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[RPI] Une nouvelle Famille d'accueil pour l'imposteur

Moda l'Imposteur
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On m'appelle Moda l'Imposteur


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Posté dans [RPI] Une nouvelle Famille d'accueil pour l'imposteur   - Mer 19 Juin 2013 - 14:40

- Demeure des Parhelions, fin du mois de Velmos -


Le jeune maitre s'était levé aux aurores, comme à son habitude, et la plupart des domestiques n'avaient pas encore rejoins leur poste. Après s'être brièvement débarbouillé il avait rejoins les cuisines où la vieille Namilla avait préparé une légère collation pour lui et son père. Le chef de famille en dépit de son âge avancé était toujours le premier debout et il avait déjà presque terminé de manger.  Le fils prit place en silence, Namilla lui servit une assiette et il commença à engloutir la bouilli avec une grimace.
 
"Je ne comprends toujours pas pourquoi on vit toujours comme des rustres alors qu'on sera bientôt une famille majeur de Sant-poseinos."
 
Le père releva un instant le nez de son assiette mais ne décrocha pas un mot. Il avait mené ses descendants d'une main de fer durant les trois dernières décennies, c'est lui qui avait fondé l'exploitation en s'écartant des autres Parhelions de Sant-Poseinos. Albrecht Parhelion avait décidé de renoncer à la richesse de ses ancêtres en épousant Alice dalahargue, première fille des Delahargues, une riche famille bourgeoise de Sant Poseinos, et en créant ainsi une entreprise indépendante. Depuis son industrie s'était développée d'une façon exponentielle, sans jamais avoir recours aux navires de pèche de ses semblables. La pèche intensive en bassin d'élevage donnant un rendement phénoménale pour un cout dérisoire. Une technique que ses connaissances lui avaient permis perfectionner plus que quiconque à Matroos.
 
"Tes poissons vont bien?" interrogea le fils sur un ton légèrement railleur.
 
Ces derniers mois Albrecht travaillait avec le soutient d'une fine équipe de biologistes dans des laboratoires situés sous la demeure. Ils y étudiaient les croisement entre espèces et approchaient du but avec une race résistante dont la vitesse de croissance devait mettre au tapis toute la concurrence. En bon travailleur acharné il y passait la quasi totalité de son temps et on ne le voyait plus que brièvement au moment des repas. 
 
"Suffit Errol, Garde tes moqueries pour les galas et les réceptions mondaines et montre un peu plus de respect pour celui à qui tu dois ta vie de... petit marchand fortuné !"
 
Il avait prononcé ces derniers mots avec tellement de mépris que son visage s'était empourpré. Il se leva précipitamment et grogna pour signifier à la vieille Namilla qu'elle devait débarrasser son assiette.
 
"Enfin quelques mots !" S'exclama Errol avec un large sourire. "Je crois que je n'avais plus entendu le son de ta voix depuis près d'un mois !"
 
Albrecht eut un soupir qui ressemblait presque à un hoquet. Se tournant vers l'âtre il se munit d'un tisonnier et fit mine d'attiser le feu, fuyant le regard espiègle de son fils.
 
"Tu sais on commence à être inquiets, tu es de moins en moins présent et tu sembles si... fatigué."
 
Le père s'emmura à nouveau dans un mutisme dont lui seul avait le secret, ses yeux plissés plongés dans les flammes.
 
"Mère... Alice n'aurait pas aimé te voir dans cet état."

"Ne me parles pas d'Alice!"
 
Le vieux avait réagit instantanément, piqué au vif. Le nom de sa femme avait surgit à ses oreilles comme un prédateur embusqué bondissant sur la proie, il fallait le repousser. Ses yeux n'avaient pas quitté leur contemplation.  Sa voix grondante avait fait sursauté Namilla qui manqua de renverser la vaisselle qu'elle était en train de ranger. Son corps semblait, lui, avoir conserver un calme absolu, presque éteint. Funéraire. Errol se leva et le rejoint auprès du feu. La proximité lui permit de parler à voix plus douce, presque imperceptible. La vieille Namilla, comprenant qu'il se tramait un échange probablement des plus intéressants, abandonna la vaisselle et s'occupa de nettoyer la table, trouvant là un prétexte pour se rapprocher.
 
"La famille ne va pas se gérer toute seule père, je me démène déjà bien assez à revendre ton poisson bas de gamme et tu sais à quel point c'est difficile sans vivenef. Si tu continues d'optimiser tes spécimens on aura assez de poisson pour nourrir tout matroos et tout ça va nous rester sur les bras parce que je n'arriverais pas à le vendre."
 
Le père sembla acquiescer d'un nouveau grognement. Quand il avait créé la famille, sa femme Alice, qui était à la fois une excellente diplomate et une personne d'une incroyable inventivité, avait trouvé d'innombrables moyens de revendre la production du Parhelion dénichant la demande adaptée à son offre. Son statut d'ancienne bourgeoise ne l'avait pas empêché de faire de son époux un Marchand puissant bien que méprisé. Errol avait hérité des qualités de sa mère et aujourd'hui si le poisson Parhelion se trouvait dans presque toutes les auberges et restaurants modestes de Sant-Poseinos, il estimait que c'était en grande partie de son fait. A présent ce qu'il lui manquait pour étendre l'empire familial c'était une Vivenef.
 
Namilla avait finalement réussi à ne perdre aucune miette de la conversation. Depuis son arrivée, quelques semaines plus tôt, chez les parhelion; elle avait fait preuve d'un intérêt tout particulier à l'attention du jeune maitre, quitte à sortir parfois du simple cadre de ses fonctions. Elle s'était montré d'une attention irréprochable, s'assurant d'être toujours à l'écoute du jeune maitre. Errol avait fini par manifester une certaine forme de méfiance vis à vis de la servante, puis il avait remarqué un comportement similaire chez de nombreux autres membres du personnel et il commençait à penser qu'il s'agissait simplement là des conséquences de son charisme.
 
Albrecht grogna à nouveau. Il n'avait apparemment jamais été doué pour les relations humaines et les années passées enfermé avec ses éprouvettes n'avaient rien arrangé. Aussi étrange cela puisse paraitre, il ne cherchait pas tant à faire le commerce de sa création qu'à développer sa science et mettre au point l'espèce parfaite. Si sa femme, et maintenant son fils, ne se démenaient pas pour étendre son influence, il serait sans doute encore cantonné à un commerce de proximité, sans commune mesure avec l'activité attendue d'un marchand.
 
La journée qui avait commencé se parait d'un soleil réjouissant, en dépit des discordes matinales. Errol avait décidé de profiter de cette douceur réconfortante pour se promener dans les jardins. Le domaine déjà limité en surface voyait la plus grande partie de son espace réserver aux bassins d'élevage. Juste derrière la demeure, des cuves abritées servaient à la reproduction des spécimens, la production de ces cuves étaient ensuite transférée dans des bassins plus larges puis dans des étangs artificiels où on se chargeait de les pêcher. L'installation  était reliée au lac par un réseau de canalisations.
 
Seule la coure frontale servait véritablement de jardin. Un espace de verdure tout juste entretenu dont Albrecht ne se souciait guère. C'est Audrey, la sœur d'Errol qui avait entrepris d'aménagé cet espace en jardins. Simple mais élégants ils se paraient de la même sobriété que l'ensemble du domaine et même de la vie des Parhelions.
 
Yvain, un commis aux jardins d'apparence des plus quelconques venait de se mettre au labeur alors que le jeune maitre lisait le courrier sous une tonnelle adossée à l'aile sud. Equipé seulement d'une serpe, le commis élaguait nonchalamment un arbuste à quelques mètres seulement. Toujours penché sur le buisson, il porta son regard sur le courrier. De là où il se trouvait il lui était difficile d'identifier la nature des lettres mais il reconnu à la couleur de l'enveloppe la missive d'une famille bourgeoise de Sant-Poseinos.
 
Errol Déjeuna en compagnie de sa sœur. Audrey la cadette avait trois ans de moins que son frère, en âge de se marier depuis plusieurs années elle n'avait encore pas trouvé d'époux à sa convenance, et à celle d'Errol. Les marchand désireux de se lier avec les Parhelions se comptaient sur les doigts d'une main. Errol refusait de la laisser se marier à un bourgeois. Albrecht, qui avait lui même épousé une bourgeoise, avait néanmoins décidé de faire confiance à son fils ainé sur le sujet, prétextant qu'il refusait de s'intéresser à ce genre de problème. Audrey ne se plaignait pas, trouver un époux n'était pas sa priorité. Elle passait son temps à étudier, se plaisant à épauler son père dans ses recherches.
 
Audrey était très bavarde. Elle ressentait probablement le besoin impérieux de combler le silence par ses paroles ou peut-être qu'après avoir passé la mâtiné  avec son taciturne de père, la simple idée d'un repas muet lui paraissait insupportable. Errol répondait brièvement, se contenant parfois d'acquiescer ou de rire à ses plaisanteries.
 
Aucun mot n'avait échappé à la vieille Namilla. Elle observait les deux Parhelions prenant leur déjeuner depuis un recoins de la pièce où elle faisait mine de recoudre une nappe. Audrey était probablement la personne la plus proche d'Errol et de ce fait celle qui le connaissait mieux. Leur lien fraternel s'était trouvé immensément renforcé à la mort de leur mère cinq ans plus tôt. Alice Delahargue avait été la mère parfaite. Elle avait comblé l'absentéisme maladif de leurs père avec la  douceur la plus attentionnée et un sens de l'éducation altruiste et éclairé. Plutôt que de les forcer à suivre une voix qu'ils auraient pu ne pas aimer, elle avait réussi à leur faire aimer cette voix et ils l'avaient embrassé avec passion. Ainsi Errol, héritier de la famille, était devenu un commercial et un gérant aguerri et consciencieux et Audrey une biologiste passionnée et talentueuse. La maladie qui l'avait frappé avait été une tragédie pour chacun d'eux, elle avait définitivement plongé Albrecht dans le silence et ses deux enfants n'eurent d'autre choix que de trouver réconfort l'un dans l'autre.
 
Une autre personne se trouvait proche de l'héritier, il s'agissait du capitaine de son vaisseau qu'il côtoyait lors de ses fréquents voyages autour de Sant Poseinos. A force de naviguer ensemble, les deux hommes avaient fini par s'entendre bien au delà de ce que préconiseraient d'autre marchand plus à cheval sur la distinction des classes. Le pilote était probablement la seule personne qu'Errol considérait véritablement comme un ami mais au contraire de la cadette celui-ci n'était pas un élément clé. Si il posait problème il serait aisé de l'éliminer sans attirer de soupçons. Eliminer la sœur était hors de question et elle représentait un obstacle périlleux.
 
Errol passa le reste de la journée à contrôler des stoques de marchandise, supervisant les commandes reçues et s'assurant que tout parvienne au bon moment au bon endroit. Il avait son intendant et son contremaitre pour l'aider dans sa tache. A eux trois ils constituaient une équipe organisée et efficace. L'intendant était le plus anciens membre du personnel des Parhelions, jadis au service du père d'Albrecht, il avait décidé d'accompagner le fils dans sa folle aventure. Le contremaitre en revanche n'était qu'un employé des plus banal, sans loyauté particulière ni une grande ancienneté. Il travaillait bien, c'était tout. 



Moda avait emménagé clandestinement dans la demeure des Parhélion depuis maintenant deux semaines. Il avait investi une mansarde abandonnée depuis visiblement plusieurs années que lui avait montré la vieille Namilla. 
Lorsqu'il avait repéré les Parhelions, plusieurs mois par le passé, le sang mêlé avait immédiatement vu dans ce morceau de famille marchande un potentiel inestimable. Avant même de leur envoyer le premier espion il avait projeté dans son esprit machiavélique une multitude de plans élaborés et avait déroulé pour chacun d'eux la liste des conséquences et aboutissements possibles et exploitables. Parmi ceux-ci il en avait retenu un, dans un premier temps, qui lui plaisait particulièrement. Après une rapide recherche il avait décidé d'exploiter l'ombre que le père d'Albrecht laissaient planer sur la branche rebelle de la famille, et suggérant son rôle d'émissaire de la famille mère, avait soudoyé le contremaitre affin d'introduire petit à petit ses sbires parmi le personnel. Le plus réussi d'entre eux, et de loin, était la vieille Namilla. Personne n'aurait jamais pu suspecter qu'un authentique pirate se cachait sous le costume de la domestique, et pas n'importe lequel, son fidèle bras droit, Gus. Gus le maudissait chaque jour, chaque heure, chaque minute qui passait pour lui avoir imposé un tel travestissement, mais il avait joué son rôle à la perfection jusque là et les efforts étaient sur le point de payer.
 
"Mère... Alice n'aurait pas aimé te voir dans cet état... "

 

"Nan nan plus doux la voix, marque d'avantage l'intonation sur état"

 

"Mère... Alice n'aurait pas aimé te voir dans cet état."

 

"Ouais c'mieux."
 
Gus remis l'enregistrement en route, la voix de l'héritier Parhelion retentit à travers les hauts parleurs, une phrase puis deux. Moda repris, imitant le ton du marchand.
 
"La famille ne va pas se gérer toute seule père, je me démène déjà bien assez à revendre ton poisson bas de gamme et tu sais à quel point c'est difficile sans vivenef."

 

"Fait attention, il chuchotait à ce moment là, attends je me rapproche, il se tenait juste à coté de son père, ça a pas été facile à enregistrer ce morceau."

 

"Je crois que bientôt le papounet et son fifils vont cesser de se voir, jouer à ça c'est juste une perte de temps."

 

"Et oublie pas la soeur."

 

"Oh ne m'en parle pas de celle là, mais ne t'inquiète pas je trouverais surement un marchand à qui la marier... Ce sera toujours mieux que la bazarder dans grand vent."



"Tu n'y penses pas, pauvre petite ! Allez concentre toi, t'as fais beaucoup de progrès cette semaine."

 

"Il reste combien de disque?"

 

"sept"

 

"Sept ?! Ce mec parle trop !"
 
 
L'exercice durait depuis l'arrivée de Moda. Son séjour éclair à Midel-heim l'avait conforté dans son plan et il avait décidé de passer à l'action. Il avait un espion dans chaque parcelle de la demeure du marchand, des dispositifs d'enregistrement dans tous les lieux clés. Il étudiait la vie d'Errol sous tous ses aspect, déterminé à ne pas laisser le moindre élément au hasard. Au delà des exercices visant à reproduire sa voix ( et desquels Moda, de part son expérience de faussaire, arrivait à se tirer à bon compte ) il avait regroupé et emmagasiné des informations sur son passé, ses amis, ces centres d'intérêt, il avait même réussi à dénicher des secrets qu'Errol pensait connus de lui seul. Ces informations, compilées dans des registres à l'épaisseur monstrueuse, jonchaient la chambre du sang mêlé, s'amassant en monticules inégaux


Il y avait là tout ce qu'il était possible de savoir sur les Parhelion, des enfants d'Albrecht à ses ancêtres les plus éloignés, et sur toutes les familles de Marchands qui exploitaient le lac de Vama. Plus loin une pile de plus d'un mètre de haut recensait  tous les clients actuels, envisagés, en négociation et potentiel des Parhelions, avec une brève description de leur commerce. Un autre tas contenait ni plus ni moins que la vie d'Albrecht Parhelion, depuis sa naissance à ses quelques plans d'avenir en passant par un traité sur la méthode d'élevage intensif qu'il met au point et un récapitulatif fourni en détail sur sa vie matrimoniale


Les répétitions prendraient bientôt fin et il serait temps de jouer la pièce.


Moda l'Imposteur
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Posté dans Re: [RPI] Une nouvelle Famille d'accueil pour l'imposteur   - Dim 30 Juin 2013 - 16:30


"J'ai fait aussi vite que j'ai pu, où est le patient?"


C'est Audrey qui avait réceptionné le médecin. Dans la précipitation elle n'avait pas cherché à vérifier son identité, après tout c'était la vieille Namilla qui avait eu la sage initiative de le faire chercher et heureusement car qui sait quelles atroces complications auraient pu survenir si on avait attendu d'avantage. La jeune fille n'avait pas eu le courage de regarder les dégâts causés au visage de son frère et elle se contentait à présent d'attendre dans l'antichambre que la situation évolue... en bien ou en mal.

Quand le médecin entra dans la chambre Albrecht se jeta à se pieds, les yeux pleins de larmes. C'était la première fois qu'il quittait son laboratoire au beau milieu d'une expérimentation, il n'avait pas pris la peine de retirer blouse et gants, il était désemparé.

"Laissez moi l'ausculter, vous devriez attendre dehors."

La vieille Namilla prit le père par les épaules et le guida en dehors de la chambre, tachant de le réconforter du mieux qu'elle pouvait, ou au moins de minimiser son désarroi. Après s'être assuré que la fille avait pris le relai elle revint dans la chambre et ferma soigneusement la porte derrière elle. Le corps d'Errol avait été transporté jusque dans son lit, il avait perdu connaissance sous l'effet de la douleur mais d'après la servante sa vie n'était pas menacée. Moda et Gus s'accordèrent un regard, jusque là le plan se déroulait plutôt bien. Le sang mêlé n'avait pas prévu une réaction si frappante de la part du père mais au final ça n'avait pas eut de conséquences fâcheuses. Sur l'instant il semblait même avoir perdu sa lucidité au point que cela faciliterait les opérations, son comportement deviendrait cependant gênant s'il persistait sur cette voie. Son détachement vis à vis de son entourage était appréciable. Dans l'idéal, Moda aurait préféré qu’Albrecht reste à ses poissons.

Sur les ordres de Moda, Gus avait appliqué un chiffon humide sur le visage du marchand le temps que son maitre revienne dans sa tenue de Médecin. Le linge avait eu un effet dévastateur, aggravant l'action de l'acide mais aussi et il avait soustrait le visage décomposé aux yeux de ses proches. Il valait mieux en effet les laisser au maximum dans l'ignorance et laisser travailler leur imagination, il en allait du bon déroulement du plan. Moda s'approcha du lit, saisit le chiffon par un coin et le souleva. La chaire fondue collait au tissu et se détachait en lambeaux, dégageant une odeur de décomposition. Le visage était détruit. De ce qui faisait l'apparence d'Errol il ne restait qu'une rangée de dents à présent dépourvues de lèvres. Le nez avait disparu, ne laissant derrière lui que deux orifices rougeoyants à l'aspect carbonisé. Ses joues décomposées n'étaient plus que des cratères sanguinolents et son front était dénudé au point que le crâne soit à l'air libre. Les sourcils avaient dévié le liquide, et si Errol avait eut le réflexe de fermer les yeux, peut-être qu'il n'avait pas perdu la vue. Son souffle était devenu un râle gémissant.

"Les vapeur qu'il a respiré lui ont probablement brulé les poumons et la gorge"


Annonça Gus comme s'il parlait du beau temps.

"Tu as déjà eu affaire à ce genre de blessure ?"


Demanda le sang mêlé sans se défaire de sa contemplation morbide.

"Une fois une fille a été attaquée comme ça, l'acide lui a bouffé le bras et une partie du dos. C'était pas joli joli."


Moda posa sa mallette sur le bord du lit, elle ne contenait rien de bien extravagant mais il fallait bien avoir l'air un peu sérieux. Il en sorti des bandages et des tranquillisants, puis une bouteille d'alcool et une compresse qu'il imbiba copieusement avant de commencer à nettoyer la face du marchand.

"On le transportera cette nuit, trouve moi deux hommes remplaçable pour nous aider et un autre pour s'assurer que personne n'entre dans la chambre."


Il donnait ses ordres tout en s'appliquant consciencieusement à la tâche. Lorsqu'il appliquait la compresse le souffle de l'homme s'accélérait mais il ne se réveilla pas. Le nettoyage dura de longues minutes, la tâche le répugnait mais il avait décidé de la mener à bien.  Il commença ensuite à lui enrouler la bande de tissus autour de la tête, marquant soigneusement la bouches, le nez et les yeux, ou plutôt ce qu'il en restait.

"Rassure moi, tu compte pas sérieusement garder ce mec ?"


Gus avait eut du mal à comprendre l'intérêt de cette mise en scène, pour lui il aurait été plus simple de se contenter d'achever le marchand, lui évitant ainsi beaucoup de souffrances, et de placer immédiatement le sang mêlé à la place.

"Je suis sur qu'il y a plein de choses que notre ami se fera un plaisir de nous raconter"

Expliqua-t-il sans  se soucier du caractère énigmatique de ses paroles. La tête d'Errol était à présent entièrement enveloppée. Il vérifia son pansement, serra le bandage et reposa la tête confortablement sur l'oreiller.

"Mais tout de même..."

"Tu ne comprends pas Gus..."
Il s'approcha de son second au point qu'il puisse se faire entendre d'un simple chuchotement. "Tu es et restera le seul à savoir, tu comprends ce que cela signifie, tous les autres, ils ne verront pas le changement, ou alors ils prendront la direction de grand-vent."

Le second se tut. Moda rangea en vrac les restes de bandages et les compresses usagées, vérifia qu'il n'avait rien laissé trainé et referma la mallette.

"Je te laisse les tranquillisants, si il se réveil... assomme le un bon coup et surtout veille bien à ce qu'il ne puisse pas parler à son père ou sa sœur. On se retrouve ce soir pour la suite du plan."


Lorsqu'il franchit la porte de la chambre Albrecht et Audrey l'assaillirent. L'auscultation avait  peut-être duré un peu plus dune demi-heure mais pour les membres de la famille cela représentait une éternité d'inquiétude et de doute. Il prit un air grave, tachant de les calmer avant d'annoncer le verdict.

"Seul son visage a été gravement touché mais les dégâts sont... considérables... irréversibles."


Il lut la terreur qui emplissait leurs regards.

"Rassurez vous, ses jours ne sont pas en danger. Ses voix respiratoires ont subit des dommages superficiels mais ce sera cicatrisé d'ici quelques jours. Vous devez bien comprendre toutefois qu'il est défiguré à vie, il est impossible de réparer une telle blessure et le spectacle de son visage ravagé sera douloureux et éprouvant, autant pour vous que pour lui. Je crains hélas que, dans la mesure om ce genre de blessure est rarissime, il n'existe pas de remède efficace et il devra probablement garder définitivement son bandage, autant pour se soustraire à la vue de son entourage que pour protéger ce qu'il lui reste de chaire."


Ses paroles n'avaient rien de rassurant, ça il le savait, d'ailleurs il s'en souciait peu. Il ne leur avait pas dit ce qu'ils voulaient entendre et encore moins un constat honnête ou éclairé, de toute façon ses connaissances en médecine ne le lui permettaient pas. En fait il avait seulement tourné son observation de façon à ce que sa nouvelle famille ne lui pose pas de problèmes particulier par le futur. Avec un peu de chance ils se limiteraient à ce diagnostique sournois et l'accepteraient comme une vérité absolue le temps qu'ils se fassent à la nouvelle apparence de leur héritier.

"J'ai montré à Namilla comment changer les bandages, elle possède déjà quelques connaissances de guérisseur, pas de quoi en faire un médecin mais sa réactivité a épargné à Errol des complications regrettable. Je vous conseillerais toutefois de le laisser récupérer sans interférer, il est fragile et sa chambre ne sera jamais assez tranquille pour traverser une telle épreuve."

Sur ces mots il prit congé et disparu, tachant de s'imprégner de la douleur des deux Parhelions, il ne ressentait pas encore de réel compassion envers eux mais après-tout, c'était sa futur sœur et son futur père. Il lui faudrait bien les aimer, d'une façon ou d'une autre.



Il lui avait fallu près d'une heure et demie de maquillage pour arriver à un résultat satisfaisant mais à présent, avec les bandelettes enroulées autour de la tête et les vêtements d'Errol Parhelion, l'illusion était parfaite. Pour transporter le corps du véritable Errol il avait fallu droguer le père qui avait catégoriquement refusé de quitter le chevet de son fils. Audrey allait vraisemblablement passer la nuit à pleurer dans la petite chapelle de la demeure, priant Vama pour que son frère se rétablisse rapidement. Il sembla même que ses supplications portèrent leurs fruits car Errol se réveilla deux fois le temps qu'on le déplace jusque dans la carriole. Si la première fois on stoppa la procession le temps que finisse son sursaut de conscience, la seconde, Gus lui assena un méchant coup à l'arrière du crâne. "Plus efficace que les tranquilisants" fanfaronna-t-il. Heureusement pour ses Oreilles, Moda était trop occupé dans la chambre du marchand à imiter un brulé à l'acide cherchant à trouver le repos.

Aux premières heures de la journée il avait fait mine de se réveiller d'une journée d'inconscience douloureuse. Gus lui avait dégoté un breuvage immonde au gout de moisissure et de viande flétrie qui lui avait tellement arraché la gorge qu'il ne pouvait plus s'exprimer autrement qu'avec une voix rauque. Il ne cherchait pas vraiment à parler de toute façon, se contentant de pousser un râle un peu plus fort en faisant mine d'essayer de bouger la main. Quand Albrecht le remarqua il fondit en larme et se jeta sur lui, le serrant dans ses bras. L'étreinte le fit tousser, le père se ressaisit, sécha ses larmes et contempla ce qu'il pensait être son fils revenu à la vie. Il n'eurent pas besoin d'échanger plus de mots.

Son plan initial prévoyait de passer trois jours au lit pour simuler une convalescence lente et laborieuse mais à la fin de la première journée, ne rien faire d'autre qu'attendre allongé en écoutant les encouragements de sa famille de substitution était devenu un calvaire innommable. En conséquence, dés le lendemain il avait bénéficié d'un  rétablissement éclair offert par la volonté de Vama toute puissante et s'était levé en dépit de l'air affolé d'Audrey qui le trouvait encore trop faible pour bouger.  Plus tard dans la journée il faisait le tour du domaine et mangeait avec Albrecht et Audrey. Douce ironie, c'était la première fois depuis plusieurs mois que les trois Parhelions étaient réunis pour un repas.


Le véritable Errol ne s'en sortait pas aussi bien. Il avait été transporté en hâte dans les égouts de Sant-poseinos où, sous le nom d'Allain Grandsabot, Moda gérait ses activités les plus frauduleuses. Originellement prévues pour stocker des marchandises de contrebande, de larges caves aménagées sous le quartier animé, étaient devenues un repère de hors la loi et de trafiquants. Les accès aux parties les plus importantes n'étaient cependant connus que de lui et Gus et c'est là qu'ils enfermèrent le marchand.

Les ténèbres et l'humidité du cachot n'avaient pas aidé l'homme à guérir. La brulure de ses voix respiratoires, au lieu de se calmer avait prit une tournure inquiétante et régulièrement Errol crachait du sang. De ses deux yeux, seul le droit avait été épargné ce qui en faisait un borgne en plus d'être défiguré. Le peut de nourriture qu'il avait daigné avaler, il l'avait vomi quelques minutes plus tard, et pour couronner le tout il était emprunt d'une fièvre inquiétante.

"Je pense que ça s'est infecté."
Conjectura le fidèle bras droit "C'était pas une bonne idée de l'amener ici s'tu veux mon avis, ces souterrain sont de vrai nids de Muvers, si il survit à l'acide, une autre maladie aura sa peau."

"On va l'envoyer au château Vifranger."


La Bâtisse que Moda avait fait construire par Esheban Ondeluire en personne lui servait de relais. Il y arrivait les produits qu'il revendait sous différents noms d'emprunt, que ce soit Juhlain, Isulf, Amaranth ou Alain, chacune de ses identités en bénéficiait à sa manière mais le véritable intérêt résidait dans le mince filet de marchandises illégales, rachetées sur le marcher noir, qui transitait en toute discrétion au milieu de tout ça. Les employés qui travaillaient au château étaient presque tous d'honnêtes citoyens et c'est bien la raison pour laquelle il n'avait pas voulu y envoyer Errol. Maintenir un captif dans cette bâtisse ne pourrait se faire qu'un temps, une fois rétabli il faudrait le transférer à nouveau dans ce cachot humide.
Le sang mêlé se pencha au dessus de se corps tordu par la douleur, il l'attrapa par la mâchoire et  tourna sa tête vers lui pour le forcer à regarder celui qui avait pris sa place.

"Écoute moi, te laisse pas aller, ton rôle n'est pas terminé, tu dois vivre. Pense à ton père et à ta sœur, ils ont besoin de toi, tu ne peux pas les abandonner."


Son unique œil restant s'était écarquillé quand il avait compris que Moda lui parlait de sa sœur mais aussitôt après il avait perdu connaissance. Le temps qu'on prépare un véhicule pour l'amener au château son corps n'était plus qu'une masse inerte et sans vie, avec lui disparaissaient tous les secrets d'Errol que Moda n'avait pu mettre à jour. Il n'y avait plus qu'à espérer qu'aucune information capitale ne lui avait échappé car à présent, ces données étaient perdues à jamais.


"Audrey?"


Il avait appelé sa nouvelle sœur d'une voix hésitante mais claire. Elle se précipita dans la chambre avec gaité, entendant à sa voix que la gorge de son frère allait mieux et le trouva debout au fond de la pièce. Il lui tournait le dos.

"Errol ! Tu es encore Levé !"

S'exclama-t-elle sur un ton faussement réprobateur.

"Je sais que tu as l'air d'être remis mais tu dois faire attention à ne pas trop en faire hein !"


Il tacha de faire passer autant de tristesse que possible dans son soupire. S'il se sentait parfaitement bien, il ne fallait pas oublier que son personnage, lui, venait de perdre son visage, ce qui accessoirement semblait être douloureux. Pour la plupart des gens un tel drame laisserait un traumatisme insurmontable, il ne pouvait certes se permettre de jouer un tel extrême sans quoi le rôle du marchand ne lui serait d'aucune utilité, mais il fallait tout de même y mettre un peu de vraisemblance.

"Qu'en penses-tu?"

Il se retourna subitement vers elle, un masque de bal sur le visage. Quitte à porter des bandages jusqu'à la fin de ses jours, autant y mettre un peu de forme. Audrey s'arrêta net, incrédule. Ses yeux écarquillés ne reconnaissaient plus son frère. Moda le senti, il avait été trop enthousiaste, il fallait arranger ça et vite.

"Je suis un monstre !"


Gémit-il en se jetant sur le lit. Il avait modulé sa voix pour coller au plus prêt  des intonations qu'il avait travaillé d'après les enregistrements, priant pour que cela soit suffisant. Alors Audrey se pencha et se serra contre lui, nichant son visage d'enfant dans le creux formé par ses omoplates.

"Tais-toi, t'es pas un monstre, t'es mon frère."
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