Histoire



« Ëvolýn ! Viens mon cœur ! »
La voix chaude d'une mère est comme une flamme qui nous réchauffe le cœur. C'est réconfortant, c'est doux et c'est beau. Ëvolýn ressenti cette chaleur alors qu'elle posait un pied mal assurée à l'extérieur. La lumière du soleil la fit vaciller quand  elle sorti du couvert de sa tante. Dehors sa mère l'attendait accroupie, les bras grands ouverts. Son immense sourire était merveilleux. Le bébé blond accéléra alors le pas pour se précipiter vers sa mère qui riait doucement. A ce moment, un immense homme passa et bouscula l'enfant sans même un regard. La petite Ëvolýn s'aplatit au sol. Une moue frustrée, les lèvres tremblante et c'était bon. Sous ses pleurs bruyant, Lockeiah sorti de ses gonds. La colère était facile chez tous bon erfeydien.
« ESPECE DE CRETIN !! T'as fait tombé Ëvolýn ! Tu peut pas regarder ou tu met les pieds gros tas ?!
- Eh oh ! Fait un peu attention à comment tu me parle toi !  Je pourrai...
- Tu pourrais quoi hein ? Vas y je t'écoute sale brute !
- … Je pourrai t'écraser le crâne d'une seule main. Et puis...
- Ahah ! J'aimerai bien voir ça en effet !
- Petite morveuse ! Tu va voir un p... »

Leur dispute fut interrompue alors qu'ils étaient presque front contre front, les poings fermés et les dents serrés. On aurait pu voire des éclaires passer d'un œil à l'autre. Le bambin qui hurlait quelques secondes plus tôt était maintenant plié de rire. Des rires joyeux et doux. Calée sur les bras d'un bel homme, elle agitait un espèce de bâton sculptée de lapilis turquoises. L'homme la regardait avec des yeux brillants et riait d'un gros rire profond. Les deux énergumènes interrompus le regardais avec des yeux surpris, toujours front contre front.

« Eh bien Ahkrin, qu'est'c'qui t'arrive ?
Oui chérie... Pourquoi tu ris comme ça ? »

L'homme s'approcha d'eux avec l'air triomphant d'un enfant ayant trouvé un insecte particulièrement dégoutant. Il déroba le petit bâton de glace de la main d'Ëvolýn qui l'agitait dans tous les sens et le tendis aux deux bagarreurs. Ceux-ci l'observèrent avec une moue sceptique.

« Eh bah... C'est Ëvolýn !! s'exclama l'homme, comme si c'était évident.
- Euh... Désolé de te contredire mon chérie mais ça c'est un bâton. Un jolie bâton certes mais pas Ëvolýn... »

La grande blonde c'était penchée vers l'objet et le scrutait d'un air admiratif. Il était vraiment jolie ce... bâton.

« A moi !! S'écria le bambin en manquant de basculer pour attraper le bâton qu'elle prenait visiblement pour un hochet.
- Hop ! Attention toi! Hum... Oui bien sur c'est un bâton ! Mais je veux dire : c'est Ëvolýn qui l'a fait !
- Quoi ? T'sûre ? C'tôt tou'd'même... s'étonna le grand brun.
- Oui oui ! Je l'ai vu en arrivant. Elle pleurait en regardant ses mains écorchés puis petit à petit un bout de glace s'est formé et à grossis jusqu'à donné... ça, racontât-il mitigé entre la fierté et l'étonnement.
- Mais.. MAIS C'EST MERVEILLEUX ! » S'écria Lockeiah folle de joie.

Elle attrapa son enfant à la volé et la fit tourner dans les airs. Elles riaient et criaient. La mère lançait ''ma fille a développé son lien'' ou bien ''elle a le même lien que moi'' en chantonnant, la dite fille babillait et braillait des ''mamans'' hilares. Elles emmenaient de bonheur. Le grand homme tapota l'épaule du brun avant de prendre congé.

« Bon courage mon brave ! 'près un'hystérique fol'furieuse, tu t'ramasse 'vec son mini double. Ahah ! »

Mais Ahkrin n'avait d'yeux que pour les deux femmes de sa vie, riant et criant de joie dans la neige. Elles étaient heureuse alors il l'était d'autant plus.


Des gémissement étouffés par le vent s'échappaient le long des parois rocheuses. Les lourdes rafales s'engouffraient en des hurlements sinistres entre les falaises, emportant des flocons et de la glaces dans ses bourrasque tournoyantes. Il était déchainé, l'élément puissant, d'une force telle qu'elle aurait fait ployé le plus gros arbres de la terre blanche.
En bas, dans le ravin, luttant vaillamment contre la puissance des rafales, une enfant s'accrochait aux parois de roche, posait un pied après l'autre, lentement, sûrement. Tout juste une dizaine d'année, si ce n'est moins, la fillette s'enfonçait dans la fosse. Une pente douce montait vers on ne sais où. Elle, elle savait. Elle savait qu'arrivé en haut, le calvaire prendrait fin. Alors elle avançait, poussait sur ses frêles jambes et soufflait bruyamment le froid de sa gorge.

Enfin, après deux centaines de mètres et un temps qui lui parut une éternité de calvaire, l'enfant encapuchonnée dans son manteau de fourrure immaculée s'extirpa de la fente par laquelle elle était passé. Éjectée, comme un bouchon sous pression, du trop petit passage pour son trop gros manteau, la petite tomba à genou et sa capuche tomba. Elle leva son visage dévoilé et ouvris les yeux. D'étranges yeux bleus et étoilés. Son visage rosée aux douces rondeurs de l'enfance laissait paraître tout le soulagement qu'elle ressentait. C'était comme si elle même n'était pas sure d'y arriver. D'arriver à l’abri. Fébrile et soulagée, Ëvolýn leva les yeux vers le ciel gris puis les ferma, appréciant la douceur des flocons se posant délicatement sur ses joues tendres et rosées

Un cri aiguë sorti la fillette de sa transe. D'un sursaut elle tomba les fesses dans la neige. Avec des yeux affolés elle observa vivement les alentours. La cuvette devait faire tout juste sept-cent mètres de diamètre et une dizaine de haut. Absolument plane et éclairée d'une douce lumière bleutée, nul ne pouvait se cacher autre part que dans le petit bois au fond. Des conifères s'entassaient en contre bas, ombrageant suffisamment le sol pour y cacher un animal. Seulement, rares étaient les vivants qui venaient se perdre dans cette clairière de glace. La raison ? La sortie était la même que l'entrée : cachée et étroite. La plupart des prédateurs n'y passerait pas et les herbivores ne trouveraient certainement pas leur péché mignon dans ce coin désolé tout juste bon à abriter du vent une enfant imprudente.
...Alors qui avait poussé ce cris ?

Le hurlement se répéta alors qu'Ëvolýn s'était apaisée et relevée. Une fois. Deux fois. Trois fois. Celui qui poussait ce cris s’affolait et paniquait. En tendant l'oreille, l'erfeydienne reconnue le bruit : un oiseaux! Ou plutôt un rapace. Curieuse et poussée par la fibre héroïque, l'enfant se précipita vers le couvert des arbres à la recherche du malheureux. Le pauvre animal devait être blessé. Ou peut-être avait-il perdu ses compagnons. Si Ëvolýn perdait son clan ,elle, elle ne saurait plus quoi faire. Pauvre bête.

De ses petites mains, l'enfant écartait les branchages, fouillait les buissons gras, agrippait une branche basse. Elle progressait mal, son manteau s'accrochait aux épines et plusieurs fois elle se fit fouetter par une branche dérangée dans son éternelle sieste. Elle râla beaucoup mais trouva peu. Les cris avaient cessés et la petite fille paniquait. Et si l'oiseau était mort ? Ou s'il avait perdu connaissance? Le pauvre, avec ce froid il devait être frigorifié ! C'est alors qu'Ëvolýn agacée et au bord de la panique tomba sur un petit corps tout moue et tout blanc, fougné dans le creux des racines d'un arbre. Il avait tout juste la force de trembloter. Intriguée, l'enfant s’accroupit devant l'animal tétanisé. Un petit elfym. Encore un bébé. Il devait tout juste savoir voler. Peut-être était-il tombé dans la cuvette lors de son premier vol. Le vent s'était levé d'un coup et si Ëvolýn avait été prise par surprise, elle ne devait pas être la seule. Pauvre bête.

L'erfeydienne avança des mains hésitantes. Si elle le touchait maintenant, l'oiseau ne serait plus reconnu par ses congénères, il prendrait son odeur... Mais il avait froid et mourrait sûrement faim. Elle ne pouvait pas le laisser comme ça ! Les mains tremblotantes allaient le toucher quand l'elfym se dressa et trébucha, ses pattes faibles ne le supportant plus. Ëvolýn attrapa son épais foulard dans une de ses poches de ceinture, inspirée par un instinct soudain. Rapidement elle attrapa le petit oiseau  en prenant soin de lui bloquer les ailes pour pas qu'il ne fasse mal. L'animal ne bougea plus, apeuré. Il se laissa blottir au creux des bras de l'enfant qui l'entoura de son étoffe. La petite créature ne pouvait plus bouger et c'était tant mieux. Elle conserverait ainsi sa chaleur et éviterai de se blesser.

Le vent avait cessé. Les hurlements fantomatiques ne faisaient plus écho dans les falaises. D'un pas décidé, Ëvolýn sorti du couvert des arbres et trottina vers la sortie. Elle était à la fois inquiète pour le pauvre animal et toute fière de sa trouvaille. Sûrement que sa mère saurait comment s'occuper de lui. Peut-être même que Tobias sera d'accord pour qu'elle le garde. Après tout, l'elfym était un oiseau blanc et son surnom était Zötmadar...

C'était le cœur plein d'espoir et de rêve que la petite erfeydienne s'engouffrait dans l'étroit passage, la petite créature blottit contre elle.


Le soleil se couchait quand la jeune fille revint enfin au campement. Nichés au creux de la montagne, au couverts des arbres, les Murmures des Sylves s'était posé pour quelques jours. Ils se faisaient discrets et ne restaient jamais plus de trois ou quatre jours au même endroit. Ils commençaient à être nombreux et devenaient plus facilement repérables. Si un factionnaire leur tombait dessus, il aurait tout de suite la puce à l'oreille en voyant tout ces déserteurs rassemblés au même endroit. Alors ils se cachaient.

Ils étaient pourtant là. Toujours. Ils avaient des yeux partout. Et ce furent des yeux qui l'accueillir au camp. Des yeux emplis de tristesses, de compassion et de pitié. Toute à la joie de son sauvetage, Ëvolýn ne remarqua pas les regards soutenus sur elle et elle continuait à marcher, confiante vers la tante de ses parents. Alors, une main se posa sur son épaule. Elle se retourna tout sourire et vis un de ses compagnons la mine défaite. Son sourire s'écrasa alors et l'angoisse la pris aux tripes. Que se passait-il ? Pourquoi tout le monde avait l'air si accablé ?

Son ami la guida jusqu'à une grande tante d'où sortait quelques femmes les yeux rouges. D'une pression sur son épaule, le grand homme fit ployer l'enfant qui lorgnait l'intérieur de la tante, intriguée. Arrivé à l'intérieur, une odeur bien connue la pris aux tripes. L'odeur du sang. Alors, tout juste eut-elle posé les yeux au centre de l’abri qu'une vision d'horreur la pris.
Deux corps sans vie étaient allongés sur une peau tannée, à même le sol. Un homme avait la moitié du visage ensanglanté et sa poitrine immobile transpercée. A ses côtés, une belle femme dont les cheveux blond étaient trempés de sang. Elle avait une jambes ouverte de partout et le ventre noircis. Une femme nettoyait les plaies, donnant un dernier hommage aux défunts. Se rendant compte de la présence de ses compagnons elle leva des yeux pitoyables vers l'enfant et murmura un « désolé » roque.

Ëvolýn tomba a genou sur la terre battu et en lâcha l'elfym qui roula à ses pieds, incapable de supporter plus que son chargin. De lourdes larmes lui coulèrent dans sa bouche bée et le désespoir voilait son regard. Il ne se détachait plus des deux corps sans vie. Celui de Ahkrin et Lockeiah Zötviing. Ses parents.

« ... Papa... Maman... »


Un oiseau blanc passa en rafale, quasiment invisible devant l'horizon immaculée. Toute aussi invisible à sa suite, une silhouette blanche glissait dans la poudreuse blanche. Fermement accrochée à son arc, elle déboula en bas d'une bute, plusieurs gros rongeurs accrochés à la taille. Agilement elle se redressa et enleva sa capuche, laissant apparaître son doux visage. Entre l'enfant qu'elle était et l'adulte qu'elle sera, son visage ne savait trop vers quoi tirer. D'un côté ses yeux étaient grands et ronds, comme ceux d'un enfant. De l'autre ses joues étaient plus minces, sa bouche plus épaisse. Elle avait grandi la petite Ëvolýn. Et son compagnon se posant sur son épaule tout autant. Avec un sourire doux elle caressa son plumage du bout du doigts.

« Alors ma belle Siá, tu t'es amusée ? » demanda-t-elle d'un murmure.

Elle n'attendit pas de réponse. Que pouvait bien dire un elfym? Elle était intelligente certes, mais parler n'était pas exactement dans ses cordes. Alors, sans plus attendre elle avança d'un pas sûr vers le cercle de tante, ses prises à la main. Quelques uns de ses compagnons l'attendaient. L'un deux lui intima d'aller poser ses prises près du feu. Une autre lui proposa de prendre place à ses côtés avec un doux sourire. Touchée par ces gens qui prenaient désormais soin d'elle comme une famille, elle leur fit un petit sourire et alla poser les rongeurs sur les autres carcasses d'animaux.
On aura un bon dîner ce soir... commenta-t-elle intérieurement, comme si on pouvait l'entendre.
Dans un souffle elle alla prendre place près de ses deux compagnons restés de gardes. Avec un brin de mélancolie en voyant cette homme et cette femme qui riaient l'un à côté de l'autre, Ëvolýn songea qu'elle aurait bien aimé que deux personnes fasse de même, devant ses yeux, en ce moment. Ses parents. Ils lui manquaient. Oh oui ! Beaucoup. Mais elle avait une nouvelle famille maintenant. Et puis, ses parents faisaient partis de leur clan pour toujours. ''Elle ne pouvait pas les voir, mais elle pouvait les sentir''. Là. Tout près de son cœur...