Histoire

Un destin qui semblait tout tracé. Peut-être est-il le lot commun de tous les forbans ? C’est ce que pensait Almir à une époque. La vie dans le désert de Korrul, n’est pas chose facile. Encore moins lorsque l’on vit à Col Muertiga. Entre trahisons, crimes, déboires, chutes, difficile de ne pas mal tourner. Et pourtant, Almir aime à penser qu’il n’est pas encore au point de ses comparses forbans, en effet, il nourrit d’autres ambitions que le simple amassement de richesses. Bien qu’il cherche assurément à s’enrichir, ce n’est pas par amour de l’argent ; ses objectifs vont bien au-delà.

Almir est issue d’une famille pas comme les autres, parmi les forbans en tout cas. Les Basron n’ont en jamais renié leurs origines matroosciennes (la langue du pays se transmet de génération en génération), bien qu’ils revendiquent également leur appartenance au peuple de Korrul. Le hasard a simplement fait qu’ils sont nés dans ce désert aride et non pas en Matroos, contrée plus clémente. Leur objectif à long terme est de quitter ces terres inhospitalières, sauvages et s’installer dans un endroit où il ferait bon vivre. Almir est convaincu qu’avec de l’argent et suffisamment de pots de vins, il pourra offrir une vie meilleure à ses parents dans une des villes du désert, voire en dehors si les relations entre peuples s’améliorent.

Malgré cette envie de quitter Col Muertiga, il ne faut pas croire que les Basron se sont mal intégrés au groupe de forbans. Au contraire. En communauté, ils affichent la même brutalité, les mêmes défauts, les mêmes comportements que le forban moyen ; car leur but (en dehors de celui de quitter Col Muertiga) est bien évidemment de survivre, et peu importe les moyens. Les épreuves que tous ont traversées les ont considérablement marqués, depuis leur naissance, ils n’ont jamais rien connu d’autre que la violence, le sang ; comment dans ces conditions auraient-ils pu ne pas finir transformé ? Même si dans leur environnement familial, ils tâchent de se comporter différemment, en souvenir de leurs ancêtres matroosciens et korruliens, il est compliqué de juguler leurs instincts, leurs habitudes. De plus, changer leur manière de vivre reviendrait à mourir, car à Col Muertiga, seul les plus impitoyables survivent.

En dépit de son jeune âge, Almir a également eu son lot d’épreuves. Entre les conflits entre forbans qui se soldaient par un massacre et auxquels il a toujours été le témoin étant petit, la duplicité et la fourberie de certaines personnes qu’il avait appris, au fur et à mesure du temps, à considérer comme des « camarades » et qui l’ont trahi au profit d’un butin opulent, et la présence de la mort, omniprésente parmi son peuple, et donc parmi ses proches, la vie d’Almir n’a pas toujours été des plus agréables. Mais il se console, il a sa famille auprès de lui, un toit, un objectif à atteindre qui l’aide à maintenir la tête hors de l’eau.

La vie d’Almir, somme toute, ne diffère pas vraiment de celle des autres forbans. Ses aspirations diffèrent en revanche. Son objectif n’est de rester pourrir à Col Muertiga à massacrer et à piller même s’il ne rechigne pas lorsqu’il doit accomplir ce genre de tâches. « Travailler » en tant que forban est un gagne pain comme un autre, et si un autre moyen de subsister s’offrait à lui, il n’hésiterait sûrement pas à se réformer. Qui sait donc où le conduiront ses ambitions ?