Zechariah Kurljones

Peau claire et yeux jaunes. Voilà que Zechariah venait de rater son entrée dans le monde. Un père kormulien, une mère matroscienne... on aurait pu s'en douter.
Vivant à Matroos, aux alentours de la capitale de Sant Poseïnos, il ne vit que rarement son père. Une fois en fait. Et il n'avait que trois ans. Ou deux et demi. Les sources ne sont pas très fiables sur ce point. Enfin, démerde-toi avec les souvenirs paternels après ! Mais, rassurez-vous vite. Entre l'amour débordant de sa mère qui le cache aux yeux de tous et la chasse aux sangs mêlés qui semblait être à son apogée, il va pouvoir se refaire. En effet mois d'un mois après son quatrième anniversaire une milice fit irruption chez eux. L'information qui les avait fait venir jusqu'ici était correcte et ils se défoulèrent avec joies. Après avoir violé et torturé sa mère, ils l'avaient exécuté pour son odieux crime tandis que d'autres attendaient leur tour en frappant l'enfant avant de le jeter contre un mur qui aurait dû l'achever. Joyeux anniversaire en retard Zechariah ! Au moins, tu te souviendras toujours de cette journée.

Ce n'est que très tard dans la soirée (ou bien était-ce déjà le lendemain ?) qu'il reprit connaissance. Grâce à la gentillesse (qui rime souvent avec lâcheté) des voisins, personne n'était entré chez eux depuis le départ de la milice. Il put ainsi découvrir le cadavre de sa mère baignant dans son propre sang dû aux nombreuses incisions effectuées par les lames des soldats. S'en suivirent bien évidemment des pleurs et des cris bruyants qui ne furent calmés que par la bienveillance (toujours !) des voisins qui lancèrent plusieurs objets par les fenêtres (en en brisant certaines) jusqu'à ce qu'il comprenne la raison de leur agacement. Ce fut une demi-bouteille de Vanylla Skaï contrefaite qui lui expliqua cela en « discutant » de manière claire et concise avec son crâne.
Et le voilà de nouveau en train de dormir. Remarquez, c'est mieux pour son corps, car il peut ainsi récupérer de ses différents os fêlés, articulations foulées, coupures, etc. Il passa ainsi près d'un mois dans cette maison à grignoter ce qu'il trouvait avant que l'odeur du cadavre ne gêne les voisins au point qu'ils entrèrent dans la demeure (interdite à leurs yeux) pour enterrer le corps puant. Puis ce fut le tour des pillards qui vinrent se servir de tout ce qui pouvait leur être utile. Pendant tout ce temps, Zechariah assistait à ces scènes, caché dans son abri, invisible à tous ces visiteurs. Cependant, sa mère définitivement partie, l'absence cruelle de nourriture et sa maison lui devenant de plus en plus étrangère le poussèrent à sortir dans la rue où il réussit tant bien que mal à survivre.

Avant de mourir de faim ou plus simplement égorgé par un autre fugitif, il fit la connaissance d'un gamin des rues, Thoé. Du haut de ses 11 ans, il connaissait parfaitement son royaume : la rue de Sant Poseïnos, les patrouilles des milices, les commerçants les plus naïfs, les endroits où il y avait toujours de la nourriture... Malgré les crises de démences de Zechariah qui se prenait à rire ou devenait extrêmement dépressif à n'importe quel moment, les deux garçons s'entraidèrent pour survivre dans ce monde impitoyable. Enfin... Thoé utilisait le naïf Zechariah lors des coups risqués pour se protéger lui-même. Idolâtrant son mentor, Zechariah ne vit rien de cela. Il faut peut-être souligner le fait que Thoé lui avait sauvé plusieurs fois la vie et s'était occupé de lui lors de certaines crises plutôt violentes (Ça, c'est la version de Zechariah. De son côté, Thoé avait juste planqué, dissimulé, fait taire et/ou sauvé le jeune garçon uniquement parce que sa peau était en jeu). Cependant, ce « mentor » disparu quatre ans plus tard. L'amour envers la douce Madeleine, plus fort que cette relation fraternelle, ayant eu raison de l'adolescent.
Heureusement (enfin du positif dans cette histoire), Zechariah avait appris à se débrouiller seul, même si, lorsqu'il se faisait attraper, les passages à tabac étaient encore trop réguliers à son goût. Mais, jamais plus il ne trouva de personnes avec qui partager sa pauvre vie dans la rue en raison de son comportement trop spécial.

Sur ces onze ans, il prit la décision de partir pour Vanylle, espérant y trouver, à défaut d'une vie meilleure, un autre climat. Cependant, ses yeux l'empêchaient de prendre le large trop facilement. Il rendit alors visite à Buzan, l'apothicaire le mieux fourni au nord de la capitale. S'étant foncé la peau à l'aide de pigments ce qui était le moyen le plus facile de circuler en ville aux yeux de tous (quand il ne pleuvait pas !), mais qui irritait énormément, il pénétra dans la boutique. Faisant discrètement chuter un client (mais dont la chute ne fut point discrète elle !), il déroba aisément la potion qu'il désirait.
Cela n'eut pas le moindre effet hormis celui de lui faire vomir ces tripes pendant deux jours. Cela n'eut pas le moindre effet hormis celui de lui faire vomir ces tripes pendant deux jours. Énervé contre le marchand, qu'il insultait de tous les noms, et contre lui-même, il appliqua le reste de la potion sur un œil. Il put suivre la transformation à l'aide d'un miroir qu'il avait « emprunté » pour cette occasion. Tandis que sa pupille devenait grise, il prit calmement sa décision pour résoudre ce problème d'œil restant. Se saisissant de sa dague, il chauffa l'extrémité avant de regarder intensément la pointe qu'il guidait vers son œil jaunâtre. Il ne perdit pas de vue l'extrémité métallique avant que cette dernière ne lui brûle la rétine. Sous la douleur, il serra fortement les dents. Puis une fois la lame sortie de sa caverne orbitale, il la jeta devant lui où elle s'enfonça dans le mur (C'est qu'il vise bien dis donc. Même avec un œil en moins !) avant d'extérioriser sa douleur en criant un bon coup. (Bin oui, ça fait quand même vachement mal ça. Et puis, c'est bien ça d'extérioriser ça douleur. Il n'aura pas besoin d'aller voir un psy dans quelques années).
Suite aux protestations de ses voisins (se crever l'œil et gueuler à deux heures du mat' on a vu mieux comme activité nocturne), il avait trouvé un prétexte pour se défouler et voulut aussitôt les tabasser. Debout, il fit deux pas avant de trébucher sur une marche et tomba en jurant si fort qu'un charretier en aurait eu honte. Il lui faudrait un peu de temps pour s'habituer à sa nouvelle vision du monde et, notamment, aux distances.

Dans la semaine, une nouvelle crise de démence fit son apparition. Celle-ci plutôt violente, elle poussa plusieurs de ses voisins vagabonds à envisager très sérieusement de le tuer dans la soirée. Il faut dire qu'il s'en passait des choses dans la tête de Zechariah. Entre les plats de nourriture à faire saliver un mort, les lits moelleux, les bains chauds et les caisses regorgeant de galon d'or, il venait de comprendre son erreur. Une nouvelle visite chez l'apothicaire lui aurait permis de mettre la main sur un autre flacon et de ne pas perdre son œil gauche (nounouille va !). Maintenant, il lui fallait trouver une potion qui fasse repousser un œil (pas sûr qu'on trouve ça chez l'épicier du coin). Et cela le faisait énormément rire.

Dans la soirée, il avait réuni ses quelques affaires et s'était éclipsé en direction des soutes d'un navire commerçant. Les deux miliciens qui faisaient leur ronde sur le port étaient particulièrement bavards (et accessoirement éméchés) ce qui avait facilité le choix du garçon. « nom du vaisseau » devait prendre le large dans la matinée en direction de l’est. Il s’infiltra discrètement dans le vaisseau et sans bruit trouva la soute où il resta confiné et invisible pendant quelques jours.
Puis ce fut l’abordage. Des boulets fusaient, des trous dans la coque apparaissaient, des marins mouraient en criant… De peur, Zechariah chercha rapidement une cachette qu’il trouva dans le tonneau de bœuf séché qu’il pillait régulièrement depuis son départ. Se cachant dedans, il fut transvasé dans le bâtiment pirate avec le reste de la cargaison sans être découvert (personne n’avait pensé à vérifier tous les tonneaux). Deux semaines plus tard, il fut débarqué à quai et transporté il ne savait où.
C'est l'apprenti cuisinier d’une taverne qui découvrit le resquilleur en ouvrant le tonneau quelques heures plus tard. Cela fut fort malheureux pour ce jeune garçon, qui ne fit plus grand-chose de sa vie par la suite. Avec un couteau en travers de la gorge enfoncé par Zechariah en bondissant de sa cachette, son avenir s'était résumé à : « Aaarghhhglglgl » (qu’on peut aussi traduire par « Ah, bah merde alors ! »).
L'immigrant venait de commettre son premier meurtre de sang-froid (À Vanylle. Il en avait deux autres à son actif à Sant Poseïnos) et cela ne le touchait guère étrangement. À vrai dire il était dans une phase joyeuse depuis qu'il avait découvert sa réserve de viande. Rien ne pouvait entacher son état d'esprit. Pas même le sang qui avait giclé sur sa chemise crasseuse et sur la bidoche séchée. Discrètement, il s'enfuit en emportant le tonneau avec lui. Heureusement que c'était la nuit et que l'arrière court du restaurant où il avait été « livré » était déserte. Il planqua le tonneau dans un coin qu'il jugeait discret (c’est-à-dire, au milieu de 50 autres récipients en bois identiques, près du port) avant de se lancer à l'aventure dans les rues de Vanylle. Sa nouvelle vie commençait plutôt bien !

En fait pas tant que ça. Les gamins de rues étaient déjà bien nombreux et compte tenu des équipages pirates qui faisaient halte ici, les commerçants étaient très méfiants envers les petites frappes comme lui. Mais il persévéra et c'est en se faisant rouer de coups par les apprentis d'un poissonnier, à 14 ans, qu'il eût son idée. L’idée du siècle. Celle avec un i majuscule. Et le d. Et le é. Et le e. Bref, celle qui change toute ta vie et qui ne peut pas échouer (on fait les paris ?) : lui aussi sera apprenti.
Il chercha d'abord un gamin qui lui ressemblait. Au bout de trois mois et alors que son optimisme commençait à chuter, il finit par le trouver. Un gamin à l'histoire classique semblait-il et qui faisait les commissions pour sa famille qui tenait un restaurant. Il le suivit quelques jours et l'abordant pendant qu'il faisait ses emplettes lui parla de la difficulté de devenir apprenti auprès de Siebe, le revendeur joaillier. Ce dernier en cherchait un sans succès malgré la paie plus qu'attirante (le fait que Zechariah ait découragé bon nombre de postulants n'était peut-être pas anodin). La semaine, suivante, le gamin s'était fait embaucher par ledit Siebe. Il se fit alors tabasser plusieurs fois par Zechariah alors qu'il allait travailler. La semaine suivante ce fut Zechariah, la figure tuméfiée (il était tellement facile de provoquer un combat de rue !), qui se présenta comme apprenti. Le cadavre du gamin était allongé deux rues plus loin, la tête enfoncée jusqu’au cou dans une flaque boueuse. C'était le troisième meurtre de Zechariah dans cette ville. Son œil crevé et l'autre gris furent vite expliqués par les passages à tabac que les vagabonds des rues lui faisaient subir depuis une semaine. Siebe avait accepté cette excuse bien qu’il s’en tamponnait le coquillart et n’avait alors pas remarqué la supercherie. Il était strict, sévère, mais juste et apprit beaucoup à Zechariah. L'écriture, la comptabilité et un comportement respectable devant les clients furent ce qu'il tira de mieux de cette éducation. Mais ce qui intéressait le plus le jeune garçon, c'était les pierres précieuses et l'or qui ornaient les vitrines du magasin. La paie n'était pas aussi faramineuse qu'il l'avait fait croire au gamin, mais elle lui permettait de survivre correctement, même si l’essentiel disparaissait dans de nouveaux vêtements qu'il avait du mal à conserver bien longtemps (il faut dire que dans la rue, les penderies, ça ne court pas les rues !). Il avait pris goût à cette nouvelle vie, mais rapidement, il en voulait plus. Moins d'un an après s'être fait embaucher (mais comment avait-il pu tenir aussi longtemps !), il pénétra dans la boutique de nuit. Siebe, qui avait le sommeil léger, le découvrit pendant son cambriolage. Il tenta alors d'étrangler le voleur, mais la dague de ce dernier fut plus forte (c’est le quatrième et dernier meurtre de Zechariah à Vanylle). À peine a-t-il fait le deuil de son ex-employeur que cinq autres jeunes pénétrèrent dans la boutique dans l’espoir d’en ressortir plus riche. Découvrant Zechariah en pleine action, ils eurent enfin l’occasion de régler son compte à l’agaçant gamin qui n’en finissait pas de mettre le bordel dans la rue. S’en suit alors la plus grande course poursuite à laquelle n’avait jamais participé le garçon. Plus faible physiquement et désavantagé par le poids de son butin, il ne dut sa survit qu'à sa connaissance parfaite des rues qu'il avait acquise en quelques années. Arrivant sur le port et les gamins toujours aux fesses, il vit un navire qui appareillait. Grand, noir, inquiétant : le Pourfendeur des Vents, un navire-pirate à la réputation plus que malsaine. Mais qu'est-ce qu'une telle réputation face à la mort promise dans les insultes qui le poursuivaient ?
Judicieusement pour lui (et pour la suite du récit), deux matelots « charitables » l'aidèrent à grimper dans le navire tandis que les gamins l’oublièrent rapidement (même à l’époque, qui voulait des ennuis avec le Pourfendeur des Vents ?).
Grâce à son trésor (Qui lui fut immédiatement dérobé. On est chez les pirates, pas chez les bisounours !), il fut rapidement admis sur le navire. Le capitaine Muncan l'autorisa même à conserver au choix l'un des bijoux. Son choix se porta sur une broche qui s'ornait d'une croix placée sur un soleil. Bijou qu'il possède toujours actuellement, accroché à son écharpe, et qui est, à son sens, la preuve de son appartenance au Pourfendeur des Vents. Un nouveau voyage venait de commencer pour Zechariah.

Participant à plus d'abordages qu'il ne pouvait s'en souvenir, il gravit doucement les échelons de la hiérarchie pirate. Matelot, canonnier, gabier avant d'obtenir la place de l'intendant après le décès qui causa la mort de ce dernier : sa cage thoracique n'aimait pas les coups de blaster et elle le lui avait fait savoir de manière brutale. Il dû même assister un temps Fine Aiguille après un affrontement particulièrement violent, mais tout autant particulièrement rentable. Son caractère dépressif du moment avait encouragé Doc' à amputer plus que de raison. C'était la première et dernière fois qu'il aida Doc'.
À 31 ans, il fut même promu (Temporairement ! On ne joue pas avec la survie d’un équipage) lieutenant. Il faut dire qu’enchaîner les abordages comme ils venaient de le faire avait laissé de sérieux dommages à l’équipage comme au navire. Deux des lieutenants avaient succombé. D’où le choix pour le capitaine Samuel Wreb de nommer Zechariah à un tel poste. Était-ce le bon choix. Nul ne le sait, même si beaucoup ont leur propre opinion au vu de ce qui a suivi. Ce qui est certain, c'est qu'alors qu'ils étaient en train de réparer le vaisseau, ils se firent aborder. Les fous qui avaient osé cela n'eurent pas assez de temps pour le regretter. Les seules satisfactions qu'ils pouvaient avoir avant de rejoindre l’au-delà étaient d'avoir pris la vie du capitaine Samuel et d'avoir apporté suffisamment de pièces avec leur navire pour permettre au Pourfendeur des Vents d'effectuer les réparations nécessaires.
Thuun devint capitaine et ce fut alors les grandes heures du Pourfendeur des Vents. Le nouveau capitaine était froid et distant avec son équipage. Tout aussi cruel envers ses ennemis que ses hommes, il s’avait être prudent et préparer correctement les abordages minimisant les risques. Le nom du Pourfendeur des Vents avait fait mainte fois le tour de Vanylle avec lui en poste et à chaque retour au port une foule de candidats se présentait.

Étant avec Doc’ l’un des plus anciens de l’équipage (ils en avaient vu défiler des matelas, des lieutenants, des canonniers, des mécanos, des cuisiniers…), ils connaissaient par cœur la discipline à bords. Les lieutenants qui n’avaient pas encore suffisamment de bouteilles leur accordaient un certain respect que Zechariah s’empressait d’utiliser à son avantage jusqu’à ce que le second le rappelle à l’ordre. Mais tous ces points bonus récoltés au fil des ans ne valaient rien contre une faute grave. Faute qu’il commit à deux reprises. Heureusement pour lui, une grande partie de l’équipage était morte ou avait changé de navire entre-temps ce qui fait que peu de monde se souvenait de sa première incartade, strictement identique à la seconde !
C’était peu de temps avant l’arrivée de Soccor. Ils revenaient d’une tournée d’approvisionnement (c’est comme ça qu’il qualifiait les abordages faciles) très rentable. Le navire à peine accosté et les poches débordantes de richesses, Zechariah s’était dirigé vers un bon restaurant pour s’y faire exploser le bidou. Quelques kilos de viande rougeoyante plus tard, il s’était dirigé vers le bordel le plus proche pour profiter de la nuit dans les bras (et pas que) d’une prostituée quelconque dont il oublia rapidement le visage. Pendant quelques jours, il alternait gueuleton viandard et « repos » dans les bordels. Malheureusement même si l’argent était là, il devenait de plus en plus dur de trouver une fille qui acceptait de passer la nuit avec lui et son comportement glacial. Un midi alors qu’il terminait tranquillement son repas, il rata l’appareillage du Pourfendeur des Vents. Constatant cela bien plus tard, il eût rapidement l’occasion de se défouler avec les quelques téméraires qui riaient de sa situation. Il « profita » alors de la vie à terre, économisant de plus en plus, en attendant le retour du Pourfendeur des Vents trois mois plus tard. Il remonta à bord comme si de rien n’était, mais le capitaine Thuun ne l’entendait pas de cette oreille. Il fit accrocher Zechariah au mât avant de le faire fouetter : un coup pour chaque jour d’absence à son poste.
Mais cela n’empêcha pas l’intendant de recommencer près de dix ans plus tard. Là, c’est carrément 18 mois en mer qu’il rata et le bazar qui s’en suivit à bord suite à son absence et à son remplaçant pas très doué qui avait été nommé d’office. Pareillement, au retour du navire, il était remonté à bord en saluant tout le monde avec un grand sourire (il était de bonne humeur aujourd’hui) avant d’aller se plaindre à Soccor de la présence d’un indésirable dans sa cabine (son remplaçant quoi !). Le capitaine, d’une humeur beaucoup moins joviale, n’avait pas été très innovant en le condamnant à 200 coups de fouet. C’est Cynydd qui avait été chargé d’appliquer la punition. Pendant une heure, l’équipage assista à l’étrange punition qui lui glaça plus ou moins le sang. En effet à chaque coup de fouet qui lui ensanglantait davantage le dos, Zechariah commentait cela, riait, ou encore tentait de converser avec l’équipage. Épuisés, le dos meurtri pour l’un, le bras fatigué pour l’autre, ils descendirent voir Doc’ (même si l’un des deux fut porté et ne choisit pas vraiment sa destination). Ce dernier vida soigneusement le contenu d’une bouteille d’alcool sur le dos de l’intendant tout en l’insultant (comme on insulte une connaissance de longue date) pour son comportement avant de sortir laissant les deux hommes seuls.
Zechariah s’enquit rapidement auprès de Cynydd de ce qui s’était passé pendant son absence. Il se lamenta des affrontements intenses qui avaient eu lieu et riait des marins disparus. Puis il s’intéressa de leur prochaine destination. La punition qu’il venait de subir n’était qu’une anecdote sans intérêt qui ne laisserait que quelques traces sur son dos.
Le comportement froid et distant de Cynydd lui plaisait (il faut dire qu’avec sa bonne humeur, Zechariah parlait pour trois au moins). Il commença alors à lui raconter ses premiers pas sur le navire, allongé sur la table, le dos en feu, avant que la douleur ne l’emporte dans un sommeil réparateur.
Depuis, et quand il est de bonne humeur, il lui arrive de retrouver Cynydd sur le pont ou ailleurs (en plein abordage par exemple) pour engager la conversation, même si seul Zechariah parle. Il aime bien parler avec le second. Au côté du très sérieux et sarcastique Cynydd, leurs conversations prennent un tournant intensément sérieux.