Histoire
Allongée sous l'ombre d'un arbre, Maîlréma rêvasse... Le regard fixé sur le nuage au-dessus d'elle, elle observe l'évolution de sa transformation au grès  du vent, léger  pour l'heure. Elle plisse les yeux, le  nuage change encore de forme. Ses lèvres  esquissent un petit sourire en coin...

"Maïré ?!"

La jeune fille fronce les sourcils. La voix de son frère aîné , Kalikam, vient interrompre ce moment de solitude. Aussi, c'est sans grande conviction qu'elle répond.

" Je suis là..."

Quelques jurons et grognements plus tard le jeune homme se tient devant elle. Il affiche un air contrarié,  mais c'est  avec une nervosité toute contrôlée qu'il époussette la chemise légère qu'il porte au-dessus de son  pantalon ample. Ses yeux orangés se posent sur Maîlréma.

" Qu'est ce que tu fiches ici ? "

La jeune femme se relève avec souplesse et plante à son tour ses yeux pailletés, dans ceux de son frère.

" Hé bien ... " dit elle avec ironie " jusqu'à ce que tu m'interrompes, j'étais en pleine réflexion.."

Kalikam hausse les épaules et jette un coup d'oeil réprobateur sur la tenue vestimentaire de Maîlréma.

" Tu ferais mieux d'aller te changer..."

La demoiselle baisse ses prunelles de feu sur les vêtements presque similaires à ceux de Kalikam.

" Me changer? Et pourquoi? "

" A 17 ans, peut être serait-il temps que tu t'habilles comme une femme, non ? "

Maîlréma pointe les arbres fruitiers autour d'eux.

" Tu penses qu'ils vont faire la différence ? "

Kalikam lève les bras et les laisse retomber le long de son corps en signe d'impuissance et de résignation.

" Maîlréma Délésoäk... Tu es..."

Elle lui coupe la parole promptement et finit la phrase à sa place.

" Adorable ? "

Le jeune homme regarde sa jeune soeur un instant, avant de répondre, un tendre sourire sur les lèvres.

" Oui... Aussi "

Défile alors devant ses yeux, les images de cette nuit si spéciale pour lui. La nuit où  il est devenu un grand-frère. Il avait six ans à la naissance de Maïré. Il regardait ce bébé à la peau toute chiffonnée. Ses pleurs emplissaient la maison. Comment cette toute petite chose  pouvait être aussi bruyante? Ses mains minuscules  s'agitaient en mouvements saccadés. Dans un geste hasardeux elle attrapa un de ses doigts. Elle le serrait avec une force extraordinaire et s'y cramponnait... c'est à ce moment-là, qu'un sentiment étrange naquit en lui, cette émotion lui serrait le coeur, envahissait son esprit. Elle était si petite, semblait si fragile. Il devait être là pour elle , toujours. Son devoir était de veiller sur sa vie et de la protéger.