Histoire
Je me souviens encore de la douceur des draps de mon lit douillet, quand je menais une vie sobre et pleine d'apprentissages divers chez mes parents, dans ma belle demeure de San Poseinos dont la splendeur est égale à toute la sagesse que cette capitale a à offrir aux éveillés dans mon genre. La chaleur de mon foyer me manque, même si je n'ai jamais été très portée par les coutumes des marchands qui font que les femmes n'apprennent que la gestion des comptes et la danse...Bon, on apprend évidemment d'autres choses, mais les arts du combat et le commandement sont réservés aux hommes, j'ai toujours trouvé cette habitude relativement sexiste.

Quand je me pliais au respect des coutumes je m'entendais bien avec mes parents, mais il est évident qu'ils appréciaient nettement moins le fait que je passe mon temps à espionner les cours que suivait mon petit frère Osvald. Il n'a que dix-sept ans et il semble déjà prédestiné à devenir le prochain maître de la vivenef familial à la grande joie de mes parents. Osvald...Si il savait seulement à quel point il me manque, à quel point j'aurais aimé parfois être à sa place...Si j'étais née homme, mes possibilités auraient été encore plus grandes qu'à ce jour.

Au moment où j'écris, le froid mordant de la nuit ronge mes os et je grelotte en écrivant ces lignes...L'encre que j'utilise sur ce parchemin trouvé par chance, me sert à déverser mes souvenirs pour ne pas oublier mes origines. Je suis considérée comme une hors la loi, et la fuite est pour l'instant mon quotidien, bercé par la crainte de retourner un jour dans la prison de la brume dont j'ai réussi à m'enfuir...J'écrirais aussi ce périple qui fut tout de même "passionnant" et effrayant à la fois.

Il est vrai que j'ai mal agit, mais j'ai mal agit pour protéger l'innocence. Je suis sûre et certaine qu'au vue des circonstances, Vama pardonnera mes actes même si mes pairs eux, ne le feront probablement jamais. Le jour où j'ai été emmenée dans ma sombre cellule, avait débuté comme une journée splendide parmi tant d'autres, bercée par le chant des oiseaux à l'aurore et par les bruits divers des passants et de mes concitoyens.

Mes cours prenaient une grande partie de la matinée...Apprendre certaines danses caractéristiques ou à bien coudre pour impressionner mon futur époux, étaient des choses que même moi j'estimais utiles et importantes pour mon avenir et celui de la famille. Une fois que ces cours prenaient fin, je devais me rendre à la bibliothèque familiale pour parfaire mes connaissances et vérifier que j'avais bien acquis les cours précédents concernant les comptes, les biens et les cérémonies...Bien que ce soient des choses intéressantes pour certains, cela ne me comblait pas totalement.

La bibliothèque regorgeait de petits trésors en tout genre...Que ce soient des comptines pour enfants, des récits sur les contrées de l'île, ou même des aides pour l'apprentissage d'autres langues, tout me semblait merveilleux! J'avais donc appris par moi même à ne pas rejeter les autres cultures, même celles ayant l'air plus ou moins effrayantes....J'avais même commencé depuis toute petite à insister auprès de mon paternel pour le suivre dans tous ces déplacements. C'est donc grâce à cela, que mes connaissances théoriques mêlées aux connaissances acquises sur le terrain, j'arrivais à parler deux langues en plus de la mienne. A l'écrit parfois j'avoue que je ne me souviens plus de comment écrire certains mots, je n'ai de loin pas la science infuse, mais je continue à parfaire mon art malgré ma situation.

Je m'égare!

Cette journée là avait bien débuté donc...Le train train habituel ne me dérangeait pas outre mesure. Après mes cours, je passais toujours un peu de temps à lire, parfaire mes langues parlées et tenter de ne pas les écorcher en les écrivant...J'arrivais à les lires, en ayant parfois des lacunes pour certains mots. Puis après une journée bien remplie...L'heure de ma petite ballade avait sonné.

Étant de nature curieuse, je ne me baladais pas uniquement dans les quartiers "sûrs" de la ville...Parfois les ruelles les plus sombres nous offrent des merveilles inattendues et pendant mes petites escapades, je cherchais ça: des petits trésors.

Cependant ce soir là...Je tombais nez à nez avec une scène des plus désagréables...Une fillette se tenait devait un milicien imposant, qui de ses grosses mains gantées venait tout juste d'agripper la chevelure de la fillette. Dans ce genre de circonstances il était clair au vue de la tenue de la petite, qu'elle avait sans doute enfreint une loi, probablement qu'elle avait commis un vol tout au plus...Mais est-ce que cela excusait la violence?

Quand la grosse main gantée (l'autre) s’abattit d'un geste brusque sur la joue de la petite et que le claquement vint résonner au creux de mon oreille , je décidais que ça en était trop...Surtout que l'homme n'en avait visiblement pas finit. J' avançais d'un pas décidé pour aller stopper la scène, poussant le milicien de toutes mes forces pour qu'il libère la petite.

L'homme et la fillette furent surpris en même temps. Le milicien reprit vite ses esprits, mais j'avais eu le temps de prendre la main de la fillette dans la mienne et de la tirer dans les ruelles pour essayer de semer le milicien qui hurlait des obscénités alors qu'il courait derrière nous...Il avait même le temps de hurler pour faire venir des renforts.

Je courais sans m'arrêter...Encore et encore...J'avais même perdu de vue la petite qui avait saisi sa chance de fuir...On se retrouva assez vite moi et les miliciens à grimper par des parcours improbables et totalement improvisés...Je cherchais uniquement à fuir, à rentrer chez moi, mais tout le monde sait que les miliciens sont tenaces. Les citoyens commençaient à montrer le bout de leur nez, piqués à vif par la curiosité ils cherchaient à savoir ce qui se passait et n'hésitaient pas à rester muets et immobiles face au spectacle.

J'avais réussit à grimper au plus haut sur un échafaudage de fortune, mais arrivée en haut, plus d’échappatoire...Le milicien se rapprochait de plus en plus et paniquée je tentais tout simplement de le dégager de ma route...Malheureusement j'avais sans doute poussé trop fort et l'homme ne put agripper nulle part, tombant "dans le vide" et surtout la tête la première. Mine de rien on se trouvait à une hauteur qui selon les cas, ou les miracles de Vama pouvait être mortelle...Et ce fut le cas pour le milicien.

Mais moi ce qui me stoppa fut un coup de lame sur le dos alors que, après avoir observé avec horreur mes propres faits, j'avais tenté de fuir à nouveau. La douleur fut fulgurante...Mes souvenirs sont devenus un peu flous depuis...Je me souviens seulement d'avoir été accusée de vol, de complicité également et pire encore, de meurtre...et de m'être réveillée après à la Prison de la brume."