependant, elle sait que tout pourrait se volatiliser du jour au lendemain, à la moindre erreur. Intransigeante envers elle-même, sans pitié pour ses erreurs, elle corrige le moindre de ses défauts apparents et se crée une image de femme riche, élégante, cultivée. Les années passent jusqu'au jour où elle se rendît compte qu'elle en voulait plus; il ne lui suffisait plus de faire semblant d'être cette femme : elle voulait le devenir. Il fallait que les femmes crèvent de jalousie, que les hommes courent à ses pieds pour qu'elle leur accorde un regard. Elle voulait l'élite de la société, les hommes Marchands et Bourgeois qui la couvriraient de cadeaux sans compter. Tandis que la jeune femme ne savait pas comment faire sans se brûler les ailes, la solution lui fût apportée sur un plateau d'argent par un homme : Valerian de l'Illusion. Elle n'oubliera jamais le long frisson qui lui avait parcouru le dos lorsqu'elle posait la première fois ses yeux sur lui. Des hommes dangereux, transpirant la violence, elle en avait déjà rencontré et elle les évitait, mais Valerian, lui, était au-dessus de tout ça. Il ne posait pas un regard possessif sur elle, il ne tentait pas de la dominer, n'employait pas un ton condescendant et rien ne laissait envisager qu'il avait le poing facile comme les quelques brutes qu'elle croisait et que La Mama faisait chasser ou qu'elle même fuyait quand parvenait à démasquer le danger que représentait un client dangereusement doux. Valerian était un prédateur mais si calme, si réfléchi et intelligent qu'elle savait d’instinct qu'elle n'aurait aucune chance face à lui. Elle se félicita alors de sa propre intelligence, et c'était stoïque qu'elle l'affronta. C'est ainsi qu'elle entra secrètement au Conclave, en tant que Dramaturge, et si elle se sait en situation extrêmement dangereuse, plus précaire qu'avant, son assurance et son talent font d'elle une redoutable femme d'affaire. Il lui offrit les contacts dont elle avait besoin et cette vie de luxure qu'elle gérait par la suite très bien, grâce aux premiers clients donné par Valerian. Soirées, bals et fêtes lui ont permis de la mettre dans le lit d'hommes fortunés et plus ou moins proches du Gouverneur et elle donne informations et renseignements au Conclave. Ses excellentes capacités de gestionnaire lui permettent d'administrer au mieux Vama Muerta, et son statut lui offre une excellente couverture. Qui pourrait deviner qu'une riche et belle femme aussi distinguée et aux manières si raffinées, serait en réalité une prostituée gérant un gang trafiquant d'armes, de drogues et de putes appartenant à un réseau secret et mafieux ?