Eanna O'Faolain

Pour comprendre l’histoire d’Eanna, il faut remonter jusqu’à son grand-père paternel, Braonan. Avide, estimant mériter plus qu’il n’avait, en digne fils de son père, il avait réussi à faire de sa famille une noble famille bourgeoise. Quoiqu’un peu faible en matière d’argent, il ne l’était pas en idées pour avoir toujours plus. Il savait repérer ce qui lui permettrait de devenir plus puissant encore. Cela se ferait par l’intermédiaire de son fils, aussi avide que lui.
Braonan parcourait Matroos, cherchant une fille assez riche pour son fils, ou ayant quelque chose qu’il pourrait exploiter, agrandir, et faire prospérer. Il était allé chercher bien loin ce qui était sous son nez, à Sant Poseinos même.
Là vivait et prospérait une maison tisserande à la réputation fameuse auprès de certaines riches familles. Par chance pour Braonan, cette famille avait une fille en âge de se marier : Cailin.
L’avis de Blaine ne comptait pas spécialement, et Braonan savait qu’il suffirait de lui faire comprendre les intérêts qu’ils avaient à ce mariage pour qu’il ferma les yeux sur la production de cette maison.
Le mariage eu donc lieu, la famille de Cailin attirée par les idées que Braonan avait su leur insuffler. La maison tisserande prit une plus grande ampleur encore, d’autant plus qu’ils avaient à présent accès à bien plus de ressources grâce au transport de marchandises offert par la famille O’Faolain.
Plus tard, le couple eu une fille, Eireen, puis une suivante, Eanna. Mais aucun garçon pour assurer la perpétuité du nom, au plus grand damne de Braonan et de Blaine. Ce dernier n’en devint que plus dur encore avec sa femme – dont il dédaignait les origines – et avec ses filles. Si elles ne pouvaient hériter de lui comme un fils l’aurait fait, au moins pouvaient-elles lui apporter autre chose.
Il n’hésiterait pas à vendre ses filles si cela pouvait lui apporter une maison sur le lac, une plus grande fortune, etc. Il menait donc la vie dure à ses filles afin qu’elles soient parfaites en tout point. Cependant, malgré le temps passant – ses filles allaient sur leur 22 et 23 ans – il n’avait toujours pas trouvé de maris pour elles. A dire vrai, il ne pensait pas à Eanna tant elle était discrète. Il lui arrivait parfois d’oublier son existence.
Mais Eireen ! Elle, il ne pouvait l’oublier. Elle semblait chercher en tout temps la confrontation,  détestait son statut de femme asservie comme elle disait. Il se devait de la mater. Qui voudrait d’une femme comme elle sinon ? Malgré tous ses essais, Eireen ne baissa jamais la tête et s’enfuit on ne savait où.
Cette disparition fit apparaître à Blaine sa seconde fille, sage et douce. Il la vit comme il ne l’avait jamais vu. Elle, elle pourrait lui apporter ce qu’il voulait. Mais il ne fallait pas ébruiter la fuite d’Eireen, sans quoi Eanna risquait de ne jamais pouvoir se marier.
Blaine ne voyait pas ce que la fuite de sa première fille avait eu comme conséquences. Il ne voyait que ce qui pouvait le servir. Ainsi ne vit-il pas que les idées d’Eireen, qu’Eanna avait écouté par politesse, avait commencé d’éclore dans son esprit. Elle sentait quelque chose en elle remuer. Comme une partie d’elle qu’elle ne connaissait pas jusqu’alors, qu’elle avait toujours enfui au plus profond.
Mais Blaine ne voyait rien de tout cela, et sa femme se gardait bien de lui dire ce qu’elle pensait percevoir. Après en avoir parlé avec Braonan, Blaine fit savoir qu’Eireen avait été envoyées chez de lointains cousins.
Et, alors qu’Eanna sentait son cœur se déchirer et sa volonté s’affermir, son père lui cherchait un mari…