Kjeld Nöhreim

Chapitre I

La perte d’un être cher est aussi douloureuse qu’imprévisible, cela peut vous surprendre à tout âge, qu’importe la race, le sexe ou quoi que ce soit d’autre. Kjeld en avait parfaitement conscience, il y a presque un an maintenant qu’il a perdu son père, Fröjst le Bouclier Carmin -surnom gagné à force de batailles et de mêlées-, digne Hanëk que devait remplacer sa mère Märein car ses fils étaient encore trop jeunes… Surtout lui, l’aîné. A quinze ans, il n’était pas encore assez mature pour diriger des hommes. Il aurait plus aisément accepté la critique si la lourde tâche qu’incombait sa mère ne l’épuisait pas au plus haut point. Là où ses enfants avaient déjà accepté ce fait, elle souffrait encore de la perte de son mari.

Voilà pourquoi Kjeld était toujours aux côtés de Märein quand elle ordonnait, quand elle punissait et quand elle félicitait les membres du clan. Déjà pour confirmer sa position d’Héritier aux yeux de tous, ensuite pour soutenir sa mère quand elle en avait besoin, lui maintenant discrètement le bras quand ses vertiges la prenaient. Ses frères les suivaient d’un peu plus loin, mais il les surveillait du coin de l’oeil. Tömæs, qui allait avoir treize ans, revenait de ses entraînements épuisé, mais il arrivait très bien à s’occuper du petit dernier de deux ans à peine, Sïg’.

Dans cet équilibre instable, la faiblesse d’une mère complètement abattue par la disparition de celui qu’elle aimait tant, un aîné encore sans pouvoir, un cadet dépassé et un benjamin encore trop petit pour comprendre, les Nöhreim semblaient voués à disparaître… C’était sans compter sans le soutien des membres du clan. Jamais il ne sembla plus uni, plus soudé et solide que dans cette tragédie. Durant les deux années qui suivirent la mort de Fröjst, l’humeur était loin d’être à la fête, mais la détermination de chacun fit que le clan put continuer à vivre, à s’épanouir… disons même, à renaître de ses cendres.


Quand ils rentrèrent enfin dans leur chaumière, Märein alla directement au lit, sans même manger ni boire… Kjeld la suivit du regard, soupira et alla préparer à manger pour ses petits frères. Cette ambiance donnait l’impression qu’il faisait aussi froid à l’intérieur qu’à l’extérieur… Mais aucun d’eux ne pouvait soulager la tristesse de leur mère. Ils se serraient les coudes comme ils pouvaient, les deux plus grands équeutant les légumes ensembles tandis que le benjamin faisait entendre parfois quelques gazouillis heureux alors qu’il jouait au sol, assis sur une peau de bête duveteuse.

Petit à petit, la joie innocente du petit dernier attendrit ses aînés, qui le sourire aux lèvres, commençaient à discuter de la journée que l’un et l’autre venait de passer, de la force de l’hiver qui faisait rage dehors, du fait que Sïg’ commence à s’affirmer… D’ailleurs, celui-ci, intrigué par l’activité de ses frères, finit par lâcher son jouet en bois et par les rejoindre. Il tripote quelques légumes et essaye de “faire comme les grands”, sous les yeux attendris de Kjeld qui se leva pour aller préparer la viande.

-Tömæs, fais chauffer la marmite.

Le cadet s’exécute et commence à cuire les légumes avec une motte de beurre… Kjeld y ajoute la poitrine et les côtelettes de Jölgalt découpés à grands coups de hache. En attendant que ce soit prêt, ils se remettent à table… Et alors commence les révisions. :

-Donc, reprend Kjeld en sortant une pochette en cuir d’où dépasse plusieurs peaux noircies d’encre, nous en étions où la dernière fois ?

-L’union du clan avec les Wedos des Cîmes. soupira la cadet. Tu sais on peut…

-Non Tömæs, l’Histoire c’est important aussi.

-Histoi’e ! s’écria Sïg’, fier de connaître ce mot.

Kjeld sourit au petit avant de sortir d’un tiroir d’un buffet, un petit pot joliment décoré. Il le secoua et laissa échapper un juron. :

-Kounþaghör (chiure de Koun), l’encre a encore gelé.

-Laisse-moi faire.

Tömæs utilisa son lien de Feu pour réchauffer doucement l’encre, faisant grimacer Kjeld. Il n’aimait pas qu’on utilise de l’ithylium pour si peu, mais il ne pouvait pas passer outre les études du jeune garçon. Il s’empara d’une belle plume de Strix et s’appliqua pour écrire.

Après avoir appris tout ce qu’il y avait à savoir sur l’arbre généalogique des Nöhreim, il devait maintenant savoir comment ils s’étaient unis aux Wedos des Cîmes. D’abord grâce à Nåsr, le premier Hänek du clan qui était un bon ami du Hön qui se rendaient souvent mutuellement service… Et puis vint un jour où les Wedos durent faire face à un clan à l’époque aussi puissant qu’eux… Quasiment tous les Nöhreim s’étaient déplacés pour leur prêter main forte. C’est après cet événement qu’ils s’unirent officiellement…

Quand Tömæs fut capable de tout citer par coeur, Kjeld referma la pochette de cuir et rangea avec l’encre et la plume. Il se dirigea ensuite vers la marmite et servit ses frères… Il ne sortit même pas d’assiette pour leur mère, il savait qu’elle ne mangerait pas ce soir. Elle ne voulait même pas goûter cette délicieuse cocotte de Jölgalt. Ils mangèrent en silence, lavèrent les plats en silence et allèrent se coucher en silence… Sauf le petit Sïg’ qui cria presque après Kjeld. :

-Hisoi’e !

-Pas ce soir Sïg’...

-S’il-te-plaît… Raconte donc encore ce que tu as vécu au Labyrinthe Mo Duinne si tu n’as pas d’idées…

L’aîné eu un sourire en coin, borda le benjamin et s’installa dans le fauteuil de la pièce. Il n’avait pas envie de conter ce soir… Il se laissa tenter pour une seule raison… Ce serait bientôt au tour de Tömæs d’aller affronter les dangers du Labyrinthe…

Chapitre II (comment ça cette chanson était prévisible ?!)

Je venais d’avoir treize ans… Fröjst jugeait qu’il était grand temps que j’aille à Mo Duinne. Si j’avais pu y aller plus tôt, je crois qu’il aurait sauté sur l’occasion. Notre père était quelqu’un de pressé quand il s’agissait de l’éducation de ses fils. Me voilà donc parti à la conquête de cet étrange édifice avec tout le savoir que j’avais pu engranger, toute la détermination que pouvait avoir un jeune homme et le peu d’ithylium que l’on m’avait accordé.

Les murs étaient immenses, il y faisait sombre, je me sentais comme écrasé par l’immensité du bâtiment qui s’offrait à moi… A peine entré que l’air froid me manquait, et me laissant emporter dans un léger mouvement de panique, j’eus donné n’importe quoi pour voir de nouveau le ciel s’ouvrir au-dessus de moi. Je me repris vite bien sûr, je n’avais pas le temps d’être effrayé par cet endroit si grand et si confiné à la fois.

Ce ne sont pas les premiers jours qui semblent les plus longs, mais les premières heures… On se retrouve seul dans la pénombre, on s’engage dans les chemins au hasard en se fiant à l’ouïe pour savoir si une bête hideuse ne se trouve pas au détour du prochain carrefour,... Les sens sont en alerte et pourtant rien ne se passe… d’abord content d’avoir été oublié par la dure loi de ce lieu, puis presque attristé.

Et puis on tombe sur notre premier adversaire, monstrueux, immense… On se sent de nouveau impuissant, incapable de surmonter une telle tâche. Mais on l’accomplit, on n’en ressort pas indemne… Et c’est à cet instant qu’on saisit toute l’ampleur d’une pareille épreuve. On aura beau s’y être préparé à fond, avoir bu les paroles des aînés jusqu’à la lie, ce n’est vraiment qu’à partir de là, que tout s’éclaire dans notre esprit.

Si on arrive à passer outre ce moment d’angoisse intense sans feindre, alors on peut sortir de Mo Duinne. Celui qui ne peut pas, ne sort pas. J’avoue ne pas y être arrivé tout de suite… J’ai d’abord songé que je rêvais, que je n’y étais pas encore, puis je me suis mis en colère. Comment on peut laisser entrer des gamins comme ça, sans grandes expériences, dans un endroit pareil ? Je me calmais presque aussitôt pour prendre conscience qu’effectivement, je ne savais rien. J’aurais pu me laisser aller à la dépression si je n’avais pas pris conscience que, justement, mes entraînements et l’écoute assidue de mes cours servaient à quelque chose… Sinon, je n’aurais pas pu me débarrasser de mon premier adversaire.

Après cela, j’ai repris mon chemin, comme si rien n’avait été… sinon que j’étais devenu plus fort, psychologiquement. J’ai affronté d’autres animaux sauvages, je me nourrissais de leurs chairs et je continuais d’avancer… Ça devient vite une lubie. On a peur de s’arrêter, de perdre du temps, de perdre un combat, de perdre son chemin… de perdre simplement. Devant un énième combat, je me suis tétanisé quelques secondes. En fin de compte, à quoi cela servait-il que je continue d’avancer ? Je ne pouvais pas aller au bout, c’était certain, je n’étais qu’un gamin, que pouvais-je bien accomplir ? La vie était soudainement devenue injuste. L’animal face à moi me décocha un coup qui me fit voler plusieurs mètres en arrière… Je peux le dire aujourd’hui, je crois que ce jour-là j’ai pris le réel sens de la vie en pleine gueule. Je me suis relevé et j’ai littéralement massacré la bête. J’en ressortais avec une côte fêlée et une autre vision de l’existence… L’enfance était terminée.

Juste derrière le cadavre de la… chose m’ayant attaqué, se trouvait le passage menant à l’étage supérieur. Je m’y engouffrais en courant et aussitôt arrivé, le vent s’engouffrant dans les couloirs du Labyrinthe fouetta mon visage. Il faisait froid et humide, mais j’étais bien. J’étais né dans ces éléments, je les maîtrisais. Je retrouvais un peu de mon chez-moi, de ma rage de vaincre et surtout, de moi-même. J’étais un Nöhreim. Glacé mais ne tremble jamais.

Une semaine… Toute une semaine à parcourir les couloirs parfois éperdu, parfois conquérant, toujours un peu plus abattu par l’immensité et par cette sensation de n’être rien dans ce tout. J’étais blessé de partout, je boitais à cause de ma cheville que j’avais tordu, je saignais… et je devais redescendre à l’étage inférieur, pour ma plus grande tristesse. A la fin, je rampais plus que je ne marchais. Mais quand je l'aperçus enfin, au détour d’un couloir, la lumière salvatrice m’annonçant la fin du calvaire, j’en souris au point d’éclater mes pauvres lèvres gercées par la soif et le froid.

Ce sourire qui s’effaça bien trop vite… Je l’entendis d’abord, des pas lourds qui faisaient vibrer le sol. Je me retournais difficilement pour avoir la confirmation : un Skunk se trouvait devant moi. Passé le choc d’une telle rencontre dans un lieu pareil, suivi d’un long moment de réflexion me demandant s’il m’avait vu ou pas, le prédateur féroce tourna son hideux faciès vers le mien. Je m’emparais trop précipitamment de mon dernier flacon d’ithylium qui se renversa à terre… à mes pieds…

Le Skunk chargea et je dus faire avec mon peu d’espoir qui coulait au sol. J’ai du faire un mouvement trop ample ou, peut-être, la panique a outrepassé mes limites habituelles concernant mon lien… Toujours est-il que c’est à cet instant que je fis l’un des plus beaux murs de glace de ma vie. J’en restais abasourdi, il faut dire que j’avais déjà fait quelques murs, mais encore informes et petits… Celui-là atteignait le plafond et bloquait totalement l’animal qui poussait des hurlements de frustration. Puis il commença à charger la glace qui commença à céder… un peu trop facilement à mon goût. Je me dépêchais de filer vers la sortie, honteux de ne pas pouvoir me battre…

J’ai fait beaucoup de promesse pour moi-même tout en gravant mon nom sur l’arche : celle de ne plus me laisser envahir par la terreur, celle de toujours avancer, celle de ne jamais perdre et surtout celle de ne plus jamais tourner le dos à un ennemi.


Märein entra dans la chambre de ses trois garçons en silence ; il était tard, ce serait dommage de les réveiller alors que leurs journées sont bien remplies. La scène sur laquelle elle tomba la fit doucement sourire. Sur le fauteuil, Kjeld s’était endormi, sans doute en racontant une histoire ou en chantant une berceuse, avec Sïg’ dans ses bras et Tömæs assis au sol, couverture sur les épaules et tête posée sur les genoux de son aîné. Tous les trois avaient un long filet de bave s’écoulant de leur bouche ouverte. Bien que ce soit attendrissant à souhait, Märein n’en trouva qu’un maigre réconfort… Tout dans ses enfants lui rappelait Fröjst… Oui, même ce filet de bave. Surtout en fait.

Elle referma la porte de la chambre et contempla la salle commune… Tout était propre, tout était rangé… alors qu’elle n’avait plus rien fait dans cette maison depuis un an, depuis la mort de son mari. Elle serra ses bras autour d’elle, se sentant dépassée, presque humiliée… Elle n’était plus une femme, elle n’était plus une mère, elle n’arrivait plus à être Hänek… La honte fit naître quelques larmes aux coins de ses yeux gris éteints…

Chapitre III

Contemplant sa mère en contrebas, Kjeld ne laissait paraître aucune émotion sur son visage. Bien sûr, il était triste… Non, le mot juste serait “dévasté”... Mais il n’arrivait pas à correctement faire le tri dans ses émotions. Il regardait le corps de sa mère, habillée sobrement de blanc, maigre et pourtant toujours aussi belle. Il avait de nouveau perdu un membre de sa famille et une nouvelle fois, il avait été impuissant. A ses côtés, Tömæs semblait tout aussi impassible, sinon qu’il laissait parfois s’échapper un sanglot, vite maîtrisé. Sïg’ pleurait à chaude larmes en silence, tentant de se contrôler aussi bien que ses aînés.

Les trois frères se tenaient la main, avec derrière eux, le reste de la famille tout aussi éplorée : Kolld leur oncle avec sa femme Heïn, leur grand-tante Anë, leur cousine Myrë et son père Istörk. Enfin, un peu plus éloignée du reste de la famille, les membres du clan affectés par cette nouvelle disparition. Kjeld prit une longue et lente inspiration, sa voix emplit le silence du crépuscule naissant. Il fut bientôt suivi par ses petits frères qui reconnurent une vieille berceuse que leur chantait leur parent.

Des vieux ensemble festoient en cette journée
Ils mangent et boivent jusqu’à être rassasiés
Dans une salle chatoyante qu’ils ont trouvé
Pour ici, accueillir les âmes de nos décédés

Au milieu de cette démesure d’excès
Une prophétesse, vision de grâce,
Offre à ceux qui dans la gloire ont trépassé
Une épée de flamme et une hache de glace

Ceux qui arrivent à faire leur choix
A tout ceux qui ont besoin de peu
A eux seuls le chemin de la paix se déploie
Aux autres le banquet leur reste immuable

A ceux qui veulent changer les couleurs du temps
Changer les couleurs du monde
Le soleil levant, la rose des vents,
Le sens où tourne notre ronde,
L’eau d’une larme et tout l’Océan
Sans fin, qui gronde,
Découvrira le firmament.

Une fois le chant terminé, le soleil était presque levé. Kjeld lâcha la main de son frère et se retourna vers les membres du clan. :

-Allons-y.


Assis sur un fauteuil en bout de table, Kjeld contemplait son clan se réjouir pour lui, usant et abusant de nourritures et d’alcools forts. Parfois, un sourire éclairait son visage en voyant ses amis faire une quelconque ânerie, s’amusant de peu à cette heure-ci. Mais la plupart du temps, son expression était figée, impassible, ses pensées envahies de mille choses à faire, de mille angoisses de nouvel Hänek. Tömæs entra dans la salle de banquet et se défit de sa cape en fourrure… Il revenait de chez eux, après avoir couché Sïg’. Il s’assit lourdement aux côtés de son aîné en caricaturant son faciès. :

-Tu devrais moins sourire Kjeld, tu vas avoir des rides.

-Ferme-la Tömy.

-Non mais plus sérieusement… Tu ne peux pas profiter un peu là ? Demain ne va pas être une partie de plaisir. ...Les journées qui vont suivre aussi d’ailleurs.

-C’est notre devoir en tant que Nöhreim…

-Sans blague ?... Mince tu me l’aurais pas dit, je l’aurais pas deviné !

Kjeld salua l’effort que mettait son frère à le faire réagir en souriant. :

-Comment va Sïg’ ?

-Il pleure encore la nuit… Mais il arrive à s’endormir maintenant.

Ils grimacèrent. Certes, ils s’étaient toujours occupés de leur benjamin depuis la mort de Fröjst, mais ils savaient qu’élever un enfant était une lourde tâche. D’autant plus qu’ils ne sont que des frères… Ils ne pourront jamais remplacer l’autorité ou la tendresse parentale.

Kjeld se décida enfin à se lever, il demanda l’attention de tous en prenant son verre. :

-Ecoutez-moi, membres des Nöhreim, je voudrais porter un toast à vous tous.

Tous se retournèrent étonnés, ils n’avaient pas l’habitude de voir Kjeld s’exprimer clairement, ayant toujours laissé parler ses parents… Mais maintenant, cela allait changer, ils allaient devoir s’y habituer. :

-Grâce aux efforts de chacun d’entre vous, des plus jeunes aux plus vieux, des guerriers aux sages, le clan a su traverser une période longue et difficile. Et bien que les morts de Fröjst au Bouclier Carmin et Mareïn au Coeur de Glace nous ont tous affectés, vous avez été les premiers à vous relever et à affronter la douleur qu’a apporté leur disparition.
Je suis fier de vous, autant que mes parents doivent l’être de là où ils sont désormais. Je tenais à vous remercier, tous. Vous êtes forts, vous êtes endurants, vous êtes courageux,... Vous êtes des Nöhreim.

-Glacé mais ne tremble jamais ! hurla la foule.

Kjeld but son verre d’un trait.

Chapitre IV

Kjeld, âgé de 21 ans, regardait ses troupes fendre la ligne ennemie… Un peu trop facilement à son goût. Les fidèles des Wedos, dans ses souvenirs, étaient pourtant plus coriaces. Tömæs à ses côtés, examinait le parchemin sur lequel était inscrit le plan de bataille. Lui aussi semblait inquiet par la tournure que prenait les choses. Le clan maîtrisait tout particulièrement leur lien, sauf qu’il était inutile dans ce genre de bataille entres Erfeydiens. Kjeld redoutait un retournement de situation…

Ce qui se produisit. Les ennemis se refermèrent autour de la brèche qu’ils venaient de créer, le clan était encerclé. Kjeld prit sa hache, donna des directives aux messagers pour le reste de la troupe et partit aider son clan en difficulté.

-Tömy. Bouclier. Avec moi. Maintenant.

Dans les moments de panique tel que celui-ci, il avait tendance à ne pas faire de phrases construites. Les deux frères se jetèrent dans la mêlée, accueillis par les regards soulagés des membres du clan. Kjeld donna de la voix pour se faire entendre de tous. :

-Repoussez-les ! Ne les laissez pas vous forcez à reculer !

A ces mots, il planta ses jambes au sol, pour avoir ses appuis stables au maximum et fit un geste ample de ses bras pour débarrasser son ennemi, courant vers lui, de son arme. Il avança tout continuant à désarmer et blesser ses attaquants. Comme le reste de la troupe faisait de même, le piège se retourna vite contre eux… Les renforts Nöhreimiens arrivèrent et bientôt, ils réussirent à maîtriser les ennemis.

Des cris de joie se firent entendre, le clan adverse battait en retraite… Mais Kjeld savait que c’était loin d’être terminé. :

-Tömæs et vous autres, avec moi. Gardez vos armes en vue et prêtes.

Il fendit la foule et se dirigea vers le camps adverse, il devait parler au chef qui n’acceptait pas la nouvelle Hön. Le silence se faisait quand il traversa les différentes tentes de fortune, et quand il arriva devant la plus grande de toute, l’homme à qui il devait parler l’attendait déjà dehors. :

-Hän Nöhreim, tu as été à la hauteur de ta réputation.

-Merci Hän Vergän, mais assez de compliments veux-tu ? Nous avons à discuter de ce qui nous a emmené aujourd’hui sur le champs de bataille.

-Il n’y a rien à discuter. Cette Kallhjärta n’a aucun droit sur cette faction, et donc sur mon clan, je lui ferai la guerre autant que je le désire.

-Et ainsi perdre ton clan auquel tu tiens tant ? Réfléchis bien Hän Vergän, même dissolue en ces temps de trouble, les Shaas restent puissants. Tu ne pourras…

-Assez ! Je ne laisserai pas un jeune incompétent tel que toi me dicter ma conduite ou me dire ce qui est raisonnable de faire !

Kjeld soupira en grimaçant… Ce genre de personne était ce pourquoi les Erfeydiens continuaient à se taper dessus aveuglément, parce qu’il ne connaissait que ça. Cela l’attristait de devoir s’en prendre ainsi à des frères de sang, mais s’il fallait ça pour avoir un semblant de paix, qu’il en soit ainsi. :

-Dire que cette conversation avait commencé avec un compliment… Bien, dans ce cas, nous nous retrouverons une dernière fois sur le champs de bataille… avant de dire adieu à ton clan.