Histoire« Si tu oses crier, je te tue. »Il avait chuchoté pour ne pas se faire entendre. Son ton avait été dur et dépourvu de la moindre compassion. L'homme avait un couteau aiguisé à la main qu'il tennait sous la gorge de la jeune fille de 14 ans. Elle s'était débattue, mais en vain, la pression de plus en plus étouffante de la lame sur sa peau la pétrifiant de terreur. Sa respiration était saccadée et des larmes abondantes coulaient sur ses joues. Elle fixait son agresseur, le suppliant du regard. Celui-ci était dégoûtant. Il avait une odeur répugnante, les mains sales, l'haleine immonde, des dents gâtées, un regard avide et pervers. Il était vieux, bien trop vieux, et Yaël était impuissante, bien trop impuissante. Il détacha son pantalon en enlevant hâtivement sa ceinture. Il souleva la robe de la jeune fille et glissa sa main sur sa cuisse gauche en frémissant de plaisir. Il la viola avec la force d'un homme qui avait de l'expérience et qui ne cherchait qu'à nourrir ses appétits. La douleur fut presque insupportable et Yaël se mordait la lèvre inférieur, suppliant Vama de mettre un terme à son existence plutôt que de vivre un tel enfer. Elle fermait les yeux, incapable de regarder en face l'homme qui profitait d'elle comme d'un vulguaire objet. Elle avait envie de vomir et avait souvent des hauts le coeur. Elle aurait voulut se boucher les oreilles, mais il lui avait solidement attaché les poignets sur les morceaux de bois de sorcier qui formaient la base de la vivenef. Elle entendait sa respiration profonde et ses gémissements, elle sentait son souffle sur son coup, ses lèvres qui la touchaient presque, sa barbe frôlant son épaule, ses mains baladeuses et brutales. Elle n'en pouvait plus, elle n'en pouvait plus...
« Non... Arrêtez... Piété! »
« Tais-toi, salope! »Il enfonça assez son couteau pour qu'un filet de sang coule de sa gorge. Elle se tut finalement malgré la souffrance. Il finit par la relâcher après un temps interminable. Des heures ou des minutes, la pauvre Yaël n'aurait sut faire la différence. Tout ce qui l'envahissait c'était la peur de se faire égorger et la honte, une honte qui était venue s'installer en elle comme une bactérie infecte. Avant de partir, il l'assomma sans crier gare d'un coup de poing et elle perdit connaissance. Le capitaine du vaisseau fut celui qui la retrouva une demi-heure environ plus tard. Il fut sincèrement alarmé de son état. Elle avait encore la marque du coup qu'on lui avait donné, sa robe avait été déchirée et ses yeux étaient rougis par les larmes. Il lui tapota un peu les joues pour la réveiller. Lorsque Yaël ouvrit les yeux, elle avait les idées encore troublées et elle ne le reconnut pas tout de suite. Elle le confondit immédiatement avec l'homme qui l'avait violé, le choque encore trop lourd et récent pour qu'elle puisse être totalement lucide. Elle recula précipitemment sur le sol le plus loin possible de l'homme, apeurée, cherchant furtivement des yeux une issue où elle pourrait s'enfuir. Il faisait si sombre dans cette pièce qu'elle aurait de la difficulté à s'habituer à la lumière du jour une fois à l'extérieur. Il n'y avait qu'une seule sortie: il fallait monter une échelle pour passer à travers une trappe qui avait été découpée à même le plancher du vaisseau. Le capitaine se pencha un peu pour être à la hauteur de la jeune fille et lui dit avec douceur:
« Yaël, c'est moi... n'ais pas peur. »Il lui tendit la main pour l'aider à se relever. Elle hésita un moment, puis la prit. Se lever fut très difficile et elle lâcha un petit cri de douleur. Elle avait aussi saignée du sexe et sa robe en avait subit les dégâts, même si ce n'était pas flagrant. L'homme qui était en charge de l'embarcation le remarqua et fut de plus en plus inquiet. Il n'était pas dûpe et il avait immédiatement fait le lien entre la fuite de son premier passager et la découverte de la jeune fille: elle avait évidemment été agressée. Elle avait sans doute dû rencontrer le violeur qui s'était fait passer pour un simple marin en son absence. La culpabilité s'éprit alors de lui:
« Nom de Vama, je suis tellement désolé, si j'avais sut que c'était un criminel, si j'avais sut qu'il aurait put faire une chose pareil... Ton père ne me le pardonnera jamais! »Il avait à son tour les larmes aux yeux. Yaël fuyait volontairement son regard, malaisée. Elle avait entendue ses paroles à moitié, car elle n'arrivait pas à se concentrer sur autre chose que les images qui défilaient dans son esprit à toute vitesse et qui lui remontraient de plus en plus clairement tout ce qui c'était passé ce matin-là. L'homme voyant qu'elle était bien trop bouleversée pour dire quoique ce soit les fit finalement sortir de ce trou peu rassurant qui servait normalement à garder isolées leurs marchandises.
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La journée était belle, l'air était frais et tous vivaient dans la joie de vaquer à leurs occupations en paix. Et il y avait Yaël. Elle reprennait peu à peu des couleurs et la chaleur du soleil aidait à appaiser ses émotions; mais surtout, elle se sentait en sécurité auprès d'Hakim, le vieil ami de son père, qu'elle avait toujours considérée comme un membre de sa famille. Il lui avait donné une tasse contennant du jus de Kham pour la réconforter. Elle tennait celle-ci avec difficulté, la main tremblante. Le capitaine lui souria un peu pour l'encourager à boire. Si elle devait rester muette pour un moment, il lui faudrait au moins reprendre des forces. Lorsqu'elle eut terminée sa tasse, il vint s'asseoir plus près d'elle et la regarda droit dans les yeux.
« Yaël... Je comprendrai si tu ne veux pas en parler complètement, mais je dois savoir comment tu t'es retrouvé dans cette situation. »Elle prit une grande inspiration et pour la première fois s'ouvrit à l'homme, la voix faible.
« Papa voulait que je vienne chercher du vin pour la grande fête du Solstice d'été... Même si elle ne se passe que dans une semaine, il voulait que je vienne récupérer les tonneaux en avance pour ne rien oublier. Je me suis chicané avec lui, car je n'avais pas envie de le faire... Je voulais aller rejoindre mes amis que je n'ai pas revu depuis longtemps. L'occasion se présentait enfin, mais il a encore voulut gâcher mon bonheur et m'a forcé à venir. »Elle fit une pause. Ses derniers mots avaient été lourds de frustration.
« Lorsque je suis arrivé, j'ai criée ton nom de l'extérieur, mais tu ne répondais pas, alors j'ai décidée d'entrer dans la vivenef. Je suis désolé, je sais que c'est interdit, mais j'étais pressée de retrouver mes amis... Il n'y avait personne, sauf cet homme... Il n'avait rien d'un Marchand, mais j'ai voulut le croire, car j'avais hâte de partir. »Des larmes recommencèrent à couler sur ses joues. D'une voix brisée, elle ajouta:
« J'ai été stupide, j'aurais dû t'attendre. »Hakim prit une grande inspiration et releva son menton avec douceur.
« Regarde-moi. Tu as raison, tu aurais dû m'attendre, mais tu ne dois pas te blâmer pour les choses que tu ne contrôles pas. Comment aurais-tu pu savoir que tu n'étais plus en sécurité? Ce... Ce monstre va payer de sa vie, crois-moi. Maintenant, tu ferais mieux de rentrer chez toi. Non, ne t'inquiète pas... je serai avec toi. »▲▼▲
Le retour fut presque aussi pénible que l'aller pour deux raisons. Premièrement, Yaël était énormément pertubée à l'idée de devoir expliquer ce qui c'était passé à son père. C'était un homme assez élogieux, sévère et peu compréhensif. Leur relation était déjà difficile étant donné la distance volontaire qu'il créait avec sa fille... qu'allait-il penser d'elle à présent? Lui qui l'avait toujours instruite dans le but de la former pour devenir maestre à son tour, serait-il contraint d'annuler ses plans? Elle savait combien son père était exigeant lorsqu'il était question de choix et de pureté. Elle ne pouvait supporter l'idée d'être une déception à ses yeux. Deuxièmement, elle ne passait pas inapperçue avec sa robe déchirée et son oeil au beurre noir. Si Hakim n'avait pas été présent, elle n'aurait sans doute jamais eut le courage de s'ouvrir à son père et même de revenir chez elle. Mais elle savait qu'un jour ou l'autre, ils l'auraient sut, lui et tout le village...
Hakim était l'un des meilleurs amis de son père. Depuis plusieurs années, Izaac lui achetait son vin de Gernie personnellement. L'amitié de ces deux hommes avait toujours été un mystère pour Yaël, car ils étaient très différents de caractère. Mais elle ne s'en plaignait pas, car elle s'était attachée au chaleureux capitaine qu'elle connaîssait depuis un très jeune âge.
Jamais Yaël n'aurait crut se retrouver dans une telle situation. Elle était soulagée de constater qu'Hakim lui restait fidèle malgré tout, mais elle savait qu'elle serait contrainte à vivre le dur jugement des autres... La route fut silencieuse jusqu'à ce qu'ils arrivent dans la Cathédrale. Izaac y passait la plus grande partie de son temps à enseigner et à gérer le bon fonctionnement au sein de la Congrégation. Il se retrouvait à la maison seulement pour prendre ses repas et dormir. Il insistait pour traîner Yaël avec lui pour qu'elle apprenne à apprécier et à mettre en pratique les habitudes de vie des maestres. Lorsqu'il voulait être seul, il lui permettait rarement de sortir sans qu'il soit présent pour la surveiller un minimum. Yaël trouvait son attitude ironique, car il était à la fois très protecteur et très renfermé envers elle. Lorsqu'ils mirent le pied dans l'enceinte, le coeur de Yaël battait la chamade. Cet endroit avait une énergie tellement sacrée qu'elle ne put s'empêcher d'avoir honte d'y pénétrer avec autant de souillures sur les épaules. Elle savait aussi qu'elle avait un aspect misérable. Lorsqu'Izaac la vit, elle et Hakim, un large sourire se dessina sur ses lèvres (ces sourires qui, dans son cas, étaient plutôt rares) qui s'effaça rapidement plus il s'approchait d'eux. Son expression auparavant ravit de revoir son veil ami et son enfant se transforma en vive inquiétude. Il fronça les sourcils, son regard remplit d'interrogations se posant alternativement sur les deux nouveaux venus.
« Qu'est-ce qui... Par Vama, que s'est-il passé?! »▲▼▲
Il fallut trois mois pour qu'Izaac digère convenablement la nouvelle. Très soucieux de sa réputation, il fit promettre à Hakim de n'en parler à personne, ce qui créa un froid entre les deux amis, car celui-ci ne pouvait tolérer l'idée que d'autres viols soient commis sans que la Milice fasse leur travail en y mettant un terme et que les villageois soient alertés. Ce désaccord fut assez important pour qu'Izaac s'abaisse à lui donner des gallons pour le faire taire, mais Hakim, homme intègre, refusa catégoriquement cette entente. Finalement, le capitaine accepta de ne pas mentionner que Yaël était la victime, mais après les tentatives égoïstes d'Izaac, la relation qu'il eut avec celui-ci ne fut plus jamais la même et leurs échanges devinrent strictement professionnels. Izaac n'avait plus été aussi seul depuis la douloureuse rupture qu'il avait vécut... Car ce n'était pas le deuil de la mort de sa femme qu'il avait traîné toutes ces années - du moins, pas exactement - mais le vide de son absence. Cependant, après ce qui c'était produit, Yaël ne devait jamais savoir que sa mère était vivante, quelque part sur l'Île aux joyaux.
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La nuit que je m'apprête à vous racontez fut l'une des pires nuits que Yaël dût endurée, mais revenons un peu en arrière. L'histoire commence avec la simple constatation d'un retard. Pas un retard comme celui d'un ami qui devait la rejoindre à une heure précise ou comme celui d'une tâche à accomplir qui n'a pas été exécutée. Non. Plutôt le genre de retard qui est hors de notre contrôle et est totalement naturel - ou pas. Ce n'était pas la première fois que son cycle menstruel faisait défaut. Après tout, elle avait 14 ans et celui-ci allait probablement seulement se stabiliser dans quelques années, alors pourquoi s'en inquiéter? La réponse à cette question lui fût évidente plus les journées passaient, car elle constatait de jours en jours qu'elle grossissait et que son appétit doublait. Une fois en plein milieu d'une journée tout à fait banale, elle avait vomit. Izaac crut qu'elle était simplement malade après avoir mangée quelque chose d'avarié et il lui donna un verre d'eau. Cela c'était produit à plusieurs reprises durant le dernier mois et, son père ayant été presque à chaque fois le seul témoin, sa vision masculine des choses n'avaient pas vu la situation sous un angle plus logique (et il se serait empêché d'y penser, de toute façon), persistant à croire qu'elle devait seulement éliminer certains aliments de son alimentation. Cette fameuse nuit-là, couchée dans son lit et incapable de dormir, elle comprit avec horreur - oui, c'est bien le mot - ce qui était en train de se produire: un être vivant germait et grouillait à l'intérieur de son ventre à l'instant même! Elle pouvait maintenant le sentir et elle voyait bien à la forme que son ventre prennait graduellement que ce n'était pas le résultat d'une diète malsaine. Elle était irréfutablement et indéniablement enceinte! Elle, la petite fille qu'elle était, enceinte! Lorsqu'elle le réalisa pleinement, la panique s'éprit d'elle et un cri hystérique retentit dans toute la maisonnée et se propagea jusque dans la ruelle. Son père, alarmé, se leva précipitamment et ouvrit la porte de sa chambre à la volée, ouvrit la lampe et trouva sa fille assise sur son lit, la couverte couvrant toujours ses jambes, sanglotant abondamment, une main horrifiée devant la bouche.
« Yaël, qu'est-ce qui est arrivé?! »Elle secoua la tête en signe de négation, incapable de prononcer un seul mot.
« Qu'est-ce qu'il y a? Yaël, réponds-moi! »Elle regarda son ventre puis son père, le regard grave et émotionnel.
« Je suis... Il m'a... enceinte. Je suis enceinte. »« Tu... tu en es certaine? Non, c'est impossible, je t'ai déjà dit que tu étais simplement malade à cause de la nourriture. »La voix de Yaël devint plus insitante avec un brin d'exaspération.
« Non, papa, ce n'est pas ça. Je n'ai pas eut mes règles, j'ai pris du poids et... et je sais qu'il y a quelque chose en moi. C'est cette chose qui me rend malade. Je veux plus qu'elle soit là, papa, elle n'a pas le droit d'être là si je ne lui ai pas donnée la permission... Je peux pas l'avoir, je peux pas! »Et de nouveaux pleurs. La vie de Yaël venait de basculé et plus fortement qu'elle l'aurait cru. On l'avait violé et maintenant, ça? Vama devait vraiment l'haïr. Pourquoi elle?
Pourquoi? Sans parler d'Izaac qui était totalement choqué par cette nouvelle innatendue. Un viol pouvait être caché, mais une grossesse? C'était de la pure folie. Cette nuit-là, ils ne réussirent pas à dormir. D'un côté, Yaël se demandait ce qu'il allait advenir d'elle et ce qu'elle ferait avec un enfant bâtard. Elle allait le faire adopter, c'était la seule solution... Du moins, la seule qu'elle pouvait supporter. Izaac, quant à lui, envisagea sérieusement d'envoyer sa fille vivre ailleurs, à l'extérieur d'Errande. La séparation serait difficile, mais son rôle de Grand maestre serait compromis s'il devait se retrouver avec un enfant sous le bras et une fille qu'aucun homme ne voudrait marié. Et que dire de sa réputation? Il n'oubliait jamais ce point très important. En tant que témoin et messager de Vama, il se devait de s'éloigner de tout ce qui était un sujet de honte. Il devait être digne de son rang.
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Il y eut trois mois d'acceptation, un mois de questionnement et un autre de découverte. L'acceptation du viol, les questionnements concernant l'état de plus en plus douteux de Yaël et la découverte du pourquoi de cet état: la venue d'un enfant. Ce qui fait en tout quatre mois de grossesse. Nous sommes maintenant rendu au septième mois et notre chère Yaël se promène pour la première fois de sa vie dans la ville de Sant Poseinos avec son père, qui, apparemment, a dû s'y déplacer pour son travail. Yaël aurait normalement chercher à savoir en quoi consistait ce travail, mais après les refus obstinés de celui-ci à s'ouvrir à elle sur son passé et ses projets personnels, elle s'était soumise à l'ignorance et avait choisie de lui faire confiance. Après tout, il avait toujours très bien prit soin d'elle dans les autres domaines de sa vie.
Izaac avait tout planifié. Il avait décidé de quitter lui-même Errande et de partir à la recherche de sa femme, qu'il avait vu pour la dernière fois à Korrul et de laisser sa fille entre les mains de la gérante d'un restaurant qui avait bien acceptée de l'engager comme serveuse. Ce n'était pas un de ces restaurants chics, mais elle aurait assez d'argent pour subvenir à ses besoins. Il la mena donc dans la soirée à l'arrière de ce restaurant, à l'abris des regards, lui présenta la dame et donna un bon montant d'argent à celle-ci qu'elle s'empressa de ranger dans son décolleté, un sourire au lèvre.
« Merci bien, monsieur. »
Visiblement, elle n'avait aucune idée qu'Izaac était un mastre reconnu. Elle déshabilla ensuite du regard la jeune Yaël interloquée en lui tournant autour, les yeux plissés par la concentration et, une fois rendu de nouveau face à elle, elle lui releva brutalement le menton pour observer son visage de plus près. Un nouveau sourire satisfait s'étirra sur sa bouche.
« Elle fera très bien l'affaire. Oh oui, sans aucun doute. En espérant que la grossesse ne la déformera pas trop, car si c'est le cas, elle sera plutôt femme de ménage, vous pouvez en être certain. »
« Est-ce que le salaire est raisonnable? »
Mme Syrodill eut un rire peu rassurant.
« Être une fille de... je veux dire une serveuse professionnelle - oui, c'est ça - peut rapidement faire toute la différence. Mes filles commencent souvent sur le bas de l'échelle et deviennent meilleures avec... l'expérience. Les clients donnent de plus gros pourboire selon celle-ci. Une femme de ménage quant à elle a un salaire fixe. »
À ces mots, Yaël ne se retint plus de réagir.
« Que signifie tout ça? Papa?! »
Il y eut un long moment de silence et puis...
« Je suis désolé Yaël, mais tu vas devoir vivre ici le temps que je termine mon travail. Je te promets de revenir, mais je ne peux pas te dire quand. Tu vas travailler pour Mme Sirodyll durant ce temps. Elle t'expliquera ce que tu auras à faire. »Une colère noire envahit Yaël.
« Tu... Je... Quoi? Non, tu ne peux pas m'abandonner comme ça! Et je suis enceinte, tu as oublié ce léger détail?! Je n'arrive pas à croire que tu ne m'ais pas demandé mon avis! »
Izaac devint dur.
« Tu n'es encore qu'une enfant et je suis ton père, tu vas devoir m'obéir, que tu le veuilles ou non! Mme Sirodyll t'hébergera chez elle et t'aidera en ce qui concerne le bébé. Tu vas devoir être patiente, mais tu devrais me remercier de ne pas te laisser complètement seule avec toi-même. »
« Te remercier? Te remercier?! Ça c'est la meilleure! Qu'as-tu de si important à faire pour partir comme ça et laisser ta propre fille? Qui, d'ailleurs, a le plus besoin de toi présentement, car elle va bientôt accoucher d'un bébé qu'elle n'a jamais désiré! Que dis-tu de ça?! »
Izaac ne c'était jamais sentit réellement coupable jusqu'à ce qu'il entende ces mots.
« Je... désolé, je ne peux pas en parler. Un jour peut-être, mais là, ce n'est vraiment pas le moment. Je dois vraiment partir, car j'ai besoin de trouver quelque chose, et je dois te quitter pour le trouver... »
« Car je serais un fardeau, c'est ça? »« Eh bien... »
« C'est ce que je pensais: de l'égoïsme! Toujours et encore de l'égoïsme! Ne pourrais-tu pas pour une fois penser à quelqu'un d'autre qu'à toi? »
« Comment oses-tu? Après tout ce que j'ai sacrifié pour toi! Et sache que mon départ n'apportera pas qu'un bénéfice pour moi. Rien n'est garantie, mais si j'obtiens ce que je recherche, tous en profiterions... »
Et dans une rivière de larmes, Yaël s'exclama...
« Mais que cherches-tu? Que cherches-tu au point de ne plus vouloir de moi? »« Ma chérie, ce... ce n'est pas ça. J'ai besoin d'y aller seul. Il le faut. »
Mme Sirodyll interrompit alors la scène.
« Désolé pour l'intrusion, mais il est l'heure de vous quittez. Votre vivenef part très bientôt, si je ne me trompe. »Prit au dépourvu, il bégaya en regardant sa montre...
« Je... Oui... eh, vous avez raison. »
Il releva la tête et s'approcha de Yaël pour la serrer dans ses bras.
« Je te promets qu'à mon retour tu comprendras. Je t'aime. »
Elle resta de marbre tout au long de cette étreinte et ne lui répondit rien, les yeux baissés, laissant ses larmes couler silencieusement sur ses joues, souhaitant qu'il parte le plus vite possible et qu'il ne se retourne pas. C'était la cruelle vérité, mais elle savait que son père était désormais mort pour elle. Qu'il le soit littéralement ou pas n'avait aucune importance, car si elle devait le revoir un jour, le pardon ne serait pas une option. Et elle se ferait un plaisir de taire l'existence de son père à son enfant. Cette pensée la surprit elle-même, car il avait toujours semblé clair qu'elle allait le faire adopté. Tout en suivant Mme Sirodyll vers la chambre qu'elle lui avait préparée, elle toucha son ventre et se mis à le caresser doucement. Il est surprennant comment une épreuve peut nous pousser à vivre la compassion même inconsciemment. Elle savait désormais qu'au fin fond d'elle, elle avait appris à aimer cet être qui habitait en elle contre son gré. Comme elle n'avait pas eut de pouvoir sur son agression, cet enfant n'avait pas eut de pouvoir sur sa conception... Elle allait soit le rejeter comme elle avait eut si peur que son père la rejète, soit elle allait le chérir comme elle aurait voulut qu'il la chérisse malgré tous ses défauts. Le choix était évident et, étonnement, ce choix venait d'installer une paix incomparable dans le coeur de la jeune fille. Pour la première fois depuis des mois, elle dormit une nuit entière sans se réveiller.
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Yaël accoucha d'un petit garçon qu'elle nomma Ismaël. Mme Sirodyll l'aida à en prendre soin et elle s'avéra être très maternelle, contrairement à ce que la jeune fille avait imaginée. Lorsqu'elle fut remise sur pied et que, miraculeusement, son ventre redevint plat comme il l'était avant sa grossesse, Mme Sirodyll ne tarda pas une seconde à l'obliger à travailler si elle souhaitait rester vivre chez elle (elle habitait au-dessus de son restaurant qui, en fait, était un bar assez miteux). Elle fut effectivement serveuse pendant un moment, le temps de sevrer Ismaël, mais cela dura deux ans, et elle fut appelée à un rang plus élevé et mieux payé. Comme Yaël l'avait remarquée assez rapidement, Mme Sirodyll ne se spécialisait pas principalement en ce qui avait attrait à l'alcool, mais plutôt au sexe! Et elle devint petit à petit une prostituée. Vous me direz peut-être: « Mais non, elle a acceptée bien trop facilement! » Avec un fils sous le bras, une maîtresse la menaçant sans cesse de la « foutre dehors si elle ne ramène pas assez de pognon » et une estime de soi de plus en plus basse après tout ce qu'elle a endurée, il n'y a rien de plus étonnant... Bref, Mme Sirodyll avait bien jouée son rôle de dame honnête s'occupant d'un innocent restaurant. C'était en fait une femme vulgaire et, surtout, avide d'argent. Sa vie consistait à payer ses factures, s'acheter des cigarettes et gérer son commerce. Elle était seulement charmante lorsqu'il s'agissait d'Ismaël, autrement, Yaël préférait vivement éviter sa compagnie et s'enfermait dans sa chambre avec son fils lors de ses moments libres. Elle aurait grandement préféré que son fils soit pris en charge par quelqu'un de plus respectable, mais c'était beaucoup mieux que rien... et Mme Sirodyll semblait sincèrement l'aimer. Elle faisait même des efforts pour ne pas trop fumer lorsqu'elle était avec lui. C'était l'important.
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Un viol, une grossesse, l'abandon de son père, l'adaptation à une nouvelle ville et la vie misérable qu'est celle d'une prostituée. Yaël avait déjà assez de problèmes sur les épaules, merci. Eh bah non, l'Univers avait encore envie de rire de sa gueule...
Yaël dormait. Elle ne dormait que quelques heures par jours et elle en profitait au maximum, l'épuisement la rongeant comme un poison lent. Vous ne serez pas étonné si je vous disais que Yaël était malheureuse. Elle avait quelques blessures au visage. Oh rien de grave, seulement les marques des coups des hommes violents avec qui elle couchait. Une fois, elle s'était faite prendre à voler... Elle avait eut droit à des menaces et à de nouvelles brutalités. Elle ne s'y était plus risquée à moins de tomber sur des soûlons. Dans ce temps-là, c'était facile. Elle avait maintenant 16 ans. Les années étaient passées comme des minutes et elle n'arrivait pas à croire que son père ne soit toujours pas revenut la chercher. Même si elle s'était convaincut le contraire, elle avait toujours une lueur d'espoir qui l'habitait. Aujourd'hui, il n'y avait plus rien. Absolument rien. Le vide total. Le chaos. Tout ce qui comptait, c'était Ismaël. C'était sa priorité.
Des pleurs retentirent dans le crépuscule. Yaël n'avait aucunement envie de se lever et espérait que Mme Sirodyll le ferait, mais les pleurs continuaient et empiraient de plus en plus, au point où elle n'en pouva plus et se força à se lever. Elle se dirigea vers la chambre de son fils. Il avait maintenant 2 ans et disait quelques mots. Mais présentement, il n'avait rien d'un bébé ordinaire. Il pleurait comme s'il souffrait de l'intérieur, il était secoué de convulsions et sa peau devennait de plus en plus rougeâtre à force de crier. Yaël le prit dans ses bras pour le calmer, mais sans succès. Il se débattait et criait, criait, criait... Mme Sirodyll entra dans la chambre, paniquée. Elle essaya elle aussi de calmer l'enfant, sans succès! Elles le remirent dans son berceau, en espérant qu'un miracle se produise. Yaël lui donna sa suce, de la nourriture, de l'eau, lui chanta une berceuse. Rien, absolument rien ne le calmait. Finalement, après avoir crier interminablement, Ismaël se tut. Yaël crut qu'il était mort d'un arrêt respiratoire tellement il avait pleurer longtemps sans faire de pause. Il s'était heureusement seulement endormit. Cette même scène se produisit chaque journée qui suivirent et, mystérieusement, à la même heure! Ni elle ni Mme Sirodyll ne réussirent à comprendre son malaise ou à l'appaiser. Cette dernière pensa sérieusement à envoyer Ismaël dans une orphelinat, mais Yaël s'y opposa fortement. Elle lui promis qu'elle irait voir un Mae'Dok dès le lendemain matin. Et c'est ce qu'elle fit.
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« C'est difficile à dire... Il semble pourtant en parfaite santé. Vous êtes sûre, tous les jours à la même heure? »
« Oui, absolument. »
« C'est très curieux, très curieux... Laissez-moi aller chercher quelques uns de mes collègues qui pourront peut-être plus vous éclaircir. »
Yaël acquieça. Elle espérait de tout coeur que le malaise d'Ismaël ne soit rien de grave. De nouveaux Mae'Dok se rassemblèrent autour du bébé et l'examinèrent.
« À quelle heure ses crises se produisent-elles? »
« Toujours à 1:00 pile... »
« Et il a des convulsions, c'est ça? Et devient indomptable? Et sa peau devient rougeâtre? »
« Exactement. »
« Nous allons nous consulter un moment et nous reviendrons vous voir dans quelques minutes. »
« D'a... d'accord, pas de problème. Merci. »
Yaël s'assit un moment dans le Monastère. Elle détestait ses endroits qui ne lui rappelaient pas de très bons souvenirs, mais elle avait bien été obligée d'y entrer, car les seuls médecins de Matroos étaient à la fois des maestres. Cela l'étonnait encore de se dire qu'elle avait presque été destinée à prendre la place de son père. Aujourd'hui, elle n'avait plus rien de cette vie et de cette mentalité que son père avait voulut lui inculquée concernant Vama et le sens de la vie et de l'honneur. Elle n'était plus que l'ombre d'elle-même. Ismaël était tout ce qui la tennait encore debout, tout ce qui la poussait encore à espérer et à aimer. Perdue loin dans ses pensées, elle n'entendit pas la première fois que le Mae'Dok lui dit:
« Mademoiselle? Mademoiselle? »
« Ah oui, excusez-moi. Alors? »
Le regard du maestre était attristé, sombre et étrangement appeuré.
« J'ai le regret de vous annoncer que votre fils est... est possédé. »
« Possédé? Que... quoi? »« Oui, possédé par un esprit qui, je le crains, est démoniaque. Notre médecine ne peut rien pour lui. Nous pouvons cependant lui imposer les mains et prier pour que Vama le délivre. »
Yaël fut abasourdie par cette nouvelle. Elle avait de sérieux doute sur la crédibilité de cette conclusion, mais une chose était certaine: son fils était malade et ce n'était pas quelque chose qui pouvait se voir physiquement, extérieurement. Quelque chose agissait à l'intérieur. Maladie ou esprit, elle se battrait par tous les moyens pour que son fils, l'être qu'elle aimait le plus au monde, soit guérit. Elle accepta l'offre bienveillante des maestres et les regarda faire tandis qu'elle tennait Ismaël dans ses bras. Chacun mis une main sur le corps de l'enfant, fermèrent les yeux et ils se mirent à murmurer leurs prières. Et elle repartie ce matin-là avec son fils, remerciant les maestres et espérant sincèrement qu'une prière aura suffit à lui venir en aide.
1 AM: les pleurs recommencèrent de plus belle, au plus grand damne de Yaël et de sa maîtresse. Yaël demanda le lendemain à Mme Sirodyll si elle connaîssait un moyen plus efficace que les maestres pour guérir les malades. C'est à ce moment-là qu'elle se remémorèrent ce qu'elles avaient appris et que la ville de Korrul et leurs légendaires Chamanes furent abordés. Et depuis ce jour, Yaël est déterminée à y amener son fils pour trouver un Chamane qui aura la capacité de le guérir. C'est son dernier espoir et elle ne crachera pas sur une telle opportunité de sauver son enfant pour rien au monde. Elle sait que ce sera un voyage périeux et coûteux, mais elle est prête à tout affronter pour parvenir à ses fins. La détermination d'une mère n'est comparable à aucun autre amour existant. C'est un amour pur et désintéressé, un amour plein de grâce et de dévouement.
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