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« C'est en prison que l'on croit à ce que l'on espère.

Jens von Schroeder
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On m'appelle Jens von Schroeder


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Posté dans « C'est en prison que l'on croit à ce que l'on espère.   - Mar 23 Déc 2014 - 10:47

Spoiler:

Appuyé contre les barreaux sommairement taillés de la geôle dans laquelle il se trouvait avec sa compatriote, Jens fixait la paille humide qui leur avait servi de couche durant la première nuit qu'ils avaient passé dans ce nouveau campement. Les matrosciens y avaient tout juste la place d'y tenir debout et les dimensions au sol permettaient seulement à l'officier de pouvoir s'allonger, dans un sens comme dans l'autre. Il s'agissait d'un simple renfoncement dans le flanc d'une montagne que délimitaient d'épaisses pièces de métal plantées dans la pierre, certainement par cette magie dont étaient capables les habitants de ces terres. Difficile à dire, cette prison de fortune était déjà présente avant qu'ils n'y soient jetés.

Au dehors, les boréaliens se relayaient par paires pour veiller sur eux, plus armés que de raison face à leurs prisonniers qui n'avaient à disposition que cette paille brunie et quelques couvertures. Adossés aux parois rocheuses de part et d'autre de la grille de fortune, ils gardaient un oeil aussi bien sur leurs prisonniers que sur l'environnement extérieur. À croire qu'ils craignaient autant des étrangers que de leurs propres terres.

Jens n'avait que très peu parlé depuis qu'ils avaient été escortés là, trop occupé à analyser cette nouvelle situation et ces nouveaux boréaliens pour se laisser aller à de longues discussions avec une femme qui pouvait être des leurs. L'appartenance ou non de ces hommes et femmes à ces "déserteurs" dont lui avait parlé Skye ne lui avait pas sauté aux yeux, et l'absence de Jörd et Chilali depuis leur arrivée laissait encore planer le doute après seulement une journée passée là. Déjà, la lumière faiblissait une seconde fois sur leur geôle, annonçant une seconde nuit sur ces couvertures à peine assez épaisses pour retenir un semblant de chaleur. Des odeurs de viande grillée pouvait leur parvenir, annonçant l'arrivée prochaine d'un repas sommaire.

Jens releva les yeux en s'en rendant compte, tournant la tête vers le feu sur lequel tournaient plusieurs broches. Autour, les boréaliens continuaient de s'affairer à diverses tâches qui leur incombaient, lançant parfois des regards curieux vers ces deux étrangers à l'air bien piteux dans ce trou de pierre.

Le capitaine détourna rapidement son regard de cette liberté qu'il convoitait, pour le poser sur celle qui partageait son sort. Elle semblait aussi fatiguée que lui, mais portait de quoi mieux supporter le froid environnant qu'exacerbait leur inactivité. Son uniforme, à lui, se contentait de le protéger des quelques bourrasques qui s'invitaient dans leur antre minuscule, et continuait de dissimuler son bras en écharpe qu'il n'avait pas sollicité de nouveau depuis leur capture.

Il observa silencieusement la matroscienne pendant un instant. Les quelques mots qu'ils avaient échangés avant que ne surgisse cette Oönvula l'avaient un peu éclairé sur la situation de sa compatriote, sans pour autant le rassurer entièrement. Au fond de lui, il comprenait ce sentiment d'injustice face à la conquête de ces terres par leur propre peuple, lui-même la ressentait sans pour autant se sentir prêt à changer de camp. La désertion de Skye des rangs miliciens témoignait de valeurs morales qu'il lui avait toujours connues et qui lui avaient toujours plu, mais il craignait que ces mêmes valeurs, accordées au camp adverse, ne les confrontent de nouveau. Et pourtant, il n'arrivait toujours pas à la haïr.

Les yeux du capitaine se détournèrent alors que ce dernier poussait un soupir, lassé de sa condition de captif qui se faisait plus que pesante.

- Que croyez-vous qu'ils feront de nous ? Jörd et votre amie ne sont toujours pas réapparues.
Skye Lewis
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Posté dans Re: « C'est en prison que l'on croit à ce que l'on espère.   - Mer 24 Déc 2014 - 1:41

Skye frissonna et resserra sont lourd manteaux autour de ses épaules. Les derniers jours avaient été éprouvant et aucune de ses compagnons de voyages n’avait pu se reposer, elle y comprit. La fièvre avait commencé à faire son apparition durant le trajet et elle s’installa encore plus profondément une fois installé dans leur petite prison. Mais l’heure n’était pas aux jérémiades, et l’état de santé de son acolyte était plu inquiétant que le sien. Depuis leur départ, le milicien n’avait plus bougé son bras et Skye redoutait qu’il ne sente plus ses doigts désormais.
De temps en temps, le vent se levait violemment et parcourait les quelques mètres carrés qui formaient leur cellule. Ces moments là étaient une bénédiction pour la jeune femme. Elle avait l’impression d’être de nouveau libre. Parfois, quand elle pensait à son passé, il lui semblait aussi flou que son avenir. Avait-elle vraiment été cette femme forte et caractérielle au sein d’une grande armée ? Désormais, elle se sentait lasse et fatiguée. Elle n’avait plus la force de combattre et pour la première fois de sa vie, elle avait envie d’abandonner.

Les paroles de son acolyte la sortirent de sa torpeur et non sans mal, la milicienne se détourna à contre cœur de ses pensées :

« Je ne sais pas. Je n’ai jamais vue de camps comme celui-ci. Pendant notre voyage, Chil et moi nous sommes arrêtés dans un village, Pleyrion, et même s’il était plus que rustique, il était néanmoins beaucoup plus aménagé. J’ai plus l’impression qu’il s’agit ici d’un leurre. »

Skye et Jens étaient des soldats. Ils avaient été formés au combat et à la stratégie militaire. Et en tant que bon stratège les deux matrosciens avaient prit le temps d’étudier tout ce qu’il pouvait voir depuis leur prison. Les erfeydiens étaient méfiants et ils prenaient grand soin de ne pas s’approcher d’eux. De temps en temps, ils utilisaient leur lien et les deux miliciens ne perdaient pas une goutte du spectacle.

« Ils ne savent pas que je comprend leur langage. Et pour vous, que vous saisissez les nuances. Nous pouvons en tirer un certain avantage. »

Un nouveau frisson la parcourut mais elle essaya de bouger le moins possible. Pourquoi cette maudite fièvre ne la quittait-elle pas ? Ce n’était pas le moment d’apparaitre faible, elle avait besoin de recouvrer ses forces sinon plus.

Elle jeta un coup à Jens rapidement. Il devait mourir de froid avec sa tenue en lambeau et intérieurement, elle remercia Chil pour lui avoir fourni personnellement une tenue adéquate. Enfin, elle passe une main dans ses cheveux pour les remettre en arrière, une habitude qu’elle avait toujours eu mais qui désormais, était inutile depuis qu’elle avait du les couper. Skye ferma les yeux un instant et imagina sa douce Matros. Avait-elle réellement fait le bon choix ?
Jens von Schroeder
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Posté dans Re: « C'est en prison que l'on croit à ce que l'on espère.   - Ven 26 Déc 2014 - 4:53

Une nouvelle bourrasque vint geler l'échine de l'officier qui resserra ses jambes sur son torse, lui arrachant une grimace de douleur lorsque son bras se vit compressé par ses genoux, prix à payer pour mieux supporter ce froid.
La réponse de Skye ne contribua pas à rassurer l'homme dont le visage était redevenu impassible, comme celui qu'il avait toujours affiché durant toutes ses années de service à la milice. Ces quelques jours passés à suivre ces trois femmes et à se faire soigner, bien que sommairement, lui avaient rendu assez de forces pour porter de nouveau ce masque, par dessus celui d'un homme clairement fatigué. Ses yeux étaient cernés, ses traits tirés autant par le froid que l'épuisement, une barbe encadrait nettement sa mâchoire et laissait voir des lèvres gercés. Tout comme son uniforme, ce qui, de lui, avait pu être digne et élégant, s'était détérioré et faisait oublier cet officier à l'allure stricte qu'il était encore quelques jours plus tôt.

- Un leurre ?

Jens tourna de nouveau la tête vers l'extérieur, essayant de comprendre ces mots. Qu'entendait-elle par "un leurre" ? Était-ce un camp monté pour les détourner d'une ville plus importante ? Ou bien ces guerriers étaient-ils des déserteurs n'ayant pas jugé utile de le signaler plus tôt pour baisser leurs défenses ?
Son regard croisa celui de l'un des deux geôliers qui le toisa de toute sa hauteur et de toute sa musculature dissimulée sous un épais manteau de fourrure. Ce fut la vision de ce vêtement chaud qui fit détourner le regard au milicien, plus que l'allure menaçante de cet homme qui n'avait, de toute manière, rien à prouver face à lui. Si Jens parvenait à s'enfuir, il ne courrait pas assez vite pour éviter leurs flèches, et se ferait bien vite rattraper par leur mystérieuse magie.

- Cela constituerait un avantage si Jörd et Chilali ne crachent pas le morceau. Lança-t-il sèchement.

Il savait l'estime que portait l'ex milicienne à cette femme masquée, mais cela ne suffisait pas à convaincre le capitaine de sa franchise ni même de ses bonnes intentions. Et si cette femme manipulait Skye depuis le début, afin de la liguer contre les siens ? Un traître était toujours utile lorsqu'utilisé dans un camp adverse. Le regard de Jens s'était reposé sur la jeune femme. Toutefois, même si cette boréalienne avait été sincère avec elle, rien ne garantissait qu'elle ne se confie pas à ce groupe guerrier, s'il s'avérait être allié et, s'il était ennemi, la torture restait un bon moyen d'extorquer des informations. Le raisonnement de l'officier s'appliquait aussi bien à la jeune Jörd, lui faisant se demander si le traitement qu'il avait accordé à la boréalienne à Mirjak pourrait jouer en sa faveur.

Jens soupira à nouveau et étendit ses jambes devant lui à présent que la bourrasque était passée. À l'extérieur, les deux geôliers s'étaient vus servir chacun une ration copieuse et odorante qui vint chatouiller les narines du milicien, annonçant le maigre repas des prisonnier après que les deux montagnes aient terminé de manger.
Le regard de l'officier était revenu se perdre dans le vide comme s'il craignait qu'à trop regarder cette femme, pour laquelle il avait fait revenir le gros des forces matrosciennes en ces terres, il ne finisse par se ranger de son côté.

- À quel point faites-vous confiance à cette boréalienne ?

Cette question avait clairement pour but de s'assurer que la concernée n'évoquerait pas leur compréhension de leur langue, mais elle soulevait une toute autre interrogation que le milicien dissimulait sous des apparences purement tactiques. À quel point Skye s'était-elle détourné des siens, de lui ? Un sentiment d'appréhension lui noua la gorge alors qu'il l'entendait déjà ne voir que par cette Masquée.
Skye Lewis
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Posté dans Re: « C'est en prison que l'on croit à ce que l'on espère.   - Dim 28 Déc 2014 - 14:19

« Cela importe t-il vraiment désormais ? »

Skye croisa le regard du milicien et un instant de silence s'installa entre eux. Ils ne se quittèrent pas des yeux et sans vraiment comprendre pourquoi, la jeune femme ressentie une immense paix envahir son corps. Après tout ce qu'elle avait enduré, c'était Jens qui était venu à son secours puis qui avait finalement été embarqué dans une folle aventure à son tour. La rouquine ne le lâcha pas du regard, plongeant ses yeux vert émeraude dans le bleu glacé et profond de son acolyte. Alors, faisant profit de ce moment d'intimité qui semblait se créer entre eux, Skye poursuivit :

« Chil n'a pas été mon amie dès le début comme je vous ai déjà raconté. C'était mon bourreau, j'étais sa prisonnière. Pourtant, elle n'a jamais été dure envers moi. Dès le départ, j'ai senti qu'elle était curieuse et envieuse d'en savoir un peu plus sur moi. J'ai passé près d'un an, si ce n'est plus, avec elle pour seule compagnie. Nous avons traversé le pays d'un bout à l'autre et tout au long, elle n'a eu de cesse de me protéger. Nous avons appris à nous connaître, apprit à nous apprivoiser. Jens, nous ne sommes peut-être pas du même pays, nous ne parlons peut-être pas la même langue, mais elle reste humaine, elle reste une femme. En quoi sommes-nous si différents d'eux ? Ce pays est fabuleux. Il est fantastique même ! Oh certes, vous n'avez dû y voir que de la poudre blanche et des tempêtes, c'est ce que je voyais moi aussi. Mais il s'agit de plus que ça ! Il s'agit de quelque chose de bien plus différent, de bien plus profond. La nature est vénérée, la vie est simple et paisible, c'est un bel endroit... Un lieu où l'argent n'a pas sa place, ou les classes sociales sont inexistantes et où chacun est libre de créer sa propre vie... »

Venait-elle de mettre le doigt sur quelque chose ? Était-ce toute la rancœur qu'elle avait pour Matroos et pour sa condition de femme citoyenne qui surgissait soudainement ? Les larmes qui coulèrent subitement sur ses joues en dévoilèrent bien plus qu'elle ne voulut le montrer. Aux yeux de tous, Skye Lewis avait toujours été une femme forte et indépendante qui n'hésitait pas à crier plus fort pour se faire entendre. La voir s'effondrer devait-être un spectacle affligeant. Elle remonta ses genoux contre sa poitrine et appuya sa tête entre ses mains, se laissant aller doucement. Depuis quand n'avait-elle pas pleuré ? Depuis quand n'avait-elle pas craqué ? Il lui semblait que la dernière fois remontait à des pleurs de petite fille.
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Posté dans Re: « C'est en prison que l'on croit à ce que l'on espère.   - Sam 3 Jan 2015 - 6:40

Spoiler:

Le milicien retint un hochement de tête lorsque la jeune femme lui demanda si la confiance qu'elle accordait à cette boréalienne lui importait encore. Bien qu'il laissait seulement entendre qu'il s'en inquiétait simplement pour savoir à quoi s'attendre de l'autochtone, il avait encore cette trahison en travers de la gorge et, bien qu'il soit bien impuissant face aux choix de sa compatriote, il espérait au moins que cette femme en valait le coup et qu'elle ne les vendrait pas trop facilement.

Skye reprit alors ce qu'elle lui avait déjà confié quelques jours auparavant, avant qu'ils ne rencontrent cette Oönvula. Elle avançait les mêmes arguments qu'elle complétait par de nouveaux, rendant son récit plus personnel encore. Entendant cette ferveur avec laquelle elle le lui racontait et ce sentiment de liberté qui semblait l'envahir, Jens sentit sa conscience peser un peu plus en faveur de ce peuple qu'il savait en son droit de revendiquer ses propres terres. Ses convictions avaient commencé à s'étioler lorsqu'il avait vu tous ces grands puissants envieux des richesses d'une terre qui ne leur appartenait pas, et s'étaient vues mises à mal après maints combats menés contre un peuple qui ne faisait que se protéger. Et pourtant, il était encore un membre de cette milice, bras armé des intérêts égoïstes de quelques Marchands et Politicards pour qui il n'avait aucune compassion. Il ne savait que mener des hommes et obéir aux ordres de sa hiérarchie, n'ayant connu que cette éducation et ce mode de fonctionnement, mais sa loyauté était devenue hésitante et menaçait de s'éteindre à tout instant à mesure que son inconscient tendait dangereusement vers cette liberté promise sans arriver à se défaire de l'image cette femme qui avait occupé ses pensées même avant qu'ils ne débarquent sur cette île.

Le regard de l'officier s'était détaché de celui de l'ancienne milicienne pendant qu'elle lui parlait, comme s'il craignait qu'elle ne parvienne à le convaincre définitivement d'abandonner son uniforme. Mais les sanglots qu'il entendit eurent tôt fait de rappeler son attention sur elle et lui nouèrent rapidement le ventre. L'homme à l'éducation purement militaire qu'il était ne savait comment réagir, autant face aux sentiments d'autrui qu'aux siens qu'il avait toujours préféré ignorer, convaincu que c'était ainsi qu'il servirait au mieux son pays. Mais à présent qu'il n'était même plus certain de servir la bonne patrie, il se retrouvait bien démuni face à ce tableau. Ce qui restait de milicien en lui lui interdisait d'intervenir, et ce qui naissait d'homme aspirant à la liberté se questionnait sur la façon de s'y prendre.

Un cognement sonore le tira de ses réflexions et lui fit tourner la tête vers une boréalienne qui lui présentait leurs repas, les faisant passer par l'espace laissé entre la grille et le sol pour ensuite disparaître. Le matroscien s'en saisit d'un qu'il approcha de la jeune femme, appréciant la chaleur de l'auge contre sa main valide avant de la déposer devant Skye pour se saisir de l'autre gamelle qu'il laissa à côté de lui sans l'entamer, ce nœud au ventre ayant coupé court à son appétit.
Ce ne fut qu'en la regardant de nouveau qu'il réalisa s'en être approché. Appuyé contre la paroi pierreuse, il se trouvait face à elle et n'avait qu'à tendre le bras et se pencher un peu pour dégager cette mèche de cheveux qui barrait son visage. Chose qu'il se garda pourtant de faire.

Jens réajusta sa veste humide et gelée à certains endroits, comme persuadé qu'elle avait encore une chance de lui tenir chaud mais craignant surtout que son bras meurtri ne soit exposé aux bourrasques qui continuaient de s'engouffrer de temps à autres dans leur geôle. Au dehors, l'obscurité se faisait sentir et déjà quelques torches s'allumaient par enchantement, arborant des flammes bleutées qui donnaient un aspect presque mystique au campement. Les deux torches situées de part et d'autre de leur cellule n'échappèrent pas à la règle et s'enflammèrent sur le passage d'un boréalien, apportant une lumière bleue se mêlant à celle d'un ciel s'éteignant aux deux prisonniers.

Le matroscien resserra encore sa veste inutile sur ses épaules et tentait d'ignorer cette ambiance qu'il trouvait pourtant agréable. Son regard fatigué n'avait pas quitté la jeune femme qu'il crevait d'envie de réconforter mais que son bon sens militaire lui sommait de tenir à distance.

- Puissiez-vous dire vrai, alors ils vous relâcheront. Vous pourrez mener la vie qui vous plaît.

La voix de Jens ne traduisait aucune rancœur ni aucune amertume, simplement une franchise et un calme qui avaient toujours fait sa réputation, à la seule différence que c'était bien la première fois qu'il encourageait une vie de déserteur. Les sanglots de Skye lui avaient laissé comprendre tout ce malaise qu'elle avait pu ressentir en vivant à Matroos, et il commençait tout juste à réaliser, à contrecœur, ce sentiment de liberté qu'elle avait pu éprouver en vivant parmi ces boréaliens. Mal à l'aise, s'interdisant de s'approcher davantage de la jeune femme, il se donna contenance en s'adossant contre la pierre, se retrouvant alors de biais par rapport à son interlocutrice dont il fuyait à nouveau le regard.

- Je vous le souhaite. Sincèrement.
Skye Lewis
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Posté dans Re: « C'est en prison que l'on croit à ce que l'on espère.   - Mar 6 Jan 2015 - 2:26

Étrangement, les mots du milicien la touchèrent profondément. Elle avait senti toute l'honnêteté qu'il ressentait à travers ces quelques mots. C'était bien la première fois qu'elle voyait Jens montrer un intérêt autre que sa carrière. Peut-être l'avait-elle mal jugé pendant toutes ces années ? Il n'était peut-être pas l'homme si froid et si réservé qu'il laissait transparaitre. Après tout, ne venait-elle pas de pleurer elle-même ? Elle, la Skye si intrépide et grande gueule que toutes les promotions lui passaient sous le nez. Ce pays avait décidément un effet étrange sur les envahisseurs.

Enfin, Skye soupira et ne répondit pas à Jens. Aucune réponse n'était nécessaire et elle le savait bien. Elle se contenta de rapprocher sa gamelle d'elle et de manger en silence. Le Matroscien était tout près d'elle et elle retint de justesse une pulsion qui l'avait quasiment poussé à se rapprocher de lui. Sans savoir pourquoi, elle sentit le rouge lui monter aux joues et décida qu'il était temps de changer de conversation. En deux temps trois mouvements, elle posa sa gamelle à ses pieds et se tourna vers l'officier, puis d'un ton autoritaire, elle déclara :

« Faites-moi voir votre bras ! Vous ne l'avez pas bougé depuis que nous sommes ici et je crains qu'il s'infecte de nouveau. Et puis, vous ne voulez pas qu'il soit gelé non plus quand même ! »

Subitement, un regain d'énergie secoua le corps de la jeune femme. Elle n'allait pas se laisser s'apitoyer comme cela. Ce n'était pas dans son caractère et elle avait toujours détesté ces personnes qui ne faisaient rien pour améliorer leur condition de vie. Ainsi, elle enleva l'écharpe qui trônait à son cou et sans vraiment laisser le choix au milicien, elle s'approcha et dit :

« Bougez-le un peu et nous le mettrons un peu plus au chaud. Il fait froid, mais je suis quand même bien mieux couverte que vous. Je ne sais pas de quel animal provient ma fourrure, mais Vama soit louée, c'est une véritable aubaine ! » Elle désigna ensuite l'habit du matroscien « Franchement, le gouvernement matroscien croit vraiment que ces petites combinaisons tiendront chaud dans ce pays de fou ?! Tous des pourris au fond de leur beau palais ceux-là... »
La Skye habituelle était visiblement de retour. Elle était bien connue pour ne pas mâcher ses mots et déclarer haut et fort ses opinions. Après tout, elle n’avait jamais grandi dans le luxe et la richesse. Issue d’une famille citoyenne de bas étage, elle avait approché une carrière militaire comme son frère pour permettra à sa petite sœur d’avoir les moyens de vivre une vie plutôt confortable. Tout sa solde était envoyé à ses parents pour maintenir l’auberge familiale la tête hors de l’eau. La rouquine vint à se demander ce qu’il en advenait désormais. A n’en pas douter avec sa disparition, sa famille avait dû percevoir une petite somme par le gouvernement en guise d’excuse.

« Enfin bon, faites moi donc voir ce bras, nous aurons besoin de toute nos forces dans les prochains jours. Il est hors de question de rester dans cette cage un jour de plus, je compte bien faire sauter ce beau campement en guise de remerciement ! »

Les explosifs… cela faisait ci longtemps désormais qu’elle n’avait rien tenu de tel dans ses mains. Elle qui était si douée pour amorcer et désamorcer ces armes de destruction.
Jens von Schroeder
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Posté dans Re: « C'est en prison que l'on croit à ce que l'on espère.   - Mar 6 Jan 2015 - 14:09

Un léger silence avait suivi les propos de l'officier qui les voyait déjà, tous les deux, rester sans mot dire plutôt que d'évoquer encore des sujets aussi sensibles. Peut-être était-ce mieux ainsi, songea-t-il. Peut-être valait-il mieux qu'ils attendent de connaître le sort qui leur était réservé à chacun sans se soucier de l'autre.

Un énième soupir du matroscien fut interrompu par le choc de la gamelle de la jeune femme contre le sol qui eut pour effet de retourner son attention sur cette dernière qui le surprenait clairement à parler sans retenue et sans manière. Ce devait être la première fois qu'elle s'adressait à lui de manière aussi directe, leurs grades ou camps respectifs n'ayant pas permis de telles familiarités. À bien y repenser, Jens réalisa que sa vie de milicien s'était résumée à des relations strictement professionnelles, l'enlisant toujours dans son rôle d'officier scrupuleux et incorruptible. Tant d'années passées à oublier comment tisser des liens, comment s'exprimer sans recevoir ou donner d'ordres.

Ses yeux se baissèrent un instant sur son bras en écharpe avant que l'ex-milicienne ne s'approche encore de lui, le faisant légèrement reculer de surprise tant elle le prenait au dépourvu. Mais, bien vite, il ne sentit plus que sa chaleur et n'eut pas l'envie d'aller à l'encontre de sa demande. Les doigts engourdis de sa main valide défirent le col de sa veste qui tomba mollement au sol, faisant tinter les gallons de l'officier, dont celui de capitaine qu'il avait reçu au prix de l'abandon de cette femme. Stupides grands Pontes qui avaient préféré s'attarder sur son grade plutôt que sur son retour en terres gelées.

- Ils avaient peut-être un peu trop confiance en leurs hommes. La captivité n'aide pas tellement à garder nos uniformes en l'état.

Son ton était morne et fatigué, mais l'ombre d'un sourire était décelable aux coins de ses lèvres gercées à l'idée du bon goût matroscien comparé à cette geôle. Depuis quand n'avait-il pas souri ? Lui-même n'aurait su répondre à cette question. Une chose était sûre, pas depuis son arrivée en Terre Boréale.
Son bras découvert, il le souleva à l'aide de celui toujours valide, se félicitant intérieurement de sentir ce contact qui s'avérait encore incertain quelques jours auparavant. La sensation du toucher lui revenait peu à peu, mais il préférait ne pas laisser voir qu'il était capable de le bouger, se préférant sous estimé autant par ses geôliers que par sa compagne de cellule qu'il voulait laisser dans l'ignorance encore un temps. Qui sait, peut-être aurait-il bientôt l'occasion de s'en servir à bon escient...

Skye semblait persuadée que leur captivité ne s'éterniserait pas et bien décidée à ne pas demander l'avis de leurs hôtes. L'officier puisa assez de force pour hausser un sourcils interrogateur à l'évocation d'une explosion.

- Bonne chance à ce sujet, j'espère pour vous que ces boréaliens ont une réserve d'explosifs volés aux nôtres.

La fin de sa phrase avait disparu dans un murmure quand il s'était rendu compte que ces explosifs n'auraient plus appartenu aux leurs, mais seulement à ceux qu'il appelait encore les siens et qu'il espérait avoir l'occasion de rejoindre seulement parce-que cela rimait avec liberté. À cette notion qu'il commençait à trouver bien vague depuis la défaite de ses hommes dans la grotte, il jeta un coup d’œil à l'extérieur, où la luminosité ne laissait entrevoir plus que des ombres dans la brume qu'éclairaient les torches bleutées.

- Et je doute qu'ils ne vous facilitent la tâche.
Skye Lewis
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Posté dans Re: « C'est en prison que l'on croit à ce que l'on espère.   - Mar 13 Jan 2015 - 1:59

Elle était étonnée qu'il lui obéisse si promptement. Il n'avait pas râlait ni contesté sa demande, loin de là même. Lorsque Jens fit tomber sa veste, elle le vit grimacer, mais décida de ne pas s'inquiéter. Après tout, il restait un soldat et un officier qui plus est. Il avait sans doute était blessé grièvement plus d'une fois, et lui montrer de la pitié pourrait bien l'attaquer dans sa fierté. Désormais, tout ce que souhaitait Skye, c'était que les deux matrosciens s'entraident pour s'échapper.

Le bras de son compère avait pris une teinte bleutée et des ecchymoses le striaient de toute part.Le bras de son compère avait pris une teinte bleutée et des ecchymoses le striaient de toute part.

« Vous devriez le bouger plus souvent » déclara-t-elle sans répondre à Jens « Je ne suis pas médecin, mais j'ai vu assez de blessure pour voir que celle-ci n'ira pas en s'arrangeant. Les soins de Chil et de Jörd ont au moins aidé, mais ce n'est pas suffisant. Le froid est train de tout l'engourdir. »

Alors, la rouquine attrapa son écharpe et s'approcha de Jens. Elle lui prit le bras par la main et sentit un tressaillement de la part du jeune homme. Skye n'était pas la femme la plus douce du monde, et elle s'excusa du regard pour son mouvement brusque.

Ensuite, elle enroula sa lourde écharpe en laine autour de son bras, couche pas couche. Très chaude et confortable, la laine allait tenir au chaud et au sec le matroscien pour le moment.

Une bourrasque vint s'incruster dans leur petite prison, faisant remonter les épaules de la jeune femme, lui rappelant ainsi qu'elle s'était séparée d'une bonne protection.

Avant qu'il ne parle, Skye lui coupa la parole sans effort :

« Gardez là bien comme ceci et pensez à bouger votre bras régulièrement. Cela ne peut que vous faire du bien. »

Enfin, la rouquine alla se rasseoir et porta son regard vers l'extérieur. Il fallait à tout prix trouver un moyen de quitter cet endroit. Ils devaient retrouver Jörd et Chilali et quitter ce maudit campement. Pour le moment, les déserteurs les avaient laissés en paix. Les deux acolytes semblaient même être complètement ignorés et laissés de coté. Skye s'impatientait et bouillonnait intérieurement de rester sans rien faire. De temps en temps, les erfeydiens les regardaient tout en parlant mais trop bas pour que la jeune femme saisisse de quoi il était question.

La barrière de la langue n'existait plus vraiment pour elle. Après un mois en captivité, elle avait appris assez de mots erfeydiens pour pouvoir comprendre une conversation. Parler était toujours délicat car cette langue était assez dure, à la manière du korrulien. Et puis, elle n'avait jamais été douée pour les langues étrangères.

D'un commun accord, les deux miliciens avaient décidé de taire leur savoir erfeydien. Il serait d'autant plus facile pour eux alors de pouvoir comprendre ce qui se tramait autour d'eux.

Quoiqu'il en soit, Skye soupira bruyamment et reposa sa tête contre la paroi glacée de la pierre.

« A votre avis, que vont-ils faire de nous ? Que croyez-vous qu'ils veulent ? Ils n'ont pas l'air si barbare à la manière de nos Pirates ou des Forbans de Korrul. J'ai cru comprendre que l'île était parsemée de clan divers et parfois sans grande amitié, peut-être que Jörd et Chilali ont une alliance avec eux... »


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Posté dans Re: « C'est en prison que l'on croit à ce que l'on espère.   - Mar 13 Jan 2015 - 9:32

Jens avait entendu les conseils avisés de la matroscienne concernant son bras, et ne pouvait qu'aller dans son sens. Mais il n'avait rien dit à ce sujet, se gardant bien de lui faire part du retour progressif du toucher qu'il ressentit encore lorsqu'elle le plaça dans son écharpe. Le vêtement était déjà chaud et lui apporta un certain apaisement qui ne vint pourtant pas troubler sa méfiance, déjà bien ancrée depuis plusieurs jours. Ce ne fut que lorsqu'elle eut terminé qu'il lui adressa un furtif "merci", pourtant sincère, avant qu'elle ne lui donne ses quelques consignes. Pour sûr qu'il les suivrait, mais il se garderait bien de le lui faire savoir. Amie ou ennemie, mieux valait qu'elle en sache le moins possible.

La jeune femme reprit place contre la paroi, rétablissant la distance entre les deux matrosciens. Elle lui parut soudain bien loin, et pourtant, ils étaient bien plus proches qu'ils ne l'avaient jamais été au sein de la milice, comme l'imposait la hiérarchie et comme l'avait toujours évité l'officier. Il s'adossa à son tour contre la roche et se permit un instant de fermer les yeux sous la douce chaleur que lui procurait la laine épaisse à l'odeur familière. Mais ce ne fut que de courte durée, l'instinct de survie lui sommant de garder l’œil ouvert tant que la fatigue ne l'emportait pas. Et à en juger par ses traits tirés et ses yeux cernés, ce n'était plus qu'une question de temps avant que ses paupières ne tombent et ne se rouvrent pas.

Le milicien tendit son bras et s'empara du repas qui lui était destiné, comptant davantage profiter de sa chaleur que de sa consistance. Ses doigts gelés peinèrent à se saisir de la cuillère en bois et, enfin, il s'accorda une bouchée de cette curieuse nourriture en tendant l'oreille aux inquiétudes de Skye. Il reposa son couvert et ne leva pas encore les yeux vers elle.

- S'ils sont assez fins, ils ont tout intérêt à nous garder en vie. Ils n'ont capturé que peu de matrosciens, nous sommes encore précieux, comme otages. Pour ce qui est de la suite... Peut-être ont-ils un chef ? Cette fille en feuilles semblait diriger le groupe qui nous a amenés ici. Nous la reverrons sans doute. Ses pupilles se levèrent vers celles de Skye. Il ne savait comment le lui dire, mais il avait un mauvais pressentiment quant à l'absence de Chilali et Jörd depuis leur capture. Qu'elles soient alliées de ces boréaliens, et toute la confiance que mettait Skye en cette femme masquée n'aurait servi à rien. Qu'elles en soient les ennemis et Jens n'aurait su dire si elles étaient encore de ce monde. Peut-être. Lança-t-il, encore à ses pensées. Quels que soient leurs desseins à notre encontre, ils ne devraient pas nous garder ici indéfiniment.

Ses sourcils se froncèrent légèrement alors qu'il ne savait toujours pas s'il devait considérer Skye comme une alliée ou non, la brûlure à sa cuisse lui rappelant qu'elle n'avait pas hésité à faire feu sur lui. Malgré les explications qu'elle lui avait données et la légitimité de ses sentiments envers les boréaliens, Jens craignait encore qu'elle ne jure par cette Chilali plutôt que par lui. Qu'adviendrait-il alors, s'ils parvenaient à s'enfuir pour se rendre compte que cette dernière était de ces boréaliens là ?
L'officier soupira longuement, se rendant à l'évidence. Alliée ou non, il aurait besoin d'elle pour goûter de nouveau à la liberté, même un court instant, même si il devait encore la voir faire feu sur lui.

- Qu'on nous fasse sortir tous les deux, ou un par un, il faudra tenter notre chance, faire face ensemble. Son poing se resserra à l'idée de combattre encore une fois, une dernière peut-être, aux côtés de Skye. Ils seront puissants, nous devrons être rapides.
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Posté dans Re: « C'est en prison que l'on croit à ce que l'on espère.   - Ven 23 Jan 2015 - 8:34

[Encore un nouvel avatar XD ]

Lorsque Jens parla « d'otage », Skye se rendit compte qu'elle n'avait jusqu'à présent pas vue la situation du même œil. Elle avait tellement eut l'impression, dernièrement, de se mouvoir librement au côté de sa nouvel ami Chil, que se rendre compte qu'elle était de nouveau une captive l'angoissa subitement. Néanmoins, elle essaya d'afficher un visage calme et serein et prit la parole :


« Pensez-vous que le Général pourrait nous échanger contre une trêve ou une rémission ? J'en doute quelque peu... Peut-être que vous êtes venu en quête de me retrouver mais je ne pense pas que c'était là le but premier du Gouvernement matroscien... Matroos. »

En évoquant son doux Matroos, elle se prit une nouvelle fois à penser à ce pays qui était le sien et qui abritait encore ses amis et sa famille.

« Certains jours, je n'arrive plus à me rappeler la douce chaleur du soleil de Gernie, où encore le goût du bon poisson de San Poseïnos. Après avoir passé ma vie entière là-bas, un an suffit à me faire oublier les plus basses saveurs et odeurs de mon enfance. Lorsque j'ai quitté Matroos, cette île était alors inconnue... Racontez-moi Jens, dites-moi ce qu'il s'est passé à Matroos et à Korrul suite à cette découverte. Au final, je commence à en savoir plus sur ces terres – elle fit un grand geste de la main pour désigner les Erfeydes – que sur la situation politique et économique de ma patr... de Matroos. »

Elle était très curieuse à ce sujet et un peu effrayé aussi. Que s'était-il passé sur le littoral pendant qu'elle jouait les captives sur les terres blanches ? Même si elle n'avait jamais gravi aucun échelon militaire, elle savait pertinemment comment fonctionnait le gouvernement. La nouvelle Maltrosque était dirigée d'une main faible et pleine de vice par un gamin impétueux et arrogant. Elle sombrait peu à peu dans un monde bourgeois où l'argent et le pouvoir étaient la chose la plus importante à avoir. Les citoyens s'appauvrissaient et le savoir si magnifique des Marchands menaçait de s'effondrer dans quelques siècles.

Skye ressentit un pincement au cœur et son amour pour sa terre d'origine était toujours aussi présent. Elle aimait Matroos, elle aimait ses paysages si grandioses, ce peuple si différent et tout le reste. Et puis, la rouquine regarda autour d'elle et comprit qu'il était désormais trop tard. Elle avait abandonné le littoral pour une terre plus froide et pauvre mais elle ne regrettait en aucun sa décision. Elle avait vu à quel point les hommes et les femmes étaient libres et indépendants. Elle avait pu constater qu'ils se contentaient de peu pour parfaire leur bonheur. Certes, elle n'avait pas encore pu découvrir toute leur culture, mais les contes et légendes que lui avait raconté Chil avaient largement suffit à l'émerveiller. Ici, elle pourrait enfin être une femme et une guerrière à la fois, seule, sans homme, sans enfants. Seule et profondément libre.

Mais pour que ce joyeux tableau se réalise, il était impératif qu'elle se fasse une place au sein de ce peuple, même s'il fallait pour cela trahir pour de bon Matroos ... et Jens.
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Posté dans Re: « C'est en prison que l'on croit à ce que l'on espère.   - Ven 23 Jan 2015 - 14:49

Spoiler:

Les mots de Skye après qu'il se soit prononcé sur un moyen de fuite le laissèrent silencieux un instant, et pensif. Il ne songeait même plus à ce Général, resté sur Matroos alors qu'il envoyait des miliciens par centaines sur ces terres hostiles. Non, lui n'avait que faire de leurs vies, que Skye ou Jens meurent, cela ne pèserait pas bien lourd dans la balance. En revanche, les officiers présents sur le sol gelé pourraient craindre que leurs hommes prisonniers ne divulguent leurs faiblesses et leurs projets sous la torture, quand bien même les miliciens étaient-ils entraînés à supporter les pires douleurs.

Et pour ce qui était de retrouver la milicienne, celle-ci était dans le vrai. Aucun autre officier que Jens ne s'était imposé cette priorité et, rien qu'à cette idée, Jens se renferma un peu sur lui-même, retrouvant un visage implacable. Il ne lui laisserait pas savoir qu'il avait été le seul à se soucier de sa survie en ces terres, et encore moins qu'aucun autre gradé n'avait même songé à lui porter secours. Il ne fallait pas qu'elle sache, qu'elle identifie un semblant de faiblesse, même d'humanité en lui, surtout pour le trahir ensuite. Il ne lui répondit donc pas au sujet de ses inquiétudes quant à l'intérêt que leurs supérieurs pouvaient leur accorder, préférant la laisser spéculer sur la valeur de leurs vies.

Fort heureusement, elle eut tôt fait de changer de sujet et en choisit un qui évoquait une chaleur qu'il avait depuis longtemps oubliée. Fermant les yeux, il se remémora son Errande natale, la beauté vertigineuse de sa voisine, Vuulte, et le doux climat qui y régnait. Rien à voir avec ce sempiternel courant d'air glacé qui venait s'engouffrer jusque dans sa nuque pour le ramener brusquement à la réalité aussi efficacement que lorsque Skye l'appela par son prénom plutôt que par son grade. Ses pupilles se rétrécirent lorsque ses paupières se levèrent et son auge vint se poser à côté de lui. Il n'avait décidément plus faim.

- Nos politiciens se sont alliés aux korruliens. Ils ont allié leurs forces pour faire face aux autochtones. Sa voix était basse et sa voix grave laissait transparaître une pointe de regret. Après la mort du Chamane, l'alliance s'est rompue et chacun s'efforce de devancer l'autre. C'est une véritable course à l'ithylium, les boréaliens ne sont que des dégâts collatéraux. Le dire à voix haute lui noua subitement l'estomac. Comment pouvait-il encore se voiler la face ? Les gens du froid n'étaient qu'un infime obstacle entre le précieux liquide et les puissants dont les machines de guerre finiraient de supprimer cette gêne temporaire. Le regard du matroscien se détourna de celui de sa compatriote et sa main passa nerveusement sur son crâne. Le pire dans tout cela, c'est qu'il était persuadé d'être le responsable de toute cette violence. Je... C'est moi qui ai tenu le premier rapport au Gouverneur après la découverte de l'île. Si je n'avais pas tant pressé les Politiciens, nous n'en serions pas là.
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Posté dans Re: « C'est en prison que l'on croit à ce que l'on espère.   - Sam 24 Jan 2015 - 5:27

HRP:

Le regard émeraude de la milicienne se posa sur le visage de son acolyte. Hésitait-il ? Elle avait eu comme l'impression qu'il refusait de dire quelque chose, qu'il gardait pour lui ses véritables pensées. Elle avait senti sa voix tressaillir légèrement et son intuition féminine la conduisait à plusieurs déductions. Peut-être, après tout, avait-elle enfin posé la bonne question. Lorsqu'elle avait demandé un rapport sur l'actualité de Matroos et de Korrul, elle avait cru pouvoir lui faire penser à autre chose et le ramener à sa condition de soldat. Mais, c'était tout le contraire qui venait de se produire. L'armure si épaisse de son compatriote présentait désormais quelques failles.
Au fond d'elle, Skye voulait juste rassurer le matroscien, mais une petite voix lui disait qu'il valait mieux essayer d'en tirer parti.

Alors, la rouquine se redressa et se tourna complètement vers Jens, elle se rapprocha de lui et inspira profondément avant de déclarer :

« Comment pouvez-vous rester aussi de marbre face à cette situation ? Jens, rien n'est de votre faute. Vous avez agi en tant que milicien et je suis certaine que tout le monde en aurait fait autant dans cette situation. Vous n'avez fait que votre devoir. Mais pourquoi alors vous battre dans ce pays ? Vous l'avez dit vous-même ! Les erfeydiens ne sont que des dégâts collatéraux. C'est inadmissible ! Que se passera-t-il quand Matroos ou Korrul arrivera à conquérir toutes ces terres ? Que deviendront les habitants ? Que deviendront les enfants ? C'est intolérable. La violence ne résous rien, c'est totalement absurde ! »

Le caractère impulsif de la rouquine refit surface et tout en parlant, sa voix portait de plus en plus, l'énervement et l'incompréhension se mélangeaient à la terreur de la dure réalité. Elle leva les yeux et croisa le regard si énigmatique du bel homme et, presque dans un murmure, elle lui souffla :


« Comment pouvez-vous arborer fièrement les couleurs de Matroos ? J'ai honte de faire partie de ce peuple... »

Un sentiment d'injustice perça le cœur de la jeune femme. Elle repensa alors à son ami Chil puis à toutes les informations qu'elle détenait sur Matroos. S'il fallait se servir de cela pour les sortir de là, elle n'hésiterait pas une seconde, et elle espérait que Jens ne lui mettrait pas des bâtons dans les roues. A force de jours en sa compagnie, elle avait appris à le connaître, mais il restait toujours aussi... loin d'elle. Elle était quelque peu fascinée par cette force et cette intelligence qui émanait de lui. Qui plus est, c'était un homme très bien bâti et d'une beauté mystérieuse. Malgré elle, Skye se sentait attiré par le matroscien et cela rendait la chose encore plus difficile.
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Posté dans Re: « C'est en prison que l'on croit à ce que l'on espère.   - Dim 25 Jan 2015 - 9:21

Spoiler:

Les yeux dans le vague de l'officier furent attirés par un brusque mouvement de la matroscienne lorsque celle-ci se leva pour s'approcher de lui. Jens fronça les sourcils, ne pouvant s'empêcher de se demander si cette proximité était franche et souhaitée, ou bien si elle n'était qu'un moyen de mieux le trahir plus tard. Pourtant, il ne recula pas, se laissant apprécier la chaleur et le parfum de cette femme et, conscient de cette faiblesse, continuant de frotter une main nerveuse du sommet de son crâne au creux de sa nuque.

L'ex-milicienne n'avait pas raté l'occasion de rebondir sur ses propos pour lui renvoyer les siens en pleine figure, comme une évidence, ou presque. Parce que même si son devoir de milicien aurait exigé de lui qu'il rende un rapport sur les premiers événements survenus en terre blanche c'était, bien dissimulé derrière ses galons et son uniforme, bel et bien l'homme qu'il était qui avait voulu y retourner. On lui avait souvent reproché son intérêt pour les deux femmes qu'il avait lui-même laissées là, jugeant qu'il en demandait beaucoup pour deux vies sans grande importance et l'amenant à des arguments plus techniques et économiques plus susceptibles de faire mouche : l'ithylium et les territoires. Voilà qui était bien plus alléchant pour ceux qui ne manquaient déjà de rien, comparé à deux puis une seule milicienne. Car après le retour de Savannah, l'enjeu humain avait diminué de moitié aux yeux de ses supérieurs, même s'il était devenu principal pour le capitaine nouvellement nommé.

Il revoyait chaque visage politicien et marchand luire d'intérêt en le regardant lorsque Skye lui rappela vivement les risques qu'encouraient les boréaliens, faisant réagir l'un des deux colosses qui gardaient leur cellule. La montagne fit résonner le manche de sa hache contre les barreaux de métal en leur intimant un ordre qu'il ne comprit pas mais qu'il devinait pourtant.

- La ferme, là dedans !

Mais la matroscienne s'était calmée et plongeait son regard dans celui de Jens qui ne l'avait jamais autant apprécié qu'en cet instant. Il était plein de fougue malgré leur emprisonnement, animé par une loyauté qu'il devinait sans faille pour ce peuple du froid et qui le faisait se sentir étranger, emmitouflé dans son uniforme. Pourtant, leurs idéaux semblaient les mêmes, à peu de choses près, car l'officier ne condamnait pas tout un peuple mais seulement les puissants qui avançaient leurs pions. Lui même en était-un, ou du moins l'était-il encore quelques mois plus tôt, prêt à accomplir les ordres sans les discuter jusqu'à ce que cette femme le dote d'une volonté propre, et ce, jusqu'à abandonner sa foi envers une déesse qu'il n'arrivait plus à reconnaître.

- J'arbore cet uniforme sans aucune fierté. Notre peuple ne mérite pas un tel jugement, dirigez plutôt votre rancœur vers ceux qui le manipulent pour servir leurs propres intérêts. Il laissa échapper un court soupir, faisant s'installer un silence pesant avant de reprendre. Votre disparition a suscité de la crainte dans nos rangs. Plusieurs soldats se sont inquiétés de votre sort. Au lieu des soldats en question, c'était à lui qu'il pensait en prononçant ces mots, préférant encore et toujours ne pas lui laisser savoir qu'elle pourrait être cette faille dans son image d'officier modèle. Et, malgré cela, il continuait de soutenir son regard reflétant la lueur bleutée des torches qui encadraient leur prison. Ils condamnent cette guerre et se soucient de vous, mais la milice est tout ce qu'ils n'ont jamais connu. Ne les jugez pas trop hâtivement, Skye.

Se décrire à travers plusieurs soldats anonymes lui avait rendu la confession plus facile, mais finir de l'appeler par son prénom le surprit lui-même, bien qu'il n'en ait rien laissé paraître. La fatigue, ou bien cette simple et inhabituelle proximité, avait cruellement fait baisser sa garde au capitaine qui se maudit intérieurement, se jurant de redoubler de méfiance dès à présent bien qu'il soit harassé par ces derniers jours mouvementés.
Skye Lewis
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Posté dans Re: « C'est en prison que l'on croit à ce que l'on espère.   - Dim 25 Jan 2015 - 11:38

Lorsque les deux matrosciens se firent rabrouer par un erfeydien, Skye sentit une pointe d'agacement grandir en elle. Ils étaient tout deux enfermés dans une petite grotte, et en plus de ça, il n'avait presque pas le droit de parler. Mais le regard si profond de Jens la calma et étrangement, la rassura instantanément. Peut-être après tout, n'était-elle pas si indépendante qu'elle pensait le croire. La présence de son supérieur à ses côtés l'apaisait tout en la dérangeant. Elle aurait aimé pouvoir être dans son esprit et arriver à le comprendre, mais il s'obstinait à vouloir afficher un masque vierge de toute émotion.

Cependant, pour une fois, il lui parla sans détourner le regard et elle était bien décidée à en faire autant. Il semblait même plus bavard qu'à l'ordinaire et malgré elle, la rouquine retint sa respiration. Les paroles du milicien la déstabilisèrent quelque peu. Elle voulait saisir le double sens qui se cachait là, mais ne parvint pas à mettre le doigt dessus.
Une pointe de culpabilité atteignit en plein fouet le Coeur de Skye. Plus d'une fois, et encore maintenant, elle s'était plaint de son sort sans avoir vraiment songé aux autres miliciens qui avaient eux aussi entreprit de la retrouver. Elle repensa alors à leur dernier combat, dans le campement matroscien et à ces soldats qui s'étaient retrouvés ensevelis dans la caverne alors qu'ils étaient venus pour la chercher.

Soudainement, l'air se fit plus rare et la respiration de la jeune femme plus saccadée. Elle suffoqua, reconnaissant là une de ses rares crises d'angoisse. Dans son malheur, elle n'avait pas pensé une seule fois à tous ces miliciens qui avaient eux aussi perdu leur famille, et même leur vie. Rangé depuis trop longtemps du côté des erfeydiens, elle en avait presque oublié qu'un an auparavant, elle avait été à leur place.

Sa main gauche se mit à trembler et elle la camoufla dans le creux de son bras droit, comme pour l'immobiliser. Sa vie était faite de regret et de mauvais choix, de culpabilité et de retenu. Elle aurait voulu, juste un instant, tout envoyer en l'air et vivre comme elle l'entendait...

« Pourquoi... Pourquoi la vie est-elle faite comme cela ? Pourquoi ne pourrions-nous pas nous laisser vivre simplement... Sans contrainte. Une simple vie. »

Elle avait glissé sa pensée dans un murmure qui sembla s'évanouir dans la vive rafale qui engloutit leur petite prison. Et comme pour donner un air plus dramatique, le groupe de déserteur entonna une chanson joyeuse, accompagné de rire gras et soutenu. Peut-être qu'à un autre moment, Skye aurait tendu l'oreille pour comprendre cette plaisante mélodie, mais à l'instant présent, son cœur se glaçait d'effroi. Elle porta la main droite contre sa poitrine comme si par geste, elle pouvait apaiser la fulgurante douleur qui grandissait en elle.

Quel pitoyable spectacle devait-elle présenter, pensa la rouquine. Elle qui avait été si forte pendant toute cette année se retrouvait désormais comme une gloussante dans un abattoir. Elle sentit une nouvelle crise de larmes lui monter aux yeux, mais elle les refoula au plus profond de son être.
Elle avait tout perdu, mais jamais, non jamais elle ne perdrait son honneur et sa fierté. S'il fallait mourir sur ces terres, ce serait en femme libre et digne. En une femme ouverte d'esprit et heureuse des choix qu'elle avait faits. Elle refusait de se laisser aller à son chagrin. Plus tard, lorsqu'elle serait enfin libre, elle pourrait enfin se laisser aller à son chagrin et à sa mélancolie.

Et puis, comme sorti de nuls parts, Skye entrouvrit les lèvres et laissa échapper un « je suis désolée » vers Jens, qui tout ce temps, ne l'avait pas lâcher du regard.
Jens von Schroeder
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Posté dans Re: « C'est en prison que l'on croit à ce que l'on espère.   - Dim 25 Jan 2015 - 15:43

L'officier scrutait le regard émeraude de l'ex milicienne, espérant y lire la compréhension tout en s'attendant à ce qu'elle renie définitivement sa terre natale et tout ce qu'elle représentait, lui y compris. Mais au lieu de ça, il y décela de la peine et sa gorge se noua sous la surprise. Il s'était même attendu à ce qu'elle se laisse aller à la colère en accusant chacun des miliciens de fermer les yeux sur ce que leur ordonnaient les puissants. Ce n'était pas de la rage ni du mépris qu'il ressentait en la voyant, mais bien de la tristesse.

La respiration saccadée de Skye l'interpela, l'inquiéta même, mais il resta l'air impassible, peu au fait de l'attitude à avoir dans pareille situation. Oh, évidemment, il crevait d'envie de la rassurer, mais son corps restait immobile et ses traits neutres tandis qu'il voyait son visage se décomposer devant lui. S'il l'avait pu et s'il en avait eu le courage, il l'aurait encadré de ses deux mains et l'aurait invitée au calme, mais il se contenta de défaire l'épaisse écharpe qui soutenait son bras.

- Parce que nous sommes nombreux et que vos idéaux ne rejoignent pas ceux de certains.

Il avait posé le vêtement sur ses jambes repliées et s'était arrêter pour l'observer encore, la découvrant sous un jour bien différent de la milicienne qu'il avait eue sous ses ordres à plusieurs reprises. Certes, il avait bien décelé chez elle un semblant de personnalité qui n'avait pas manqué de capter son attention, mais il s'était toujours interdit d'en apprendre plus en passant la frontière de la hiérarchie. Et maintenant qu'il apercevait enfin la femme qu'elle était sous l'uniforme qui l'avait toujours freiné, il comprenait que ce n'était pas simplement sa curiosité qui la lui avait rendue intrigante.

La voix de Skye le tira de sa réflexion mais ne fit qu'accentuer son malaise alors qu'il hésitait à prendre ces excuses personnellement ou bien au nom des miliciens qu'il avait évoqués sans les connaître. Le choix fut vite fait, il les laissa aux miliciens pour toujours tenter de se détacher d'elle, et par pure logique puisqu'il avait été question d'eux. Il la fixa encore un instant, s'interdisant d'apprécier ses traits dont la proximité n'avait rien d'habituelle, avant de se dresser sur ses genoux pour s'en rapprocher et de poser l'écharpe de laine épaisse sur les épaules tremblantes de la matroscienne.

- Vous avez fait ce que vous pensiez juste, malgré les conséquences. répondit-il en finissant de la couvrir.

Jens reprit place, assis contre la paroi rugueuse, et reposa son regard sur elle. Elle semblait affaiblie et démunie, comme de nombreux individus qu'il avait pu aider pendant ses missions sur Matroos ou Korrul, mais il ne ressentait pas le besoin de lui venir en aide en lui disant que tout irait bien et en lui promettant que le soldat qu'il était y veillerait, non. Il gardait ses distances en chassant de son esprit toute envie de diminuer ces dernières pour la réconforter.

- En cela vous ne méritez rien d'autre que mon respect.

Plus que son respect, c'est son intérêt pour elle que Skye avait attisé en suivant ses propres convictions, malgré la trahison qui s'en était suivie. Jens lui laissait entrevoir les siennes, similaires, trouvant étrangement moins condamnable de pencher pour le camp adverse que de faire connaître ses sentiments enfouis à une femme.
Skye Lewis
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Posté dans Re: « C'est en prison que l'on croit à ce que l'on espère.   - Jeu 29 Jan 2015 - 12:49

Skye eut un léger tressaillement quand il vint poser sur ses épaules son écharpe. Elle leva vers lui un regard surpris et reconnaissant. Elle aurait voulu glisser un remerciement, mais ses lèvres restèrent scellées. C'était la première fois qu'il montrait un intérêt pour elle. Étrangement, cela lui mit réchauffa le cœur et la rassura aussi. Il n'était peut-être pas si indifférent qu'il le laissait transparaître. Petit à petit, elle parviendrait à percer cette carapace qui l'englobait et qui menaçait de l'engloutir à tous moment. Mais pour l'heure, elle essaya de rester impassible.

Le reste de son discours la laissa pantois. Sa dernière phrase la piqua au vif et un petit rire nerveux l'agita, alors avec un sourire mi-figue mi-raisin, elle lui répondit :

« Le respect ? Est-ce bien nécessaire désormais ? À quoi nous sert donc le respect dans ce genre de situation ? »

Elle détacha son regard du milicien et le porta au-delà de leur prison. Leur surveillance s'était quelque peu affaiblie et elle ne remarqua que maintenant l'agitation qu'il semblait régner. Son instinct de soldat, et toute sa formation milicienne prirent le dessus et malgré elle, la jeune femme analysa ce qu'il se passait. Au plus près des matrosciens, il restait trois erfeydiens, deux femmes et un homme. Derrière eux, elle apercevait un gamin en compagnie de trois hommes d'âge mûr. Une autre femme passa en courant devant eux et leur fit des signes de la main. Elle vit un erfeydien se pencher vers le gamin pour lui chuchoter quelques mots, suite à quoi, ce dernier parti dans la direction opposé de la femme. Enfin, plusieurs oiseau de malheur - yagock - atterrirent, dévoilant de nouveaux arrivants.
Skye leva un sourcil interrogateur. Le camp semblait en ébullition. Elle sursauta même lorsqu'un cor retentit à quelques pas d'ici.
Alors, dans la frénésie, la rouquine se redressa, faisant tomber l'écharpe dans son dos et se tendit l'oreille, mais sans grand succès. Les erfeydiens parlaient soit trop vite, soit pas assez fort. Mais quoiqu'il se passait, la milicienne sentait que l'heure arrivait pour eux d'en savoir plus.

« Je crois que nous allons enfin bouger... Regardez ! Le camp s'active d'un coup. Et ce cor... qu'est-ce donc ? Ce n'est pas la première fois que j'en entends dans ce pays, mais celui-ci... c'est un son jusque-là inconnu. »

Skye eut alors une pensée pour son amie Chil. Elle pria au fond d'elle Vama et implora même le dieu korrulien Ruyn pour leur bonté et leur clémence. Puis, elle eut une petite pensée pour cette entité erfeydienne, le Gardien. Pouvait-il lui aussi les sortir de là ?
Jens von Schroeder
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Posté dans Re: « C'est en prison que l'on croit à ce que l'on espère.   - Mar 3 Fév 2015 - 16:05

Spoiler:

L'échine de Jens se glaça soudainement et, pourtant, aucun courant d'air n'avait couru jusqu'à sa nuque cette fois-ci. C'était simplement la réponse fataliste de Skye après qu'il lui ait laissé entrevoir un semblant d'humanité en lui, même s'il en avait dissimulé la plus grande partie. Mais peut-être avait-elle raison, tout ceci était bien futile, vue la situation dans laquelle ils se trouvaient. Qu'allait-il se torturer ainsi l'esprit à propos de ses états d'âme plutôt que de s'évertuer à guetter la moindre occasion de s'enfuir d'ici ? Il jeta un dernier regard à la matroscienne qui ne lui portait plus aucune attention, finissant de le persuader qu'il devait être terriblement exténué pour se sentir faiblir en posant simplement un œil sur elle. Dans un soupir, il récupéra son visage impassible et se tourna vers l'extérieur.

Des flammes bleues s'agitaient dans la nuit, découpant devant elles des silhouettes tout aussi animées alors que trois de ces bestioles ailées se posaient plus loin. Le son de la corne produit par un boréalien en armure fit s'organiser un petit groupe autour de lui. Devant la geôle, les deux gardiens étaient mis au courant des événements.

- Nos éclaireurs ont repéré une troupe d'étrangers à quelques lieues d'ici. À tous les coups ils cherchent nos invités, sortez-les de là et tenez-vous prêts à les évacuer si les choses tournent mal.
- Très bien. Vous serez assez pour les contenir ?
- Ça devrait aller, mais on n'est jamais trop prudents. Ils sont dix à tout casser.


Un signe de tête, et le guerrier rejoignit la petite troupe qui termina de s'armer pour affronter ceux qu'ils pensaient être à la recherche des deux matrosciens qu'ils détenaient. La corne retentit une nouvelle fois et s'en alla avec le groupe qui s'en servirait pour attirer les malvenus à eux plutôt qu'au campement.

Jens s'était levé et avait suivi l'échange avec attention. De tous les mots prononcés, il n'en avait été qu'un seul et unique qu'il avait pu reconnaître, et il n'était pas des moindres. "Étranger" avait été l'un des noms par lesquels Jörd l'avait appelé à plusieurs reprises, et il ne put s'empêcher de l'associer aux matrosciens. Que se passait-il donc ? Mirjak aurait-elle envoyé une équipe à sa recherche ? Ou était-ce une simple patrouille ? Ou peut-être qu'il avait simplement évoqué les prisonniers qu'ils étaient... La frénésie ambiante dans le camp lui laissait en tout cas deviner qu'il devait s'agir d'une présence hostile, comme en témoignaient ces lames qui brillaient sous les rayons de la lune.

Derrière lui, Skye semblait aussi concernée par ce brusque changement d'ambiance, mais il se retint de lui demander ce qu'elle avait pu comprendre, de crainte que les boréaliens ne devinent qu'elle était capable de faire la traduction. Il resta alors face à la grille, puis face à l'autochtone qui fit bruyamment cogner le manche de sa hache contre le métal, comme pour le dissuader de tenter quoi que ce soit alors qu'il faisait disparaître les barreaux plantés dans la pierre.
Les yeux du matroscien brillèrent un instant à la vision de cette magie qu'il ne s'expliquait toujours pas, mais revinrent vite se planter dans ceux du geôlier qui le tira brusquement à lui pour lui lier les mains, tout comme le faisait son semblable avec la jeune femme. Les dents du capitaine grincèrent lorsque son bras blessé fut tiré sans ménagement pour se retrouver noué à son reflet plus vivace.

Les menottes de fortune se prolongeaient en véritables laisses que tenaient fermement les deux erfeydiens qui poussèrent leurs prisonniers à l'écart du camp et des armes bien trop tentantes. Le pas lent et lourd de Jens, dont les jambes se rappelaient tout juste comment avancer, ne manqua pas d'énerver celui qui le tenait. Ce dernier pesta, entraînant une remarque moqueuse de son compatriote alors que l'officier misait sur la carte de l'homme affaibli pour s'enfuir plus aisément.
Ils furent arrêtés en bordure d'un talus boueux par lequel leurs geôliers sauraient qu'ils pourraient rapidement fuir pour rejoindre le second camp si jamais les étrangers parvenaient à les atteindre. Là, les deux guerriers firent signe à leurs captifs de rester tranquilles. Le milicien tourna la tête vers Skye et lui demanda enfin :

- Que se passe-t-il, qu'avez-vous compris ? Il lança un regard bref vers la hache que tenait encore celui qui le retenait. Qui craignent-ils ?
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Posté dans Re: « C'est en prison que l'on croit à ce que l'on espère.   - Mer 18 Fév 2015 - 2:46

Spoiler:

Skye tendait une oreille attentive et concentrée. En un an sur l'Île Blanche, elle avait pu apprendre la langue commune, mais pas au point de tout comprendre. Pendant les premiers mois, elle n'avait rien voulu retenir, se gageant bien d'éprouver la moindre curiosité pour ces gens qui l'avaient emprisonné. Et puis, le temps passé avec Chil l'avait convaincu qu'il fallait qu'elle se penche davantage sur ce dialecte pour pouvoir s'en sortir. Son amie lui avait appris les bases et quelques expressions populaires, mais Skye n'avait jamais été très douée dans l'apprentissage d'une langue étrangère. Le korrulien restait toujours pour elle un sacré handicap dans son évolution professionnel. Elle n'aimait pas cette langue et le faisait bien ressentir.

Mais cette fois-ci, elle comprit principalement les dires des erfeydiens. Ils pressentaient une attaque, à quelques lieux d'ici. Les battements du cœur de la rouquine s'accélèrent et elle se pencha encore plus en avant pour essayer de saisir le reste de la conversation.

Lorsque les deux matrosciens traversèrent le campement des déserteurs, Skye essaya de retenir le plus possible les environs. S'il devait y avoir un moyen de s'échapper, elle le trouverait !

Enfin, lorsque les deux acolytes furent amenés à l'écart du camp, la milicienne se rapprocha de Jens et lui répondit à voix basse :

« Ils craignent la venue de soldats. Je ne sais pas s'il s'agit de matrosciens ou de korruliens, mais une petite troupe est dans les parages. »

Au fond d'elle, Skye espérait qu'il s'agissait là de korruliens. Comment expliquer aux miliciens une seconde fois qu'elle ne voulait pas repartir avec eux ? Et Jens ... Dirait-il à ses supérieurs qu'elle avait trahi Matroos pour un pays qui l'avait capturé pendant une année ?

Un frisson d'effroi parcouru le corps de la jeune femme. Elle souffla profondément et décida de se ressaisir.

« Pendant ma captivité, j'ai pu en apprendre mieux sur leur drôle de magie. Elle se divise en plusieurs éléments naturels... Mais elle s'épuise s'il n'ont plus assez d'ithylium. Je ne sais pas encore ce que ça veut dire... Mais étrangement, on dirait un peu notre ithylium. »

Skye se rendit qu'elle n'avait jamais échangé avec Jens ce qu'elle savait de ce peuple. Pourtant, c'était un homme d'une bonne éducation et très instruit qui aurait sans nul doute pu répondre à toutes ses interrogations. Mais elle craignait aussi de lui en parler. Allait-il se servir de toutes ces informations pour faire du mal à Jörd et à Chil ?

Enfin, hésitant, elle lui posa une dernière question.

« Jens, pensez-vous qu'il faut qu'ils sachent que je peux parler ? Ne serait-ce pas utile pour trouver un terrain d'entente ? Et pour avoir des nouvelles de Chilali ? »

Comme il était étrange d'être capturé avec son supérieur hiérarchique. Automatiquement, elle avait besoin de son avis et de ses idées pour avancer alors que bien des mois plus tôt, Skye avait dû se débrouiller seule dans cette nouvelle vie.
Jens von Schroeder
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Posté dans Re: « C'est en prison que l'on croit à ce que l'on espère.   - Mer 18 Fév 2015 - 10:17

À la réponse de Skye, l'officier laissa échapper un soupir, créant un nuage de vapeur dans l'obscurité ambiante. Un souffle de soulagement, peut-être ? Même lui n'aurait su le dire et, alors qu'il l'écoutait lui traduire ce qu'elle comprenait et l'informer sur cette mystérieuse magie dont étaient animés ces autochtones, Jens essayait encore de se persuader que sa place était aux côtés des forces matrosciennes. Pourtant, cette idée lui serrait la gorge à présent qu'il avait réalisé l'injustice de cette guerre qu'il pensait toujours avoir déclenchée, pour cette femme qu'il comptait abandonner dès lors qu'il retrouverait "les siens".

La question de sa compatriote le laissa pensif un instant. Sa remarque était pertinente, mais il craignait que cette information attire trop l'attention des boréaliens sur eux, sur elle surtout.

- Nous aurons des nouvelles de Jörd et Chilali bien assez tôt. Supposa-t-il d'abord, si tant était que la masquée dévoile son amitié avec la matroscienne. Elles feraient alors l'une pour l'autre de merveilleux moyens de pression que Jens redoutait déjà.

Ses yeux dévièrent vers le camp qui s'agitait encore, tout le monde allant du sien pour éteindre la majorité des torches et recouvrir les toiles de tentes étendues à terre de feuilles mortes et de neige. À les observer, il comprenait qu'il s'agissait là d'un exercice habituel de ce petit groupe qui devait souvent fuir ses semblables, pour des raisons qui échappaient encore au matroscien.

- Mieux vaut que vous gardiez cette information pour vous, et votre propre sécurité. Il reporta son attention sur Skye et reprit, ne souhaitant pas, là encore, avoir l'air de trop se soucier d'elle. Je ne connais pas leurs méthodes, mais cela leur ferait une belle raison de vous torturer pour vous soutirer des renseignements. Et puis... Il leva les yeux vers la montagne de muscles qui tenait ses liens. Ne le sachant pas, ils continueront de parler sans méfiance.

Le boréalien l'avait regardé prononcer ses mots sans en comprendre le sens. Pourtant, il affichait un regard méfiant, bien conscient que les deux prisonniers ne devaient pas échanger qu'à propos du temps qu'il faisait. Dans un grognement, il fit comprendre son désaccord, mais n'invita pourtant pas en silence, comme s'il tentait par lui-même de comprendre la langue des captifs. Jens se retourna vers l'ex milicienne.

- Nous sommes seuls en cet instant, Skye. Vous aurez des nouvelles de votre amie seulement si vous allez les chercher à la source. Encore et toujours ce regard glacial perçant son visage dénué de toute émotion, l'officier se préparait déjà à se détourner de celle qui l'avait pourtant fait revenir en terres boréales. Car, même s'il ne se sentait plus tout à fait matroscien en cet instant, il savait sa survie compromise aux mains de ces autochtones.
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Posté dans Re: « C'est en prison que l'on croit à ce que l'on espère.   - Jeu 19 Fév 2015 - 7:01

Lorsque l'erfeydien se tourna vers eux avec un regard menaçant, Skye se contenta de lever un sourcil interrogateur et quelque peu narguant. Qu'il aille donc chez Yoeust !

Puis, elle avait retrouvé un visage plus doux lorsque le regard du milicien avait croisé le sien. Il n'avait pas tort dans ses propos ; elle n'avait que deux options. Soit elle prenait le risque de ne plus glaner d'information furtivement en déclarant qu'elle pouvait parler, soit elle se taisait et comptait sur sa bonne étoile pour trouver une faille dans leur organisation.

Quoiqu'il en soit, les deux jeunes gens n'étaient pas mieux avancé ici que dans leur petite prison.

« Tu as eu des nouvelles ?

« Toujours pas... tu sais comme il est ! On l'attend pendant longtemps et on apprend ensuite qu'il est venu en toute discrétion. »

L'un des habitants de l'Ile Blanche jeta un œil à Jens et Skye puis renchérit plus doucement :

« Y'en a marre de se coltiner ces deux là ! Je n'aime pas la façon qu'ils ont de se parler en plus. Et t'en sais plus sur les deux autres ? La traitre des Early Dawn et la masquée ? »

« Tais-toi ! »


Les deux erfeydiens s'arrêtèrent subitement lorsqu'ils croisèrent le regarde de Skye. Cette dernière détourna vivement le regard, mais son esprit bouillonnait déjà. Les « Early Dawn »... elle avait déjà entendu ce terme quelque part, mais n'arrivait pas à se souvenir. Et puis lorsqu'ils avaient parlé de masque, elle avait cru comprendre qu'ils faisaient allusion à Chilali.

Le regard inquisiteur et mauvais du grand homme ne la rassura nullement dans son envie de pourparler. Non, il ne restait plus qu'à attendre sagement qu'ils fassent la conversation entre eux. C'était bien parti pour l'instant.

Elle remarqua l'oeil interrogateur et le corps tendu de Jens. Elle savait qu'il n'avait pas pu tout saisir et qu'il était bien trop fier pour lui demander un rapport, mais elle ne voulait pas prendre le risque de lui traduire tout de suite le petit dialogue.

Elle se contenta de resserrer son manteau autour d'elle et d'observer les environs. Elle n'avait pas fait attention à quel point le paysage qui se dressait devant eux était magnifique. Des montagnes à perte de vue formaient un tableau somptueux. Le vent violent du sud traçait une multitude de sillons dans la neige comme si des lignes avaient été tracées à la main. Cette belle image redonna le sourire à la rouquine. La faune et les hommes étaient dangereux, mais la flore de l'île redorait à elle toute seule cette image.

Enfin, lorsque le silence s'éternisa entre eux, Skye se rapprocha de Jens et chuchota, le plus bas possible :

« Ils attendent la venue de quelqu'un... je pense qu'il s'agit d'une sorte de chef ou quelque chose comme ça. Et ils ont mentionné ... vous voyez, sans en dire plus. »

Elle ne voulait pas prendre le risque de citer les prénoms de Chil et de Jörd de peur d'attirer l'attention sur eux.


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Posté dans Re: « C'est en prison que l'on croit à ce que l'on espère.   - Dim 22 Fév 2015 - 10:13

Le silence de Skye rassura l'officier. Elle semblait comprendre ses craintes, et avait choisi, selon lui, la meilleure option. Celle de se taire.

Les voix rocailleuses de leurs geôliers s'élevèrent doucement lorsqu'ils commencèrent à échanger entre eux. Leurs mimiques et l'empressement dans leurs voix laissaient deviner une certaine inquiétude, ou peut-être un léger empressement que Jens ressenti dans leurs regards. Ils parlaient d'eux, c'était certain. Le capitaine détourna le regard mais prêta une oreille attentive à leurs paroles, tentant d'y reconnaître certains mots qu'il aurait pu apprendre auprès de Jörd. "Early Dawn" fut tout ce qu'il parvint à retenir, mais cherchait encore à en comprendre le sens exact. La boréalienne avait prononcé ces mots à plusieurs reprises en se désignant, mais il n'était pas encore certain du sens qu'ils pouvaient avoir. S'agissait-il d'une sorte de nom de famille ? D'une appartenance religieuse ? Les sourcils froncés, Jens se rendit à l'évidence : il n'était pas plus avancé.

Il dut attendre quelques instants avant que sa compatriote ne lui traduise ce qu'elle avait compris, attirant toute son attention. Si l'inquiétude de l'ex milicienne se dirigeait vers les deux boréaliennes qui les accompagnaient, la sienne se concentrait davantage sur un autre détail. Un chef ? Il tourna la tête vers le campement où l'agitation était retombée. Les feux étaient éteints, les tentes recouvertes de feuillages et de neige et tous serraient leurs armes dans l'attente du retour de leurs éclaireurs. L'arrivée d'un meneur annonçait une certaine évolution dans la situation des deux prisonniers qui sauraient alors à quoi s'attendre...

Le silence s'installa bien vite sur la petite troupe, les deux geôliers ayant fait clairement comprendre à leurs captifs qu'ils avaient tout intérêt à se faire discrets. Pendant de longues et interminables minutes, on n'entendit que le vent dans les branches des arbres nus. Puis, des bruits de pas, rapides, rapprochés, de plus en plus discernables. Une silhouette jaillit des fourrés, attirant la visée de tous les archers présents qui s'apaisèrent en reconnaissant l'un des leurs.

- C'est mort, ils ont suivi nos yagocks sur plusieurs lieues, ils se dirigent vers nous. Rapporta l'éclaireur, le souffle court. Morghal et Timrod essaient au mieux de brouiller les pistes, mais on devrait avoir de la visite.

L'un des deux geôliers pesta et tira la corde qui le liait à l'étrangère, l'attirant jusqu'à un arbre dans lequel il encastra l'épaisse chaîne en acier avant de rejoindre les siens d'un pas nerveux afin d'en savoir plus sur la situation. Jens jeta un œil à ce qui retenait à présent Skye et reconnut là encore la magie propre à ce peuple. Le bout de la chaîne avait disparu sous l'écorce de l'arbre, comme s'il en avait toujours fait partie.
Exaspéré, le geôlier restant jeta un regard à l'officier qu'il attira à son tour vers cet arbre. Lui n'était pas capable d'accomplir pareil miracle, aussi referma-t-il l'un des anneaux de Jens sur la chaîne de la matroscienne, les laissant tous deux prisonnier du jeune arbre pourtant assez solides pour les retenir.

Jens ne manqua pas de tirer plusieurs fois sur son lien, ne faisant que remuer celui de la jeune femme vers laquelle il se tourna.

- Quelque-chose les inquiète. Les "étrangers" doivent s'être rapprochés.

Ou, en tout cas, il l'espérait grandement. Reportant son attention vers le groupe boréalien, le capitaine guettait la moindre agitation qui annoncerait l'arrivée de leurs ennemis. Et elle ne tarda pas à se faire ressentir.

Quelques hommes se précipitèrent dans le sombre sous bois qu'illuminèrent de brefs flashs bleutés. Le regard de Jens brilla lorsqu'il reconnut les rayons d'armes joyelliennes. Ils étaient une dizaine de matrosciens à surgir de l'obscurité pour affronter le groupe, plus conséquent, de boréaliens qui firent se déchaîner les éléments. Les liens retenant les deux captifs les rendaient impuissants devant cet affrontement, les contraignant à y assister sans rien pouvoir y faire jusqu'à ce que l'un de leurs gardes ne revienne au pas de course vers eux et ne fasse ressortir la chaîne du jeune tronc, tenant à présent les deux matrosciens par un même lien.

- Vous deux, avec moi.

Tirant sur la chaîne, il les entraîna dans la rude descente du talus qu'ils dévalèrent rapidement. Plus de temps à perdre, il devait les éloigner de leurs semblables et avertir le premier campement.
Skye Lewis
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Posté dans Re: « C'est en prison que l'on croit à ce que l'on espère.   - Lun 9 Mar 2015 - 11:16

Une bourrasque de vent fit voler les cheveux roux de la milicienne devant son visage, lui rappelant une nouvelle fois qu'elle s'était débarrassée de ce qui signifier en elle sa féminité. Un petit sourire mi-figue mi-raison encadra ses lèvres, gercées par le froid glacial de l'île Blanche. Elle avait l'impression que cela faisait une éternité qu'ils avaient quitté leur petite prison. De longues minutes semblables à des heures avaient déjà défilé sans en savoir plus. Et puis, une ombre se faufila à travers la nuit. Un homme s'approcha des deux matrosciens et de leur geôliers, expliquant rapidement la situation dans laquelle se trouvait le campement. Skye écouta attentivement, mais fut rapidement entraîné par l'un des erfeydiens. Elle opposa une résistante plutôt fortuite et se retrouva bien malgré elle enchaîné à un arbre par des liens magiques. En temps normal, la rouquine se serait extasiée devant la beauté d'un tel phénomène, mais pour l'heure, la rage et l'indignation habitaient son corps.

Elle écouta Jens sans pour autant lui répondre et un éclair au loin attira son attention. Son cœur marqua un temps d'arrêt. Ce son, elle le connaissait terriblement bien. C'était une arme milicienne à n'en pas douter.
Skye respira bruyamment, ne sachant pas si elle était ravie de la tournure de la situation. Préférait-elle rester avec ces déserteurs ou rejoindre les troupes miliciennes ?
Elle jeta un coup à Jens qui semblait vibrer d'un espoir nouveau. Elle savait très bien que s'il en avait l'occasion, il l'emmènerait avec elle rejoindre les rangs matrosciens. Une nouvelle terreur saisit l'ex-milicienne : expliquerait-il à ses supérieurs qu'elle avait trahi les rangs ? Que par sa faute, des dizaines de miliciens étaient morts ?

Son cœur se glaça. Non, elle ne pouvait plus faire semblant d'être une matroscienne désormais. S'il survenait un moment d'inattention, elle ferait en sorte de s'enfuir le plus loin possible des matrosciens... et de Jens.
Et puis, comme si Vama elle-même était intervenu, un des erfeydiens les libéra, les entraînant ainsi dans une descente à vive allure.
Au loin, les cris se mêlaient au coup de blaster. Il était impossible de déterminer qui avait l'avantage dans cette bataille.

Devant eux, l'homme trébucha sur une racine qui dépassait de la neige, dévalant ainsi la descente la tête la première et entraînant les deux matrosciens. Skye roula sur le dos pendant une dizaine de mètres avant de se cogner sur un arbre. La douleur intense pénétra dans son corps, lui coupant le souffle. Mais elle se releva, haletante, et découvrit que ses liens étaient brisés, elle était libre comme l'air, libre de s'en aller.

Le déserteur se trouvait à quelques mètres d'elle, et quoique étourdi, il entreprit de se lever, mais ce fut une Skye en fureur qui lui sauta dessus. Dans la course, l'homme tomba à plat ventre et le souffle coupé, il tenta en vain de se débattre. L'adrénaline de la situation donna à la jeune femme une force insoupçonnée. La tête du pauvre homme vint heurter une pierre, l'assommant sur l'instant. Dans sa fureur, la milicienne avait perdu de vue son compagnon de fortune. Elle se releva et jeta un œil autour d'elle.

Leurs regards se croisèrent quelques secondes. Le temps sembla suspendu pendant de longues minutes jusqu'à ce que Skye détourne le regard. Elle inspira profondément et glissa un « pardonnez-moi » avant de s'enfuir à toute vitesse dans la lande erfeydienne.
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Posté dans Re: « C'est en prison que l'on croit à ce que l'on espère.   - Lun 9 Mar 2015 - 13:29

Le poids de la chaîne se balançant entre ses poignets, ceux de Skye et le poing ferme du boréalien rendait la course difficile et l'équilibre du trio plus que précaire. À maintes reprises, le matroscien avait manqué de trébucher sur des racines et des pierres traitreusement dissimulées sous une épaisse couche de neige qui s'égalisait miraculeusement derrière leur passage. Mais en cet instant, il était difficile de s'émerveiller là dessus...

La faible lueur de la lune à travers les arbres ne laissait que partiellement voir le chemin qu'ils empruntaient et ne permit même pas à l'autochtone de continuer sa course comme il l'espérait. La montagne de muscles trébucha brusquement, entraînant ses deux prisonniers dans une chute vertigineuse et interminable, ou presque. Jens avait glissé jusqu'à un vieux tronc couché au sol qui n'eut pas la bonté d'amortir son arrivée. Sonné, il lui fallut de longues secondes pour recouvrer ses esprits et distinguer son environnement. De toute évidence, il était toujours dans cette satanée forêt...

Le bruit sourd d'un coup porté attira l'attention du milicien qui se redressa difficilement pour trouver sa compatriote aux mains avec leur geôlier qu'elle mit rapidement hors d'état de nuire. De concert, ils constatèrent que l'encombrante chaîne avait cédé, annonçant cette heure de vérité que Jens appréhendait tant, et dont il ne connaissait que trop bien la finalité. Immobile, il la regardait avec la sensation qu'il ne la reverrait jamais. Elle était des leurs à présent, vêtue de peaux de bêtes et parlant leur langue, bien loin de l'officier bourgeois qui se terrait encore sous cet homme à la barbe rebelle et au visage sali. Le vent glacial qui souffla soudainement s'accorda alors au départ de la jeune femme que le capitaine ne retint pas, la laissant disparaître dans l'obscurité du bois.

Sa conscience le sommait de remonter la pente et de rejoindre les miliciens, tandis que son corps brûlait d'envie de la suivre. Et cette de cette confrontation n'en ressortait que son immobilisme. Mais si ses yeux auraient pu aller et venir entre les deux choix qui s'offraient à lui, ils restaient rivés sur l'endroit où avait disparu la rouquine dont il entendait encore les excuses résonner dans son crâne.

Un nuage de vapeur s'échappa de ses lèvres sous le long soupir qu'il poussa avant d'enserrer le reste de chaîne qui pendait à ses poignets et, sans même jeter un regard derrière lui, Jens s'élança sur les traces de celle qui lui avait ouvert les yeux. N'étant plus gêné ni par ses liens, ni par le boréalien, il fusait à toute vitesse entre les arbres, suivant les traînées laissées par la jeune femme.

Il lui fallut un bon moment pour apercevoir de nouveau la chevelure rouge de Skye qui n'avait pas perdu en endurance. Et s'il était parvenu à la rattraper, c'était bien parce-qu'un obstacle de poids l'avait arrêtée.
L'officier se stoppa net en reconnaissant les uniformes des miliciens qui tenaient la jeune femme en joue. Ces soldats devaient être en train de contourner le camp assiégé afin de surprendre les boréaliens sur un flanc nouveau, sans s'attendre à ce qu'une échevelée en peaux de bêtes ne surgisse devant eux. Craignant que l'une des recrues n'aie la gâchette trop sensible, Jens avança.

- Ne tirez pas !

Le capitaine se dévoila à la troupe, qui mit un certain temps avant de distinguer les galons sur son uniforme usé. Les miliciens rangèrent alors leurs armes et saluèrent l'officier comme l'exigeait le protocole. Continuant de les rejoindre, Jens se surprit à ressentir un certain dégoût à cette marque de respect dont il avait été longtemps privé. Les mains encore liées, il les tendit à un soldat qui put les lui détacher facilement.

- Elle est avec moi.

Son ton était las, tout comme le regard qu'il porta sur la jeune femme. S'il était revenu en Terres Boréales dans l'espoir de la ramener sur la luxuriante Matroos, il n'éprouvait au final aucune joie à se trouver, avec elle, entouré de compatriotes en sachant qu'elle se voyait ailleurs et en doutant lui-même de la légitimité de leur présence ici.

Malgré les regards intrigués qui se posaient sur le curieux duo que formaient Skye et Jens, ce dernier ne se risqua pas à s'étendre en explications, laissant à la jeune femme le choix de faire savoir, ou non, si elle était elle aussi matroscienne. En attendait, il préféra couper court aux questions des soldats.

- Je suis le Capitaine Explorateur von Schroeder. Que faites vous ici, aussi avancés dans les terres boréaliennes ?

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Posté dans Re: « C'est en prison que l'on croit à ce que l'on espère.   - Mer 11 Mar 2015 - 3:57

Le froid lui glaçait les poumons, l'empêchant de respirer correctement. Très vite, le souffle court, l'épuisement s'allia avec la raison. Qu'était-elle en train de faire ? Où croyait-elle aller ?

Skye s'arrêta, tournant son regard sur le paysage glacial qui s'offrait à elle. La nuit était complètement tombée, et un voile obscure s'était posé sur la lande. La matroscienne plissa les yeux comme si cela lui permettrait de voir à travers les ombres de la nuit. Sa respiration brûlante sifflait à ses tympans. Puis elle reprit sa course, évitant de peu des arbustes qui se dessinaient devant elle au dernier moment et rebroussant chemin lorsque le terrain devenait trop pentu.

L'œil en alerte, elle n'avait pourtant ni entendu ni perçu les miliciens qui s'approchaient dans son sens et lorsqu'elle tomba nez à nez avec un bataillon de soldats, elle cru défaillir. Elle qui avait quitté Jens pour échapper aux matrosciens, elle avait finalement trouvé la petite troupe malgré elle.

Skye s'arrêta net, sur le qui-vive, prête à repartir à la moindre inattention. Elle respirait bruyamment, tentant de calmer son cœur qui cognait contre sa poitrine et de reprendre son souffle.

Immédiatement, les miliciens pointèrent leurs armes en direction de la jeune femme. Un pas de plus et ils allaient tirer. En tant que matroscienne, elle pouvait encore faire croire qu'elle était des leurs et leur fausser compagnie à un moment opportun. La rouquine était devenue experte dans l'art de s'échapper de situation inconfortable... comme d'y foncer tête baisser.

Et puis, Jens arriva, sommant les miliciens de baisser leurs armes. Elle ne l'avait pas remarqué durant sa course... Ainsi, il était parti à sa recherche. Une nouvelle fois. Étrangement, elle fut satisfaite et heureuse, mais la jeune femme se reprit, n'oubliant pas que cette fois-ci, c'était lui qui était en position de forces.

Skye déglutit avec peine, un mauvais pressentiment englobait tout son être.

« Capitaine ! Tout le monde vous croit mort ! »

Un sourire soulagé et respectueux était apparu sur la femme qui avait pris la parole.

« Lieutenant Guyllemer à vos ordres Capitaine ! Sous l'autorité du Général Burvel, nous lançons des attaques sur certains points précis pour faire fuir les barbares vers le centre de l'île ! »

Skye tiqua légèrement lorsqu'elle parla de barbares. C'était plutôt eux, les miliciens ! Venir sur un territoire nouveau et conquérir une terre tels des bêtes sauvages affamés. Elle eut une moue de dégoût, mais resta silencieuse; elle espérait être invisible aux yeux de la petite troupe. Cependant, le Lieutenant coula un regard vers elle avant de déclarer :

« Qui est donc cette femme ? Ne me dites pas... »

Le portrait de Skye avait bien évidemment circulé dans les rangs miliciens. Chaque homme et femme avait eu un aperçu de la rouquine. Agacée, cette dernière rétorqua :

« Skye Lewis, bravo, vous avez gagné ! »

Elle avait plus marmonné pour elle-même que pour les soldats devant elle, mais son ton n'échappa à personne. Les matrosciens glissèrent un regard vers Skye puis vers Jens.


Jens von Schroeder
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Posté dans Re: « C'est en prison que l'on croit à ce que l'on espère.   - Mer 11 Mar 2015 - 11:45

À peine s'était-il présenté que les miliciens le fixèrent comme s'il revenait d'outre-tombe. Et pour cause ! Cela faisait des semaines qu'il avait disparu avec la troupe de miliciens qu'il avait dépêchée pour retrouver le soldat Lewis...
Il accueillit le rapport du lieutenant sans sourciller, comme il l'avait toujours fait. Mais si ç'avait été simplement dû à son naturel du temps où il croyait encore aux valeurs politiques et militaires, c'était cette fois-ci pour n'éveiller aucun doute. Cette stratégie était parfaite, il devait bien l'admettre. Resserrer l'étau autour des autochtones permettrait aux matrosciens de gagner du terrain sans craindre trop de pertes. Sans compter que d'entasser ainsi tout un peuple dans un milieu restreint, cela risquait fort d'entraîner chez les boréaliens des conflits internes, histoire de faciliter la tâche aux miliciens qui n'auraient qu'à compter les cadavres.

Impassible, il hocha simplement la tête pour signifier qu'il avait enregistré l'information. Tournant la tête vers Skye lorsque la milicienne l'évoqua, il resta silencieux dans l'attente que l'intéressée fasse savoir si elle souhaitait -ou non- être reconnue par les leurs. Même si son portrait avait pu passer dans les rangs, il n'était pas impossible de faire jouer la simple ressemblance et de lui donner le rôle d'une erfeydienne. Mais elle en avait choisi autrement.

Son ton cinglant refroidit la lieutenant qui posa un regard interrogateur sur celui qui n'avait de supérieur plus que son apparence. Ce choix décisif qu'il avait fait en courant après Skye plutôt qu'après les miliciens avait fini de le faire basculer du côté de ce qu'il voyait comme juste... Ou peut-être simplement du côté où se trouvait cette femme qui lui occupait l'esprit avant même qu'il ne la perde en Terre Blanche.

- Nous nous sommes heurtés à des... ennemis. Ma troupe s'est retrouvée ensevelie dans une grotte. Il détourna légèrement le regard vers l'ex milicienne qui retrouvait soudainement son ancien rôle. Elle crevait d'envie de déguerpir, il le sentait et savait pertinemment où elle comptait se rendre. Aussi valait-il mieux brouiller les pistes quant à leurs relations boréaliennes. La sauvage qui m'accompagnait est morte pendant l'affrontement. Ceux qui détenaient le soldat Lewis ont disparu avec mes hommes.

Lui qui avait toujours fait preuve de la plus grande honnêteté trouvait en son manque total d'expression le masque parfait pour leurrer, pour la première fois, ses frères d'armes. Reposant les yeux sur la lieutenant, il laissa un instant de silence, réfléchissant au moyen le plus sûr et le moins risqué de leur fausser compagnie. Mais tant qu'à les avoir sous la main, autant en profiter pour glaner quelques informations qui pourraient se rendre utiles en temps voulu.

- Ces barbares que vous affrontez nous ont faits prisonniers, nous avons profité de votre offensive pour nous échapper. Cela fait plusieurs semaines que je n'ai eu aucun contact avec Matroos, qu'en est-il de notre situation actuelle ?

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Posté dans Re: « C'est en prison que l'on croit à ce que l'on espère.   -

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